La direction de Libération
a annoncé hier un plan d'économies qui
va entraîner la suppression de dix-huit postes,
dont onze au sein du service Internet (les autres départements
touchés sont le supplément Tentations
et les services administratifs). L'activité Web
va être amputée de la moitié des
effectifs actuels (vingt-deux personnes) et la rédaction
électronique sera réduite à six
journalistes. Le service Internet retrouve ainsi son
niveau de fin 1998, alors qu'il avait atteint une trentaine
de personnes en février 2001. "Naturellement,
c'est un coup dur pour nous, commente un collaborateur
du site. On a l'impression que nous payons un tribut
plus fort que les autres services."
On ne sait pas encore
quels types d'aménagement, notamment des possibles
reclassements, vont être mis en place dans le
cadre du plan social. Serge July, directeur de la publication,
et Jacques Amalric, directeur de la rédaction,
sont venus s'entretenir dans la journée de mardi
avec l'équipe multimédia. "On nous
a clairement indiqué qu'il s'agissait d'un plan
de sauvegarde", précise ce collaborateur.
Dans cette stratégie de retrait, tous les projets
de développement Internet sont gelés et
la priorité va être donnée à
la réactivité dans le traitement de l'information
en ligne, un point sur lequel LeFigaro.fr et LeMonde.fr
mettent eux aussi l'accent.
Libération.fr recensait
environ 1,8 million de visites en juillet, selon la
dernière mesure Cybermétrie connue, un
chiffre probablement dépassé en septembre
en raison de l'actualité liée aux attentats
aux Etats-Unis. Créé en 1995, Libération.fr
fut le premier site d'un quotidien national lancé
en France. En l'espace de six ans, trois directeurs
Internet se sont succédés à sa
tête : Frédéric Fillioux (1995-mai
1999), Michel Colonna d'Istria (juin 1999 - décembre
2000), Laurent Maury (de mars à juillet 2001).
Gérard Desportes occupe actuellement les fonctions
de rédacteur en chef. Les décisions annoncées
par la direction du quotidien interviennent dans un
climat économique morose et une baisse des revenus
publicitaires qui affectent autant la version papier
que sa déclinaison en ligne. En 2000, le site
avait généré des revenus publicitaires
avoisinant les 9 millions de francs. Et l'équipe
multimédia disposait d'un budget d'une dizaine
de millions de francs.
Mais Libération.fr
a d'autres soucis, techniques ceux-là. Les responsables
du site ont retardé d'au moins neuf mois la mise
en ligne de la nouvelle version du quotidien en ligne,
alors que son architecture et sa charte graphique n'ont
quasiment pas changé depuis l'ouverture. Les
responsables Internet rencontrent en effet de sérieuses
difficultés d'adaptation d'une solution logicielle
développée pour le site par Reef.
Autant dire que la réflexion sur la définition
d'éventuels modules payants, un sujet qui préoccupe
tous les éditeurs de sites médias, n'est
pas vraiment d'actualité. Un audit externe a
été lancé, réalisé
par la web-agency Business
Interactif.
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