L'opérateur
Fortel, titulaire d'une des deux licences nationales de boucle
locale radio (BLR),
aurait finalement trouvé une solution pour pallier
la défection d'UPC, l'un de ses principaux actionnaires,
il y a quelques semaines (Lire l'article
du JDNet du 09/03/01). Selon des sources proches du dossier,
confirmant des informations parues dans Le Figaro vendredi,
c'est BLR Services, filiale à 50,1% de Louis-Dreyfus
Communication (LDCOM) et titulaires de 11 licences régionales
de BLR (Voir notre tableau),
qui serait sur le point de reprendre le flambeau.
L'accord pourrait être signé la semaine prochaine
et s'appuierait sur un échange de participations. BLR
Services reprendrait ainsi les 47,5% détenus par UPC
dans Fortel, tandis que Marine Wendel, l'autre actionnaire
de Fortel au côté du groupe NRJ, participerait
à une augmentation de capital du groupe LDCOM à
hauteur de 10%.
Ce montage qui enlèverait
une belle épine du pied de Marine Wendel, devra toutefois
obligatoirement être avalisé par l'Autorité
de régulation des télécommunications
(ART), qui se serait sans doute volontiers passée de
cette réorganisation. Car si l'opération
de rapprochement va à son terme, BLR Services se retrouverait
omniprésent au niveau régional et au niveau
national. Dans un secteur où l'ouverture à la
concurrence était le maître-mot des autorités
de régulation, cela pourrait faire un peu désordre.
Par ailleurs les grands recalés de la boucle locale
radio, comme Siris (Deutsche Telekom), pourraient s'estimer
lésés par ce grand chambardement post-attribution
qui a mis cruellement en lumière la difficulté
de certains opérateurs à tenir leurs engagements
financiers. A l'image des dotcoms dans l'Internet, certains
opérateurs semblent en effet avoir été
un peu gourmands sur leurs prévisions et un brin présomptueux
sur leur capacité financière.
A la décharge des différents
acteurs, le dépôt des candidatures s'était
effectué en janvier 2000, en pleine euphorie boursière.
Le dégonflement de la bulle financière autour
des sociétés de télécoms a, depuis,
brisé quelques ambitions et forcé les sociétés
à réduire leur voilure.
En cas de signature de l'accord LDCOM-Marine Wendel, selon
une source proche du dossier, les enveloppes de financement
prévues pour Fortel seraient revues en baisse. Le titulaire
de la licence nationale avait notamment évoqué
un financement de près de 17 milliards de francs sur
dix ans dans son dossier de candidature. Par
ailleurs, Fortel, qui prévoyait en matière de
haut débit un déploiement global en direction
des particuliers et des entreprises avec "une offre immédiatement
substituable" à la concurrence, pourrait se recentrer
sur la vente de ses services aux opérateurs. Une stratégie
prudente qui avait été adoptée dès
le départ par BLR Services en régions.
Le
flou actuel dans le dossier de la BLR pourrait au final profiter
à des sociétés comme Cegetel, qui n'avait
pas réussi à convaincre l'ART de lui attribuer
une licence nationale. Olivier
Huart, le directeur général des activités fixes de Cegetel,
a d'ailleurs déclaré la semaine dernière
que son groupe "avait été approché par tous les acteurs
de la BLR, y compris ceux ayant obtenu des licences nationales.
Ils sont tous à vendre", avait-t-il ajouté en
concluant que "Cegetel ne pourrait être intéressé que
dans le cas d'une participation majoritaire".
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