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Spécial
Mondial de l'Automobile
Constructeurs,
vente en ligne, location, assurances... A l'occasion du
Mondial de l'Automobile, le JDNet fait le point sur les
rapports de plus en plus étroits entre la voiture
et l'Internet. |
A
quelque jours de l'ouverture du Mondial de l'Automobile à
Paris, les annonces mariant voiture et Internet se succèdent
à un rythme effrené. Parmi celles-ci, l'ouverture
du site Caradisiac,
spécialisé dans la vente de véhicules
d'occasion en provenance de concessionnaires, était
attendue de pied ferme (Lire l'article
du JDNet du 19/09/00). Un intérêt marqué
pour ce nouveau né en raison d'une histoire de casting
financier. "Nous partons avec un capital de 120 millions
de francs, explique Cédric Bannel, PDG et fondateur
de Caradisiac. Ce montant a été injecté
par trois banques étrangères : le japonais
Nomura, ING Barings et Commerzbank. 40 millions de francs
ont également été apportés par
Renault via RDIC, Renault Développement Industriel
et Commercial."
Or, cette présence du
constructeur automobile français au capital de Caradisiac
apparaît comme un virage dans la stratégie Internet
de Renault. Alors que tout le monde attendait la Régie
avec l'ouverture prochaine de Carevia.com, son site de vente
de voitures d'occasion multi-marques (Lire l'interview
de Louis Schweitzer, le PDG de Renault, au JDNet le 03/03/00),
la firme au losange a préféré financer
discrètement au début de l'été
une start-up sur le même créneau. Quid alors
de Carevia.com ? En coulisses, il semble que le projet
Internet du constructeur automobile dans sa forme initiale
soit déjà mort né. "Nous ferons
le point sur ce dossier en fin d'année ou au début
2001", explique-t-on chez Renault. Cédric Bannel,
peu enclin à se prononcer sur la politique de la marque,
avance timidement une explication stratégique :
"Je crois que Renault a été séduit
par la vitesse à laquelle nous pouvions lancer le site..."
80%
des véhicules proposés sont de marque Renault |
En y regardant de plus près,
l'ombre de la Régie semble rôder à tous
les étages de Caradisiac, Cédric Bannel ayant
lui-même travaillé
pendant 18 mois à la direction des relations financières
de Renault. Heureux d'afficher la présence du constructeur
français au capital de sa start-up, Cédric Bannel
tient pourtant à se démarquer de la Régie.
Une justification qui passe tant bien que mal quand il évoque
la proportion de véhicules Renault parmi les 10.000
voitures proposées sur le site à son ouverture.
"80% des voitures disponibles sont de marque Renault.
Mais il faut savoir qu'en France, la Régie représente
40% des véhicules d'occasion de moins de 16 mois d'âge,
explique-t-il. Notre objectif est de revenir dans les 12 mois
au même niveau de ventilation des marques que le marché
de l'occasion traditionnelle." Mais pour en arriver là,
il faudra que Caradisiac soit capable de faire rentrer des
concessionnaires d'autres marques dans son giron. Une tâche
qui s'annonce difficile. "Sur les 200 concessionnaires
que nous avons signé, nous avons deux Citröen,
détaille Cédric Bannel. Mais nous sommes actuellement
en tractation avant des concessionnaires Peugeot." PSA
laissera-t-il Renault avancer seul sur le marché juteux
de l'occasion (264
milliards de francs en France en 1999) malgré le camouflage
Caradisiac ?
Quoiqu'il
en soit, Caradisiac aura été un projet mené
d'une main de maître et dans le secret. Le projet initié
au début de l'année s'est tout d'abord adossé
à Medcost, site professionnel dédié au
corps médical, pour développer ses outils techniques.
"Le président de Medcost est un ami", explique
Cédric Bannel. L'équipe Caradisiac compte aujourd'hui
une quarantaine de personnes et espère atteindre rapidement
les 50.000 voitures disponibles sur le site. "Dès
2001 nous visons les 15.000 à 20.000 transactions par
an, poursuit le PDG. Nous devrions atteindre le seuil de rentabilité
en 2003." Pour passer ce cap, Caradisiac se rémunère
grâce à une commission "de quelque centaines
de francs" sur chaque vente effectuée à
l'aide du site. Un poucentage plutôt raisonnable quand
on sait que le prix moyen d'acquisition d'un véhicule
d'occasion auprès d'un professionnel est de 54.000
francs. L'international
n'est pas en reste dans cette stratégie de développement,
puisque Caradisiac "devrait rapidement s'implanter en
Belgique et en Espagne", explique Cédric Bannel.
Curieusement, en dehors du Portugal et de la France, ces deux
pays européens sont les deux régions où
Renault possède les plus grosses parts de marché...
Une
campagne pub de plusieurs dizaines de millions de francs |
Pour étoffer
son offre, Caradisiac accueille une foule de services à
valeur ajoutée sur son site : fiches pratique, conseils
juridiques, financement, assurance, cotation, reprise des
véhicules... Et décline également son
offre avec une version Caradisiac Pro, une place de marché
réservée aux concessionnaires afin de faire
circuler les stocks de véhicules d'occasion. Au début
de l'année prochaine, le site devrait ajouter un module
de ventes aux enchères, d'abord dans la déclinaison
Caradisiac Pro, notamment pour les véhicules issus
des réseaux de location automobile. "Nous ouvrirons
également des forums de discussion." Pour lancer
cette grosse machine, Caradisiac va entamer dès le
1er octobre une campagne de publicité nationale en
presse, télé et affichage. "Le montant
de cette campagne est équivalent au montant d'une campagne
pour le lancement d'un nouveau modèle automobile",
commente - connaisseur - Cédric Bannel. Traduisez
plusieurs dizaines de millions de francs.
En marge
de l'ouverture de ce nouveau site, où Renault n'est
jamais bien loin, le profil même de Cédric Bannel
ajoute un peu de piquant à l'histoire. Cet énarque
de 33 ans a ainsi écrit deux thrillers ("La Menace
Mercure" et "Le huitième Fléau").
Avant de passer 18 mois à la Régie, il a travaillé
pendant 6 ans à la Direction du Trésor. Il s'est
notamment occupé du gel des avoirs libyens, irakiens
et serbes avant de rejoindre l'équipe en charge des
privatisations. Dans le même temps, il s'est retrouvé
député suppléant du Morbihan sur la liste
PR. Cédric Bannel devrait donc se sentir à l'aise
dans un monde de réseaux. Celui des concessionnaires.
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