Ancienne responsable des activités
publicitaires de Yahoo
France, aujourd'hui directrice générale
adjointe de Yahoo en France, Isabelle Bordry est également
vice-présidente de l'IAB (Internet Advertising Bureau).
A l'heure où les outils d'audience sont sur la sellette
(Lire l'article
du JDNet du 02/03/01), elle revient sur son expérience
de la mesure et analyse d'audience chez Yahoo France, à
l'heure où les outils.
Les
outils testés par Yahoo France. "Pour
les outils "user centric" [NDLR : qui reposent
sur la constitution de panels], nous avons utilisé
l'année dernière l'ensemble des produits disponibles
sur le marché français: les données des
panels de Netvalue, MMXI et eRatings. Nous avons également
utilisé l'étude des 24.000 de Médiamétrie."
Les
outils développés en interne.
"Du
côté des outils "site-centric" [NDLR
: qui mesurent l'audience directement depuis le site],
nous n'avons souscrit à aucun de ceux proposés
sur le marché car nous disposons en interne de plusieurs
outils d'analyse. D'abord, nous exploitons notre propre analyseur
de log, qui est certifié par ABC Interactive (l'équivalent
américain de l'OJD) et Ernst & Young. Cela nous
assure de la fiabilité de nos chiffres à l'échelle
européenne.
Nous exploitons également notre base de données
d'utilisateurs, notamment pour les utilisateurs inscrits.
Cette base fait apparaître des critères socio-démographiques
comme leur date de naissance, leur localisation géographique
et leurs centres d'intérêt."
Les
limites de Cybermétrie.
"Nous ne souscrivons pas à Cybermétrie
car nous ne sommes satisfaits ni de la méthode, ni
des résultats fournis. Médiamétrie [NDLR
: qui réalise l'étude Cybermétrie]
identifie des visiteurs uniques à partir des ordinateurs,
or l'identification de l'utilisateur par sa machine ne répond
pas à la demande des annonceurs. Par ailleurs, nous
n'avons pas obtenu de garanties suffisantes sur la fiabilité
du tagage de Cybermonitor de Cybermétrie. Nous sommes
convaincus que si nous choississions de tager toutes les pages
de notre site, Cybermétrie rencontrerait de vrais problèmes
techniques. Nous ne sommes pas non plus convaincu par la pertinences
des notions de visites et visiteurs mesurés par Cybermétrie.
Mais je pense que Cybermétrie peut-être un outil
intéressant pour certains éditeurs de sites
à l'audience plus modeste."
Les
méthodologies différentes des panels.
"NetValue,
MMXI
et eRatings
ont des méthodologies légèrement différentes,
à la fois dans le recrutement des internautes pour
la constitution de leurs panels et dans les redressements
effectués par rapport à l'étude support
de référence. Un exemple : un internaute peut
passer de Wanadoo à Voila en utilisant la fenêtre
de recherche située en bas de la page d'accueil du
premier. Pour MMXI, il
s'agit d'un visiteur Wanadoo alors que pour les deux autres
instituts, la consultation de Voila est attribuée à
Voila.fr. Globalement, toutes ces approches se défendent,
il faut une grille de lecture qui permette d'exploiter ces
informations."
Des
panels, mais à domicile seulement.
"Globalement,
ce sont des outils fiables sur le plan technique. La véritable
limite des panels aujourd'hui est leur représentativité
par rapport à la population des internautes en général
sur le marché français. Tous les panels actuellement
exploitables en France sont des panels à domicile.
Ils ne représentent qu'une partie seulement des internautes
français. Aux Etats-Unis, Médiamétrix
est parvenu à constituer un panel professionnel en
demandant à ses panélistes de transférer
eux-même sur leur PC de travail l'outil permettant de
tracer leur navigation. C'est beaucoup plus difficile en France,
d'abord pour un problème de confidentialité
mais aussi parce que les directeurs informatiques français
sont plus méfiants que leurs homologues américains."
La 24.000
de Médiamétrie.
"Il s'agit d'une
sorte de photographie de la population française. Lorsque
l'on interviewe un échantillon représentatif
sur son comportement d'internaute, on obtient, une image intéressante
mais déformée. Il y a une incontestable prime
à la notoriété pour les marques du marché.
Je me souviens par exemple d'une étude Médiangles
de ce type, sortie fin 1999, qui montrait que L'Equipe était
l'un des sites de sport préférés des
personnes interrogées. Le problème est que le
site de L'Equipe n'existait pas encore à l'époque..."
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Les
démarches de certification et labelisation en cours.
"Sur le principe,
c'est une très bonne chose, mais nous souhaiterions
que les organismes français qui souhaitent jouer ce
rôle se rapprochent d'autres entités équivalentes
en Europe et dans le monde. Nous avons par exemple effectué
des démarches pour que Diffusion Contrôle se
rapproche d'ABC Interactive. Maintenant, sur le plan de la
répartition des rôles, il me semble que le CESP
(Centre d'éude des supports de publicité) devrait
certifier les outils de mesure alors que Diffusion Contrôle
devrait certifier une audience.
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