Le juge des référés de Paris s'est prononcé mardi
après-midi sur la requête déposée par sept associations
anti-racistes, réunies dans le collectif J'accuse,
qui demandent à seize fournisseurs d'accès à l'Internet
(FAI) français de bloquer l'accès au portail américain
"front14.org", qui regroupe plus de 300 sites néo-nazis et
xénophobes. Contrairement à ce qu'avaient demandé sept associations
anti-racistes, le juge des référés, Jean-Jacques Gomez, ne
fait aucune obligation aux FAI de mettre en place un filtrage
empêchant l'accès à ce portail.
Le juge "laisse aux fournisseurs
d'accès (...) le soin de déterminer librement les mesures
qui leur apparaîtront nécessaires et possibles en l'état
des moyens techniques existants, dans le prolongement
de notre constat du caractère illicite du site portail".
Dans son ordonnance, Jean-Jacques Gomez a clairement
jugé "illicite" le site "front14.org" qui prône "la
supériorité de la race blanche et encourage à la haine
et à la discrimination contre les juifs, les arabes,
les noirs et les métèques, et d'une façon générale contre
ce qui y est appelé les sous-races".
Le juge a également invité
la société américaine SkyNetWEB, basée à Baltimore (Maryland,
Etats-Unis), qui héberge le portail Front14.org, "à
préciser les mesures qu'elle compte prendre pour mettre
un terme" à l'accès depuis la France à ce site illicite.
Le société a dix jours pour répondre, mais le juge n'a
pas fixé d'astreinte en cas de non-réponse. A noter
qu'en tapant directement l'URL, le portail de la haine,
Front14.org semble inaccessible depuis plusieurs semaines.
Par ailleurs, le juge a ordonné la fermeture de l'un
des 300 sites hébergés sur "front14.org" et dont l'animateur,
Olivier Devalez, a été identifié et assigné. Site français
de "l'Eglise mondiale du Créateur", il devra être
fermé dans les dix jours sous astreinte de 152 euros
(1.000 francs) par jour de retard.
Pour Marc Knobel, président de J'accuse et vice-président
de la LICRA (Ligue Internationale contre le Racisme
et l'Antisémistisme), la responsabilité
de l'hébergeur américain de Front14.org
a été clairement reconnue par la justice
française. "Les ambiguités ont été
levées à ce sujet", estime-t-il.
Maintenant, sur le terrain du débat sur le filtrage
de l'accès Internet par les FAI français,
Marc Knobel souhaite monter une réunion avec
l'ensemble des FAI pour connaître leurs intentions
à la suite de l'ordonnance rendue. "Depuis
les attentats aux Etats-Unis du 11 septembre, le contexte
global a changé (...) Face à la radicalisation
de mouvements extrêmistes, cela nous aiderait
si les FAI pouvaient se déterminer vis-à-vis
de l'accès à des sites dont le caractère
est clairement ignoble et raciste", souligne Marc
Knobel. Le porte-parole de J'accuse n'a pas précisé
s'il comptait faire appel de l'ordonnance rendue. La
balle est pour le moment dans le camp des FAI.
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