La photo en ligne vous connaissez,
mais la photo tirage papier (argentique pour les initiés)
avec la possibilité de visualiser gratuitement en ligne
le contenu intégral de sa pellicule? C'est en substance
le pari de Photoreflex
une jeune start-up créée par deux passionnés
de photo, Nicolas Laurent et Arnaud Castillo.
Leur constat est le suivant :
le plus souvent sur une pellicule standard de 36 clichés
du photographe amateur type, pas plus de 15 ou 20 méritent
effectivement d'être conservées. A l'inverse,
il n'est pas rare que sur cette pellicule type, deux ou trois
photos soient fort intéressantes, voire méritent
un agrandissement, mais il s'agit d'une opération longue
et coûteuse, rarement concrétisée.
Photoreflex propose à
l'internaute de "consommer" autrement la photo en
envoyant sa pellicule gratuitement dans une enveloppe spéciale
pré-timbrée à son laboratoire pour qu'elle
soit numérisée gratuitement.
Le jour de sa réception, Photoreflex met en ligne le
contenu de la pellicule accessible au format Jpeg dans un
espace sécurisé par mot de passe. Un mail vous
informe ensuite de la mise à disposition des clichés.
Vous pouvez alors choisir les photos que vous souhaitez recevoir
et dans quel format. Photoreflex propose ainsi par exemple:
4,5 francs pour un simple tirage papier format 10x15, 7 francs
pour un format 15 x 21 ou 15 francs pour un tirage 18 x 24,
soit des prix plutôt inférieurs à ceux
du marché sans coût de développement et
ce, quelle que soit la source (24x36, Aps...).
Le secret de ce type d'offre
tient dans l'apparition sur le marché au début
de l'année 2000 d'un nouveau matériel photographique
permettant de développer sur papier argentique une
source photo numérisée avec un niveau de qualité
exceptionnel (6,5 millions de pixels aujourd'hui chez Photoreflex).
Photoreflex numérise donc votre pellicule pour permettre
sa visualisation en ligne, vous restitue les négatifs
dans les deux semaines à ses frais et développe
les clichés que vous voulez au format que vous voulez.
Tous deux consultants chez Morgan
Grenfell, Nicolas Laurent et Arnaud Castillo ont eu l'intuition
dès le mois de juin 1999 que le Web pourrait être
une source d'optimisation de la consommation photo. Mais la
technologie, bien qu'annoncée, n'était pas encore
disponible sur le marché français.
Ils ont pourtant discrètement mis au point leur business
model et consulté le fonds de capital-risque de la
caisse des dépôts CDC Innovation qui s'est engagé
sur un premier tour de financement de 8,5 millions de francs
auxquels se sont ajoutés 1,5 million de francs apportés
par des business angels.
En mars, les deux associés
ont choisi Netforce
pour la réalisation du site qui a été
lancé le 29 juin dernier.
La totalité de la production a été internalisée.
"Nous avons voulu maîtriser à la fois la
qualité de notre travail et contrôlé directement
nos coûts", explique Nicolas Laurent PDG de la
société. "Nous avons eu l'opportunité
de récupérer les 600 mètres carrés
de l'ancien espace de postproduction de la SFP situé
dans les sous-sols du Théâtre de l'Empire en
plein coeur de Paris", raconte Nicolas Laurent. Il poursuit
: "Depuis trois mois, nous avons traité plus de
150.000 photos et 12.000 internautes ont créé
un compte sur le site. Depuis quelques semaines nous proposons
aux possesseurs d'appareils numériques de nous envoyer
leurs clichés que nous tirons sur papier pour 1 franc
l'exemplaire au format 10x15. Cette nouveauté est un
vrai succès".
Parmi les autres nouveautés,
Photoreflex commercialise son espace publicitaire via DoubleClick,
une source de revenus que le business model n'envisageait
pas à l'origine, apparue grâce à l'audience
actuelle (400.000 pages vues par mois revendiquées).
Plutôt "écureuil"
de nature selon sa propre expression, Nicolas Laurent explique
qu'il n'a pas réellement besoin d'autre tour de financement
avant le printemps prochain, mais dans la perspective d'une
expansion européenne et d'une V2 actuellement en préparation,
un second tour intermédiaire est quand même envisagé.
Le chiffre d'affaire mensuel
annoncé est aujourd'hui de 40.000 francs.L'objectif
est d'atteindre 200.000 francs mensuels pour la fin de l'année.
Pour son développement Marketing, Photoreflex mise
avant tout sur les partenariats avec notamment le nouveau
site Filfog,
le portail dédié aux voyages lancé par
Nouvelles Frontières ou un partenariat avec Universal
dans le cadre de la distribution d'un logiciel morphing. Là
encore une stratégie plutôt économe...
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