Cyber-Comm
: et maintenant convaincre
Pour séduisante qu'elle soit, la solution de paiement devra s'imposer chez les marchands et surtout chez les internautes. Pas gagné d'avance.
C'est
demain le grand jour pour Cyber-Comm,
la solution de paiement en ligne qui est présentée
par ses initiateurs comme l'antidote à la fois aux paiements
frauduleux en ligne et à l'inquiétude du cyberconsommateur
anxieux à l'idée de laisser son numéro
de carte bleue sur un site marchand. La solution consiste à
équiper le PC des acheteurs d'un périphérique
dans lequel ils inséreront leur carte (à puce)
pour y saisir leur fameux code confidentiel comme dans un "vrai"
magasin.
Si la présentation à la presse est prévue
pour ce 12 avril, il faudra attendre la très officielle
journée inaugurale du mardi 18 avril pour pouvoir tester
la première transaction,
en présence de deux membres du gouvernement Marie-Lise
Lebranchu et Christian Pierret.
Selon Hervé Sitruk, directeur général de
Cyber-Comm, cette plate-forme de paiement interopérable
et ouverte à l'international s'imposera progressivement
en France mais aussi dans les différents pays européens
(lire son interview
au JDNet).
Un des principaux atouts de Cyber-Comm est de permettre la non-répudiation
du paiement par l'internaute (du fait de la saisie de son code
confidentiel sur le lecteur), protégeant ainsi le commerçant.
Ce type de fraude a tendance à se développer dans
certains secteurs comme les produits culturels, la VPC ou l'informatique
alors que d'autres secteurs sont plutôt épargnés.
Si en France, l'utilisation de la carte à puce minimise
les risques, aux Etats-Unis, il n'est pas rare de constater
des taux de fraude de l'ordre de 10 à 35% selon une étude
du cabinet Meridien.
Pour l'emporter, Cyber-Comm doit avant toute chose convaincre
les commerçants. C'est pourquoi, les efforts de communication
de la société porteront avant l'été
essentiellement sur les professionnels et seulement à
partir de l'automne en direction du grand public. Rappelons
que la majorité des sites de commerce électronique
français utilisent, à ce jour, le simple cryptage
SSL. Parallèlement,en dehors de SIPS (Atos) et d'Experian,
les réseaux bancaires ont développé leurs
propres solutions qu'ils commercialisent auprès de leurs
clients. L'arrivée de Cyber-Comm devrait changer progressivement
la donne.
Néanmoins, on ne saurait trop conseiller aux marchands
de laisser le choix au cyberconsommateur entre deux moyens de
paiement: par exemple Cyber-Comm et SSL. En effet, pour que
la solution Cyber-Comm fonctionne, il faut non seulement que
le commerçant ait opté pour ce mode de paiement
(l'installation du logiciel s'élève à environ
1.500 francs) mais que l'internaute soit équipé
d'un lecteur dédié (appelé Meerkat). Or,
le prix de vente du lecteur devrait s'établir autour
de 400 francs, un investissement non négligeable pour
l'internaute moyen.
Même si petit à petit, les lecteurs devraient être
intégrés aux claviers et proposés par les
banques à leurs clients sous la forme d'un package ou
encore compris dans les abonnements à Internet des providers,
la généralisation des lecteurs dans le grand public
devrait se faire lentement sauf si une offre commerciale particulièrement
intéressante était décidée avant
la fin de l'année 2000.
Rappelons que la société Cyber-Comm existe depuis
1998 et a été créée dans le but
de développer le système de paiement sécurisé
sur Internet du même nom faisant appel au protocole SET
et à la carte à puce. Cyber-Comm
regroupe les neuf principales banques françaises (Banques
populaires, BNP, Caisses d'épargne, CCF, Crédit
Agricole, Crédit Mutuel, La Poste et la Société
Générale), des organismes financiers français
et internationaux (Carte Bleue, VISA...), des fournisseurs de
cartes à puce (Gemplus...) et France Télécom.
[Sophie Perrin, JDNet]