Il se passe toujours quelque chose chez les Vivendi-Vodafone-VNet-MAP-Canal Numédia-Canal Plus...
Dimanche déjà, le document commun de l'accord Vodafone-Vivendi comprenait un paragraphe "commerce: AlloCiné". Canal Numédia a officialisé lundi une information attendue (cf. confidentiels du JDNet du vendredi 28 janvier): la holding Internet de Canal Plus reprend 25% d'AlloCiné, le guide national des spectateurs de cinéma présidé par Jean-David Blanc. Les termes financiers de l'accord n'ont pas été divulgués, ni sur le montant ni sur la nouvelle répartition du capital. Parrallèlement, Jean-David Blanc et son directeur commercial, Patrick Holzman, deviennent directeurs délégués de Canal Numédia en charge du développement, tout en conservant leurs fonctions actuelles.
Le nom AlloCiné a été déposé en 1991, le démarrage de la SARL ("Productions du Téléphone") et du guide par téléphone (le 40.30.20.10) datant eux de 1993. En 1995, la société a étendu ses prestations à la réservation de billets. En 1996, la société s'est transformée en SA à l'occasion de l'entrée au sein du capital d'Atlas Venture pour 5 millions de francs. Depuis, de nombreux autres services et portes d'entrées ont été développés, avec MailoCiné, l'accès sur Palm Pilot, l'annonce du lancement d'une chaîne de télévision sur l'Internet consacrée au cinéma (allocine-tv.com), etc.
AlloCiné revendique 8 millions d'appels reçus et 80 millions de pages vues par an.

A priori, Jean-David Blanc ne se destinait pas forcément à ce type d'accord. Il avait effectué un second tour de table de 60 millions de francs en septembre 1999 auprès de la Banexi et songeait, logiquement, à une prochaine introduction en Bourse. L'offre de CanalNumédia, les synergies naturelles entre le guide national des spectateurs et la "chaîne du cinéma" ainsi que la rencontre entre les deux hommes, Jean-David Blanc et Alex Berger, ont réorienté la stratégie du premier et motivé le second.
Alex Berger se montre très enthousiaste à l'évocation de cet accord: "Jean-David Blanc a la passion du contenu et du cinéma. Il a une marque formidable. Je ne le connaissais pas. Mais il écrit le même livre que nous. Il a une vraie vista". Jean-David Blanc parle d'une même voix: "L'esprit de Numédia, c'est de faire au niveau européen la première société multimédia en contenu grand public. Ce que je vais pouvoir faire avec Numédia, je n'aurais pas pu le faire seul".
En fait, les deux hommes souhaitent faire jouer les synergies à plein. "AlloCiné nous apporte l'expertise que nous n'avions pas dans le ticketing, les extensions, les salles, etc. Et il y a une vraie complémentarité avec la télé interactive, entre autres", commente Alex Berger. "Maintenant, nous couvrons toute la chaîne de valeur. En dehors de tout ce qu'il peut apporter au groupe, Jean-David Blanc a compris très tôt le développement d'un service, accessible de n'importe quel canal, quel que soit l'écran. Cela cadre pleinement avec ce que nous développons, avec VNet comme avec MAP", conclut-il.
Quant à AlloCiné, cette alliance lui donne les moyens de se développer au plan géographique, dans toute l'Europe, et en termes de nouveaux services, encore tenus secrets. Jean-David Blanc a une approche intéressante d'une marque sur le Web. "Je ne crois plus au généraliste", analyse-t-il. "Je crois à un concept, un service, accessible partout, sous une seule et même bannière. Complètement à l'inverse de la démarche d'Amazon, par exemple. Les gens, je pense, ont un réflexe : un mot=un site. Si je vous dis 'voyage', vous ne pensez pas à Yahoo ou un autre, vous pensez à Dégriftour ou AnyWay". Alex Berger complète: "Nous n'avons pas besoin d'un Go Network avec tout sous le même toit. Nous voulons faire vivre nos marques".
Dès lors, Jean-David Blanc va pouvoir appliquer son savoir-faire à d'autres domaines: "On m'a souvent dit de faire un 'Allo Théâtre', un 'Allo Concerts', un 'Allo Sports'. Tout est maintenant imaginable avec Numédia, soit ex nihilo, soit par acquisition".
Peu disert sur les aspects financiers de l'opération, Jean-David Blanc précise tout de même que -à l'inverse de Patrice Magnard d'Alapage.com par exemple- il n'a pas noué cette alliance suite à un excès de stress ou à une crainte "d'exploser en plein vol" pour reprendre l'expression de celui qui a vendu son entreprise à France Télécom. "L'introduction en Bourse, je n'en ai pas rêvé. Cela ne me faisait pas peur non plus. C'est l'aventure qui m'intéresse. Et le retour sur investissement arrive dans tous les cas, si l'on est bon, avec une marque forte et un bon produit. L'aspect patrimonial n'est pas tout. C'est surtout très excitant".
De toute façon, il connaîtra quand même son IPO. Alex Berger confie ainsi que "l'introduction de Canal Numédia, c'est pour le dernier trimestre 2000, ou début 2001". [Rémi Carlioz, JDNet]