Le fournisseur d'accès
Internet grand public AOL
France a été lancé dans l'hexagone
en mars 1996. Le nombre d'abonnés AOL était
de 1 million en juin 2001, après un développement
basé sur d'importants investissements marketing.
Le FAI figurait d'ailleurs à la 78ème
place dans le top 100 plurimédia des annonceurs
en France en 2000, selon TNS
Secodip.
Les revenus publicitaires
occupent une place stratégique dans le groupe
AOL Time Warner, y compris pour les activités
FAI. Depuis plus d'un an, AOL s'est efforcé de
convaincre les annonceurs traditionnels de venir en
ligne, bien avant que les dotcom ne coupent drastiquement
leurs dépenses publicitaires. Le FAI a ainsi
développé d'étroites relations
avec des annonceurs tels que Auchan
(offre d'accès co-brandée) ou encore Philips,
avec lequel AOL a déployé une communication
internationale. Philippe
Besnard, vice-président de la publicité et du e-Commerce
chez AOL France, dévoile quelques pans du dispositif
publicitaire mis en place sur le site de ses abonnés
et revient sur les évolutions de ces derniers
mois.
Les annonceurs. "Le
séisme de la publicité en ligne a pris
plusieurs formes. Pour nous, cela ne s'est pas traduit
par un effondrement du nombre de campagnes sur notre
site mais par un changement radical des attentes des
annonceurs, des types de clients et de la manière
de travailler avec eux. Les entités Internet
des annonceurs traditionnels et les marques qui n'avaient
rien à vendre sur le Net ont pris une position
dominante cette année dans notre dispositif publicitaire.
Cela a été accompagné par une réflexion
approfondie sur l'utilisation marketing que l'on pouvait
faire d'Internet. Il y a eu une période de consolidation
que l'on ne peut nier mais le résultat final
est une amélioration de l'intégration
de l'e-pub dans le plan de communication et de marketing
global des annonceurs. Nous travaillons aussi de plus
en
plus en coopération
avec les agences média comme Carat ou MPG pour
trouver un langage commun auprès de l'annonceur.
Nous nous efforçons de mettre l'accent sur l'optimisation
des dispositifs, avec un suivi détaillé
de la campagne auprès de l'annonceur qui quantifie
l'impact marketing et mesure l'évolution de la
perception d'une marque au cours du plan média."
Les formats. "Nous
avons choisi de ne pas suivre les sirènes des
nouveaux formats, qui sont selon nous l'arbre qui cache
la forêt. Il n'y a pas de publicité sur
la page d'accueil
des abonnés d'AOL France. Une page que nous avons
voulu très sobre pour privilégier l'éditorial
et nos thématiques. En revanche, la publicité
est présente dans les chaînes. Il nous
arrive de proposer du Flash ou des pop-up avec un ciblage,
mais notre travail de fond se fait au niveau de l'intégration
éditoriale de grandes marques dans nos thématiques.
Nous avons signé avec une dizaine d'entre elles
pour élaborer des dispositifs marketing complets
qui incluent de la publicité traditionnelle et
du contenu éditorial. Avec Pampers, par exemple,
la marque est intégrée dans notre chaîne
famille et nous avons développé avec elle
un contenu éditorial informatif sur la petite
enfance. De plus, nous associons certains de nos principaux
annonceurs à nos propres campagnes publicitaires,
que ce soit dans le mailing ou dans la diffusion de
CD-Rom d'inscription."
L'évolution des prix.
"La possibilité de cibler parfaitement nos
abonnés permet de garder un CPM
élevé, stable par rapport à 2000.
Nous avons eu 2 millions de visiteurs uniques en septembre
avec une moyenne de 6 à 7 heures de temps passé
en ligne pour nos abonnés. Ces données
ne sont pas négligeables et nous permettent de
proposer un ciblage très fin tout en gardant
un nombre de consommateurs touchés relativement
important, grâce à la taille critique de
notre nombre de clients. Nous refusons la vente au clic
ou au nombre de contact.
En revanche, l'intégration éditoriale
des annonceurs traditionnels, qui est réalisée
en interne, a une tarification spécifique. Pour
facturer, nous réalisons une simulation pour
évaluer le nombre d'abonnés qui seront
exposés au contenu. Cette approche se révèle
nettement plus lucrative que le CPM, car le montant
est au moins décuplé pour ce type de dispositif
marketing. Enfin, en ce qui concerne l'évolution
des prix par rapport à l'année dernière,
je trouve qu'ils ont gardé une bonne cohérence.
Ce qui a particulièrement changé, ce sont
les volumes demandés. L'époque où
les gens venaient nous voir pour acquérir des
millions de PAP est révolue."
La durée des campagnes.
"L'intégration éditoriale des
annonceurs est vendue sur un ou deux ans et s'accompagne
d'une communication dans des emplacements publicitaires
classiques. Sur une année, nous travaillons en
moyenne avec 200 annonceurs, dont une cinquantaine a
signé pour une présence annuelle sur notre
site. Il s'agit surtout d'annonceurs de la finance,
de l'assurance et du voyage. La durée nous permet
d'optimiser peu à peu la communication et d'affiner
les emplacements publicitaires les plus efficaces pour
chaque client. Dans le cas des contrats annuels, nous
nous engageons à accueillir chaque type d'annonceur
en exclusivité ou en co-exclusivité et
d'intégrer aussi des fonctionnalités spécifiques,
comme un moteur de recherche de billets d'avions pour
un voyagiste, par exemple. A côté de cela,
nous avons des annonceurs qui souhaitent une présence
ponctuelle sur notre site et qui sont présents
pour quinze jours ou un mois à l'occasion du
lancement d'un produit."
Les types de rotations publicitaires.
"Pour les sites marchands, comme les voyagistes
ou les sites de vente de produits culturels, la demande
est toujours à un fort volume avec des rotations
générales. Chez les annonceurs traditionnels
qui sont présents à l'année, le
ciblage thématique est demandé mais il
n'empêche pas de faire évoluer les emplacements.
Si un constructeur automobile va avant tout demander
la chaîne spécialisée dans son secteur,
la rubrique Femme peut aussi l'intéresser, par
exemple. Il est toujours intéressant d'être
présent dans une rotation plus générale
pour une exposition plus large de nos abonnés
au message publicitaire. Pour les newsletters et l'envoi
de mailing, nous avons une règle : tous les mails
envoyés à nos abonnés et venant
d'AOL restent une relation exclusive entre le FAI et
l'internaute. En revanche, nous développons depuis
près de six mois la newsletter de notre espace
shopping, shop@AOL. Nous demandons systématiquement
l'autorisation pour envoyer à l'internaute tel
type de produit et telle marque. D'une manière
générale, le taux de remplissage de nos
espaces publicitaires (bannières, boutons, etc.)
est supérieur à 80% mais cela reste fluctuant
selon les périodes de l'année."
La régie. "Depuis
le début, nous avons opté pour la régie
interne car nous ne pourrions pas développer
notre offre marketing et publicitaire en sous-traitant
le travail. Le choix d'une régie externe est
formidable pour des sites thématiques mais pour
un portail tel que le nôtre, cela n'est pas concevable.
L'équipe de la régie est composée
d'un peu moins de 35 personnes. Chaque annonceur dispose
d'un interlocuteur spécifique pour discuter de
sa présence dans nos espaces et il reçoit
un rapport mensuel sur l'efficacité de la campagne.
Nous avons décidé de ne pas dissocier
la partie commerciale des activités d'AdServing
et, d'une manière générale, l'équipe
est surtout composée d'anciens du marketing plutôt
que de la publicité ou de l'achat d'espace. Cela
nous permet de développer toute une réflexion
marketing et d'optimisation de nos emplacements publicitaires."
Les revenus. "Nous
ne communiquons pas sur la part de nos revenus publicitaires
sur le total. Mais il est certain que notre activité
globale a fortement augmenté et que le chiffre
d'affaires publicitaire et marketing s'est accrû
dans les mêmes proportions."
L'avenir. "Je
suis optimiste sur la manière dont la réflexion
a maturé chez les annonceurs et les marqueteurs.
Les annonceurs traditionnels ont maintenant compris
un certain nombre de mécanismes sur le fonctionnement
de la publicité en ligne. Chez AOL, nous avons
eu une approche de fourmi en 2000 en cherchant à
convaincre les grandes marques d'annoncer en ligne et,
aux moments où les cigales ont déchanté,
nous avons réussi à maintenir le cap.
Selon moi, la demande est là, le besoin existe
et notre savoir-faire s'améliore. Ces différents
facteurs conjugués devraient permettre une bonne
année 2002 même s'il nous faut malheureusement
rester très attentifs à la situation économique
et politique internationale."
AOL
France en chiffres
|
Création |
Mars
1996
|
Maison-mère |
AOL
Time Warner
|
Effectif |
270
personnes
|
Régie publicitaire
|
Régie
en interne. Equipe de 35 personnes
|
Résultat 2000 |
Selon
le journal Les Echos, AOL France aurait réalisé
un chiffre d'affaires de 87,6 millions d'euros.
|
Prévisions 2001 |
AOL Time Warner table en 2001 sur une progression
de son chiffre d'affaires comprise entre 5 et
7%, à 38,7 milliards de dollars.
|
Rentabilité |
AOL
France est rentable selon le critère de
l'exploitation mais réalise d'importants
investissements marketing qui ne lui permettent
pas d'être à l'équilibre.
|
Part du CA générée
par la publicité |
Au
troisième trimestre, AOL worldwide a souffert
d'une chute de 12% de ses recettes publicitaires
et de e-commerce par rapport au 2ème trimestre
2001
|
Part des annonceurs
traditionnels |
En 2000 :
50% de "pure players" et 50% de click
& mortar
En 2001 : Les annonceurs traditionnels (surtout
les marques de la grande distribution) et les
click & mortar représentent 75% du
total. Les dotcom sont encore présents
à 25%.
|
Taux de remplissage
|
Supérieur
à 80%
|
Evolution du CPM |
Stable
par rapport à 2000.
|
Audience |
2 millions
de visiteurs uniques en septembre 2001 (source
MMXI)
|
Abonnés newsletter
shop@AOL |
50 à
60 000 personnes
|
PDG |
|
CPM : coût pour mille
bannières affichées
PAP : pages vues avec publicité
|