Le projet Internet du
magazine féminin Marie
Claire a tenu six mois. Initié en mars dernier,
il avait été confié à Loftus,
qui avait obtenu une licence d'exploitation de la marque/titre
de presse. Un privilège "familial"
puisque Loftus, société par actions simplifiée,
est dirigée par Jean Prouvost, membre de la famille
fondatrice de Marie-Claire. Une petite équipe
(cinq personnes) avait été recrutée,
sous la houlette du directeur de projet Laurent
Ramis, qui avait fondé auparavant le site
VivreFemme. Elle a mis plusieurs centaines d'articles
en ligne. Faute d'accord sur les droits d'auteurs Internet
dans le groupe, le site de Marie-Claire n'a cependant
pas pu relayer les articles publiés dans le magazine
papier (Lire l'article
du JDNet du 30/03/01).
Mais le projet Internet
a capoté, comme l'a révélé
le site du Nouvel Economiste. Dans un éditorial
en ligne, il est indiqué que "pour des raisons
de réorganisation, le site Marieclaire.fr suspend momentanément
son édition". Il semblerait toutefois que le texte
ait été modifié puisque la première
version de l'éditorial stipulait que l'arrêt
du projet était lié à des "raisons
de stratégie conjoncturelle". Le groupe de presse
a refusé clairement de donner à ce projet
la moindre enveloppe financière. Laurent Ramis
évoque une proposition de budget de 400.000 francs
par mois. "Le modèle économique reposait
sur la publicité et des opérations évènementielles.
Nous pensions que le couplage de la publicité
papier avec des promotions en ligne auraient pu intéresser
des annonceurs historiques de Marie Claire", indique
Laurent Ramis.
Faute de soutien, l'audience
du site est restée quasi-confidentielle (300.000
pages vues par mois). Le directeur du site évoque
pourtant des discussions qui auraient été
entamées fin juin avec un portail pour monter
un projet plus ambitieux. "Nous partions du principe
que nous apportions une marque et qu'en échange,
ce portail devait apporter de l'audience", explique
Laurent Ramis, en taisant le nom du partenaire potentiel.
Mais la direction de Marie Claire a également
rejeté ce projet. Plusieurs raisons peuvent expliquer
cette réticence à investir en ligne :
la volonté de dégager prioritairement
des bénéfices, le manque d'intérêt
envers le support Internet et la complexité d'un
management familial. Ce retrait du Net ne semble pas
lié à l'arrivée du groupe Lagardère
dans le capital du groupe Marie-Claire, survenue en
mars dernier. L'Oréal a accepté de céder les parts qu'il
détient (49 % du capital) dans le groupe Marie Claire
au holding Evelyne Prouvost, qui veut s'associer avec
Hachette Filipacchi Medias. Selon les termes de l'accord,
le pôle média du groupe Lagardère
prendrait une participation de 42 % dans l'ensemble
des activités du groupe Marie Claire, regroupées sous
une seule société. Les 58 % restants seraient détenus
par Marie-Laure Prouvost, Evelyne Prouvost et son mari
Nicholas Berry dans un holding constitué à cet effet.
Or, l'accord signé stipulerait que Groupe Lagardère
n'a aucune possibilité d'intervenir sur les développements
Internet du groupe de presse féminin pendant
une période de deux ans.
Le groupe Marie-Claire édite quarante magazines à travers
le monde, dont neuf en France (Marie-Claire, Avantages,
Cosmopolitan, Famili...). Son titre phare, le mensuel
Marie-Claire (484.000 exemplaires vendus chaque mois),
est décliné en 26 éditions internationales. Globalement,
à travers ses différents titres, son implication
dans Internet est quasiment nulle. Hormis le projet
du site Famili.fr,
en lien avec le magazine papier éponyme, initié
en octobre 2000 puis stoppé par Loftus, aucune
initiative n'a vraiment émergé . [Attention
: correction
apportée le 08/10/01]
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