Les fabriquants de parfums mènent
une lutte sans relache contre les sites qui tentent de de
vendre leurs produits en ligne. Le distributeur "brick
and mortar" Marionnaud vient certes d'ouvrir son site
(Lire l'article
du JDNet du 17/11/00). Mais le secteur est régi par la règle
de la distribution sélective (le fabriquant pouvant choisir
de ne vendre ses produits que par le biais de distrubteurs
répondant aux critères qu'il impose). Du coup, les grands
noms du parfum sont prompts à sortir les armes, comme le prouvent
deux nouvelles affaires.
La première concerne le site
Parfumsnet,
qui a déjà connu des mésaventures judiciaires.
Cette société espagnole avait ouvert en juillet son site français.
A la suite d'une procédure en référé d'Yves Saint-Laurent
Beauté, bientôt suivie par une quinzaine d'actions similaires
(lancées notamment par L'Oréal), Parfumsnet avait décidé de
fermer son site français, tout en continuant à vendre les
mêmes produits, même à des consommateurs français, sur ses
sites espagnol et italien (Lire l'article
du JDNet du 07/11/00). Mais à la suite d'une nouvelle action
de L'Oréal (neuf procédures différentes lancées par neuf filiales
du groupe français, selon Patrick Raibaut, le PDG de Parfumsnet),
la société a décidé "d'interrompre momentanément" la vente
de parfums et produits cosmétiques aux consommateurs français
depuis son site espagnol.
"L'acharnement de L'Oréal est
tel que nos avocats nous ont conseillé de suspendre ces ventes",
explique Patrick Raibaut, qui évoque " une stratégie pour
nous abattre de la part de la Fédération des
industries de la parfumerie". Le PDG de Parfumsnet affirme
avoir approché à plusieurs reprises, mais en vain, L'Oréal
pour obtenir de ce dernier "des critères qui nous permettraient
de vendre leurs produits". S'il continue à proposer les parfums
en question aux seuls consommateurs espagnols, Patrick Raibaut
s'attend cependant à voir de nouvelles procédures déclenchées
sur ce sujet en Espagne même. Interrogé par le Journal
du Net, L'Oréal n'avait pas encore répondu à
nos questions vendredi soir.
De son coté, le site belge de
vente de cadeaux en ligne Gift.be
s'est vu ordonner par Yves Saint Laurent Beauté de cesser
lui aussi la vente de ses parfums. Gift.be avait ajouté en
septembre une gamme parfums à sa boutique en ligne, soit 80
produits de toutes marques (YSL, Dior, L'Oréal, Azzaro...).
"Nous ne comptions pas nous spécialiser ou faire du discount,
explique Pierre Sorel, le PDG de Gift.be. Mais le 10 novembre,
nous avons reçu une lettre recommandée d'YSL Belgique nous
mettant en demeure de cesser la vente." Selon Gift.be, YSL
lui reproche de ne pas faire partie de son réseau de distribution
sélective et de porter atteinte à sa marque. "Connaissant
l'affaire Parfumsnet, nous nous attendions à d'autres procédures
et nous avons préféré retirer les produits YSL et tous les
autres parfums de la vente", poursuit Pierre Sorel, qui affirme
lui aussi avoir tenté d'entrer en contact avec YSL Belgique,
mais sans succès.
Tout comme son confrère de Parfumsnet,
Pierre Sorel invoque un non respect du droit européen. "Nous
comprenons qu'il puisse exister certaines restrictions concernant
les produits artistiques, pharamceutiques ou alimentaires,
mais elles n'ont pas le moindre intérêt pour les consommateurs
dans les produits de luxe." Il s'étonne aussi de ces
interdictions alors "qu'il est possible de commander des parfums
sur des sites américains qui livrent en Europe." On peut par
exemple commander le parfum Opium, l'une des marques d'YSL,
sur Fragrance.net
(frais de livraison pour la France : 13,95 dollars) ou 99perfume
(frais de livraison : 26,95 dollars). En attendant, sur Gift
.be, on ne trouve plus en vente que les Parfums
de la bible, un coffret comprenant le livre "Une Archéologie
de l'olfaction" et "7 flacons de parfums bibliques 100% naturels".
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