Actualité / E-Commerce  
Lundi 16 octobre 2000  
Trois questions à... Laurence Perratzi (Letsbuyit)  
          

Le secteur de l'achat groupé est passablement secoué. Clust cherche toujours un repreneur (Lire les confidentiels du JDNet). Dealpartners, l'éditeur de Uniondream, réoriente son coeur d'activité vers la fourniture de solutions d'achat groupé sous marque blanche et Koobuy a abandonné la formule depuis quelques mois. Letsbuyit reste l'un des seuls acteurs du marché à miser sur la formule. La société est présente dans quatorze pays européens. Le marché français, sur lequel Letsbuyit est arrivé plus tard (Lire l'article du JDNet du 31/03/00), ne représente encore que 20% du chiffre d'affaires du groupe, derrière l'Allemagne, l'Angleterre et la suède. Laurence Perratzi, directrice générale de la filiale française, affiche sa sérénité.

JDNet. Les récents déboires de Clust ne remettent-ils pas en cause la viabilité de l'exploitation d'un site d'achat groupé sur le marché français?
Laurence Perratzi. La France est un cas un peu particulier. Lorsque nous sommes arrivés dans les pays nordiques, en Angleterre ou en Allemagne, nous étions des pionniers. Ici, on a connu une véritable euphorie autour de l'achat groupé en début d'année et les concurrents naissaient tous les jours. L'attente a été trop importante, d'où la déception. En outre, le marché allemand, qui a une grande tradition dans la vente par correspondance, était peut-être plus mûr. Mais le concept d'achat groupé reste excellent. Simplement, beaucoup d'acteurs vont se regrouper ou disparaître et ce marché va se rationaliser. Letsbuyit a, depuis son origine, une dimension européenne qui lui confère une taille et une puissance critiques avec, pour le premier semestre, 11,17 millions d'euros de chiffres d'affaire consolidé, soit plus de 73 millions de francs.

Avez-vous été candidat au rachat de Clust ?
On nous a proposé le rachat de Clust il y a déjà quelques semaines et nous avons envisagé le scénario mais le coût était excessif [NDLR: 6 millions de francs à ce jour] au regard de l'intérêt que représentait pour nous l'opération. Nous avons une marque forte à l'échelle européenne et la marque Clust ne nous est pas vraiment nécessaire, nous disposons déjà de nos équipes et notre technologie est plus développée que celle de Clust. Le problème était donc de valoriser la base de données. Or, aujourd'hui, le coût d'acquisition d'un membre pour nous n'est pas astronomique. Nous sommes loin des start-up sur le marché français qui dépensaient 2 à 3.000 francs il y a quelques mois encore.

Envisagez-vous de vous ouvrir à d'autres formes de commerce en ligne ou de développer d'autres activités, à l'instar de Uniondream, qui offre aujourd'hui son service d'achat groupé sous marque blanche?
Je ne suis pas du tout convaincu que ce type d'exploitation soit rentable. Nous examinons ce qui se passe sur le marché mais le choix de Dealpartners ne suffit pas à démontrer la viabilité de l'option. Il y a quelques semaines encore, on pouvait penser que Clust fonctionnait très bien alors qu'ils sont aujourd'hui à deux doigts de la liquidation. Nous nous concentrons sur notre concept initial car nous sommes persuadés que le potentiel est énorme. Les pays du Nord ont été plus réactifs mais la formule demeure excellente, même si le démarrage n'a pas été aussi rapide que nous l'espérions dans les pays du Sud. Il faut reconnaître qu'en France, nous vivons grâce aux performances du groupe dans les pays du Nord de l'Europe. Nous n'avons pas prévu de nous lancer demain dans les enchères en ligne par exemple, mais on ne peut pas l'exclure. Nous pourrions être un jour amenés à fusionner ou racheter une société, mais ce n'est pas programmé à ce jour.

[Fabien Claire, JDNet]
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