Le dégroupage,
qui permet aux opérateurs alternatifs (Mangoosta, Cegetel,
Free, Easynet, Colt, etc) de louer la ligne téléphonique de
l'abonné à France Télécom pour lui proposer leur propre service,
est normalement entré en vigueur au 1er janvier 2001. Trois
mois après, aucune offre n'est encore lancée. L'AFOPT (Association
française des opérateurs privés en télécommunication) et l'AOST
(Association des opérateurs de services de télécommunications),
les deux associations françaises regroupant les principaux
opérateurs, accusent l'opérateur historique de bloquer le
développement du haut débit en France.
Actuellement,
France Télécom facture aux opérateurs les frais d'installation
et d'accès à ses lignes et ajoute en plus un abonnement mensuel.
Devant cette impasse, des opérateurs comme Cegetel attendent
avant de lancer leur offre; d'autres, déjà présents, à l'image
de Mangoosta, sont obligés de revoir leurs tarifs à la hausse
(lire l'article
du JDNet du 22/03/01) alors que France Télécom baisse les
siens. François Vivier, l'administrateur de l'AOST revient
sur le problème du dégroupage en France.
JDNet.
Quel est le problème du dégroupage aujourd'hui ?
François Vivier. France Télécom. Tous les opérateurs
alternatifs voulant proposer leurs offres de connexion à haut
débit demandent à France Télécom de leur permettre d'accéder
aux lignes reliant les répartiteurs à l'abonné. Ces simples
lignes de cuivre, "le dernier kilomètre", lui appartiennent
et font l'objet du désaccord. Le problème des opérateurs pourrait
être résumé ainsi : Admettons que France Télécom soit le propriétaire
d'un immeuble et loue un appartement aux opérateurs. Cet appartement
serait situé au dernier étage et n'aurait ni escalier, ni
ascenseur. Pour y accéder, il faudrait passer par l'extérieur
et grimper à l'aide d'une corde qui ne demanderait qu'à rompre.
Une fois devant la porte, France Télécom aurait oublié de
leur donner la bonne clé. Quand bien même les opérateurs arriveraient
à rentrer, ils s'apercevraient de l'absence d'eau et d'électricité.
Pour finir, France Télécom pratiquerait un loyer exorbitant
tout en ayant le droit de les expulser à tout moment. Aujourd'hui,
France Télécom ne respecte ni les lois nationales, ni les
règlements européens et n'a visiblement que faire des mises
en demeure de l'ART. Cette situation est unique au monde.
Que
risque France Télécom et quelles sont les échéances ?
D'après moi, les sanctions contre France Télécom devraient
bientôt commencer à tomber. Ca n'est plus une question de
mois, mais de semaines. A terme, l'opérateur historique risque
une pénalité financière équivalente à 3% de son chiffre d'affaires.
La pénalité pécuniaire est le seul moyen dont nous disposons
actuellement pour contraindre France Télécom à obéir. Nous
n'en retirerons aucun avantage puisque cet argent finira par
retomber dans les caisses de l'Etat. Malheureusement, pour
le moment, les pouvoirs publics ne font pas ce qu'ils devraient
faire.
Pourquoi
France Télécom bloque-t-il le dégroupage ?
Pour pleins de raisons. Ils affirment notamment ne pas vouloir
brader leur réseau, alors que les opérateurs ont depuis longtemps
anticipé ces coûts. Aujourd'hui, le problème concerne moins
les coûts que les procédures. Les opérateurs sont conscients
du temps qu'il faut à France Télécom pour s'adapter à l'arrivée
de la concurrence. Dans un premier temps, ils ne demandaient
rien de plus que d'avoir des informations précises sur les
réseaux afin de s'y adapter. France Télécom leur refuse ces
informations en affirmant sa volonté de dissuasion et de retarder
le dégroupage, et donc de retarder par la même occasion le
développement du haut débit en France. Parallèlement, France
Télécom recrute aux alentours de 800 nouveaux abonnés par
jour à son service haut débit Netissimo. Pendant ce temps,
les autres opérateurs ne peuvent que regarder. Il ne faut
pas aller chercher plus loin.
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