"Nous
voulons être les leaders de la concentration européenne
à venir". Renato Soru, le fondateur de Tiscali
déborde toujours d' ambitions et d'énergie et
l'a clamé haut et fort, hier à l'occasion du
rachat de Liberty Surf par sa société. Il en
aura bien besoin pour affronter l'année 2001 notamment
en France où plusieurs défis d'envergure se
présentent à sa société. Tout
d'abord, avec cette acquisition, Tiscali va se heurter , comme
lors de tout rapprochement, à un sérieux problème
d'intégration des équipes des deux sociétés.
Le fournisseur d'accès français compte 350 salariés
et il ne va visiblement pas être simple pour Tiscali
d'accorder les violons. Surtout lorsque l'on sait que Liberty
Surf a déjà du mal à régler les
problèmes sociaux nés du rachat de Freesbee
au mois de novembre. Antoine Martin l'un des délégués
syndicaux de Freesbee, attendaient d'ailleurs hier, de savoir
exactement ce que voulait faire les dirigeants de Tiscali
avant de se prononcer. Renato Soru a pourtant été
clair en affirmant qu'il " n'y aurait pas trois réceptionnistes
dans le groupe si un seul suffisait". Lors du rachat
de Worldonline par sa société, l'année
dernière, plus de 300 postes avaient été
supprimés en Italie, Suisse et Pays-Bas alors que les
bureaux avaient été purement et simplement fermés
à Francfort pour être déplacés
à Munich. D'autant qu'avec l'acquisition de LibertySurf,
Tiscali espère d'ores et déjà économiser
environ 90 millions d'euros dont 12% proviendront de la production
de contenu et du managment, 23% des frais généraux
et 4% des call centers. Et l'affaire pourrait se compliquer
un peu plus en matière d'intégration sachant
que la société italienne est toujours candidate
à d'autres rachats dans le secteur. En France, Free
est certainement le premier nom sur la liste, d'une part parce
qu'il est le dernier indépendant et d'autre part parce
qu'un éventuel rachat propulserait Tiscali à
la première place des fournisseurs d'accès en
France, si l'on en croit les chiffres communiqués par
l'Italien.
Mais il n'est pas sûr que les synergies avec Free soient
désormais aussi évidentes pour Tiscali après
le rachat de Liberty Surf. Et ce d'autant que les dirigeants
de Free ne semblent pas vraiment enclins à vendre pour
le moment.
Le deuxième défi de Tiscali portera sur la téléphonie
mobile et sur les licences de troisième génération.
Dans l'Hexagone Tiscali ne s'est pour l'instant pas glissé
dans un consortium pour décrocher une licence et ne
devrait pas le faire d'ici juin. A moins d'une improbable
alliance avec des sociétés comme Hutchinson,
son partenaire en Italie où elle a décroché
une licence, ou avec ST3G le consortium formé par Telefonica,
Suez/Lyonnaise-des Eaux et Groupe Arnault, l'ancien propriétaire
de Liberty Surf qui détiendra 3,86% de Tiscali via
Europ@web.
Il semble donc plus probable que l'Italien se comportera en
opérateur virtuel. Tiscali pourrait ainsi avoir un
grand intérêt à ce que Liberty Surf réactive
son opération de rachat du spécialiste des cartes
prépayées Intercall
pour se doter d'une porte d'entrée à la téléphonie
mobile en France. L'autre interrogation en France concerne
la boucle locale radio (BLR). Suez-Lyonnais des Eaux et Groupe
Arnault ont en effet décroché avec Firstmark,
leur société commune, une des deux licences
nationales. Or les deux groupes ont toujours prétenu
vouloir faire de Liberty Surf, une clé de voute de
leur futur point d'entrée sur Internet. Les accords
seront-ils encore valables avec Tiscali ? Rien n'est moins
sûr.
Enfin le dernier défi sera d'unifier éventuellement
la marque Tiscali en France et en Europe. A court terme Liberty
Surf devrait garder sa marque comme l'a confirmé Renato
Soru hier. Ce qui serait la moindre des choses au regard des
investissements consentis en marketing et communication par
Liberty Surf et qui s'élèvent à plus
de 38,9 millions d'euros, uniquement sur le premier semestre
2000. Mais à plus longue échéance, le
fondateur de Tiscali l'a dit et répété,
il souhaite que "les enseignes soient regroupées
sous le même parapluie en Europe". Un vaste programme
en perspective...
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