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Ce
qui a changé depuis l'e-krach
Financement, stratégie,
perspectives...
La correction boursière du printemps a déstabilisé
les "jeunes pousses" du Web. Enquête en
cinq volets sur les nouvelles règles du jeu de
l'Internet business. |
C'était
les meilleurs clients du monde : des sociétés
jeunes, inexpérimentées, avides de se faire
connaitre, impatientes d'apparaitre dans les journaux, sur
les affiches ou à la TV quitte à fermer les
yeux sur la qualité des prestations. En pleine reprise
du marché publicitaire, l'argent frais mais parfois
virtuel des "dotcom" françaises a donné
un coup de fouet supplémentaire aux entreprises de
communication. Spécialistes des relation-presse - le
premier étage de la renommée - ou
agences de pub, tous se sont hatés de proposer des
formules adaptées aux entreprises du Web, de créer
des départements spéciaux...
Après
le retournement et à l'heure du dégonflage de
la bulle Internet. les esprits se sont là aussi calmés.
Officiellement, la confiance reste de mise et peu nombreuses
sont les agences qui confessent des ardoises laissées
par quelque start-down imprévoyante... Une agence de
relations-presse, bien représentée dans le milieu
des start-ups du Web, reconnait qu'elle devra passer plus
de 120.000 francs en pertes suite à deux dépôts
de bilan de clients internet. Du coup, elle s'est dotée
d'un directeur financier chargé de suivre de près
le dossier "recouvrement".
"Confiance...
mais sélectivité " |
Chez
Australie.com, une Web agency spécialisée dans
le marketing interactif rattachée à l'agence
de publicité du même nom, on se souvient encore
des moeurs cavaliers d'une start-up "qui exigeait des
délais très courts". "Nous avions
avions gagné la compétition face à Euro
RSCG, se souvient Christophe Hermelin, directeur général
de l'agence. Nous avions commencé à travailler
pour le compte de cette start-up. Un beau jour, l'entrepreneur
nous a annoncé qu'il avait vendu son projet".
Chez Herald Communication (relations presse), on ne reconnait
que quelques sueurs froides à propos d'une start-up
cliente "dont la levée de fonds a pris beaucoup
de retard". Parabole, de son coté, compte trois
"start-down" dans ses anciens clients qui ont renoncé
faute de réussir leur levée de fonds. Mais "qui
ont honoré leurs règlements", précise
l'agence de relations publiques.
Le refrain
unanime ? La confiance -maintenue- mais aussi la fameuse "sélectivité".
Australie a ainsi mis en place un un système de pré-sélection
pour ses prospects. Il comprend une phase d'appréhension
du dossier (entretien avec les managers, identification des
ambitions de la start-up, etc.) puis de réflexion plus
poussée sur la pérennité de son business
plan.
Chez SRRP One, la division Internet de l'agence de relation
presse SRRP, on a préféré prendre ses
précautions. "Les mensualités s'appliquent dès
le premier mois du contrat, explique Jean-François Cancel,
responsable de l'agence. Cela permet de se protéger
des start-up prometteuses mais sans lendemain. Et donc des
impayés".
Pourtant
des impayés, il y en a. Le site d'habillement suédois
Dresssmart, aujourd'hui arrété, n'a pas réglé
ses nombreuses campagnes en ligne laissant des impayés
à la fois chez les régies et chez les supports.
L'ardoise finale du champion européen du "cash
burning", Boo.com, atteindrait, elle, les 2 milliards
de francs. Les dégâts faits par les "start-down"
françaises sont plus modestes.Mais "ça
a pu dépasser le million de francs dans certains cas",
certifie un prestataire, aux première loges d'une de
ces mésaventures.
Là
encore, la rapidité de l'envol de l'Internet business
et de la correction qui a suivi aura toutefois limité
les engagements les moins raisonnables. La plupart des acteurs
concernés en seront quitte pour une bonne frayeur.
Et une bonne leçon ?
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