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Samedi 6 - Mardi 9 mai 2000

Ebay cherche toujours sa proie française


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.Si la venue du leader mondiale des enchères, Ebay, en France est maintenant considérée comme acquise, les conditions de son implantation restent toujours aussi floues. Steve Westly, le vice-président de la société, cité par Le Wall Street Journal, affirmait, la semaine dernière, qu'"aucune hypothèse n'était exclue, entre développer notre propre site ou procéder à une acquisition comme nous l'avions fait en Allemagne avec Alando ".
Cette dernière option a visiblement retenu l'attention des analystes pour l'implantation en France et les spéculations vont désomais bon train pour déterminer le site hexagonal qui tombera dans l'escarcelle de l'Américain.
Mais paradoxalement il semble que les contacts entre les frenchies et Ebay pour ce type d'opération ne datent pas d'hier. Ainsi on sait qu'Aucland a été approchée l'été dernier . Il faut dire que l'actionnaire majoritaire du site d'enchères français est Bernard Arnault, via Europ@web. Or le patron de LVMH possède aussi un petit pourcentage d'actions de l'américain ce qui facilite le contact. Mais aucun accord n'avait pu être trouvé. Tous les regards se sont donc logiquement tournés désormais vers Ibazar. Le leader français est en effet bien implanté dans les pays dans lesquelles le poids d'Ebay est faible comme par exemple au Brésil. "Il y en a même qui imaginait qu'on avait fait une sorte de Yalta des enchères pour se partager le monde" sourit Marc Piquemal, le directeur général d'Ibazar. De plus Ibazar est aussi bien placé en Italie, un autre pays ou Ebay a désormais des vues. Enfin pour la France, Ibazar détient le nom de domaine de l'américain, ebay.fr. Trois raisons suffisantes donc pour imaginer un mariage qui aurait fière allure. Et les contacts ont effectivement bien eu lieu selon Marc Piquemal au cours de l'année passée, même si le directeur général en relativise la portée. "Ebay a approché vraiment tout le monde donc nous ne sommes pas plus proches d'eux que les autres. Mais c'est vrai que nous avons de très bons rapports humains avec ses dirigeants. De plus nous avons un profond respect pour cette société dont le modèle économique est une réussite." .

Malgré cette visible bonne entente entre les deux sociétés, l'opération paraît quand même peu évidente. Car malgré la puissance de l'américain et ses 17 milliards de dollars de capitalisation boursière, Ibazar Group coûte cher, très cher. Le groupe était en effet déjà valorisé à près de 520 millions d'euros après l'arrivée au mois d'avril de Bipop-Carrire dans le capital. L'italien avait injecté près de 20 millions d'euros au passage.
Il n'est pas sur que les actionnaires d'Ebay, société qui réalise des bénéfices (NDLR : 6,3 millions de dollars au premier semestre 2000) soit enthousiaste à l'idée d'une telle acquisition. "La rumeur actuelle du rachat par Ebay me semble d'ailleurs suprenante car selon moi, si le deal avait dû se faire, ce que je ne confirme pas, il aurait plutôt eu lieu l'an dernier quand les conditions de marché étaient très favorables." souligne Marc Piquemal. "Mais à l'heure où les investisseurs s'interrogent sur la capacité des valeurs internet à réaliser des bénéfices, les gens sont plus méfiants sur les acquisitions" note-t-il.

De plus selon André Haddad, directeur du marketing du groupe, Ibazar n'a pas besoin pour l'instant de s'adosser à Ebay pour continuer son développement notamment dans les pays latins. "Même si on ne doit jamais dire jamais, nous disposons de suffisament de fonds notamment grâce à la cession d'Ibourse en février (NDLR : Vendu à Bipop Carire pour 52 millions d'euros) ,pour poursuivre notre expansion tout en limitant nos coûts d'acquisitions de nouveaux membres qui sont parmi les plus faibles d'Europe".
Par ailleurs le groupe pourrait toujours céder ses participations dans Ecila, Francemail ou le site de communauté Chez.com pour financer confortablement son navire amiral qu'est le site d'enchères. Le récent rachat d' IFrance par Vivendi pour près d'un milliard de francs a, à cet égard, certainement réveillé les convoitises. Mais la direction d'IBazar dément avoir étudié cette voie. "C'est vrai qu'on a souvent des propositions d'achats mais là non plus ce n'est pas à l'ordre du jour" explique Marc Piquemal. Ebay devra en tout cas peut être se contenter d'une autre proie.

,[[Jérôme Batteau, JDNet]

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