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5 : Pierre Paperon (ex-AltaVista) redescend de ses montagnes
Après avoir supervisé le développement international du moteur de recherche puis conquis l'Everest, l'ancien président Europe d'AltaVista va intégrer un grand groupe français "traditionnel". --> (Mercredi 28 novembre 2001)
         

"La vue d'en haut". Pierre Paperon, l'ancien patron Europe du moteur de recherche américain AltaVista, vient de mettre en pratique la traduction littérale du nom de la société en se lançant, à titre personnel, dans un défi très physique : l'ascension de l'Everest. Un rêve d'enfance pour ce montagnard chevronné qui a quitté fin janvier 2001, pour "divergence stratégique", ses fonctions et son bureau de Londres, un an après avoir inauguré la version française d'AltaVista en février 2000.

"Sidérant" est l'expression qui revient le plus souvent dans la bouche des quelques privilégiés qui ont assisté à une projection du film tourné avec une petite caméra par Pierre Paperon à l'occasion de son périple sur le Toit du Monde. L'aventure a été calculée au plus juste après un entraînement intensif en février-mars et une phase d'acclimation dans le massif de l'Himalaya en avril. Le mois suivant, c'est le grand bond avec une équipe d'alpinistes qui partagent tous la même ambition. "Je suis monté à 8 700 mètres d'altitude [NDLR, le sommet se situe exactement à 8 886 mètres] mais je n'ai pas pu aller plus loin à cause d'un problème à l'oeil", raconte l'alpiniste, qui garde visiblement des images fortes de cette expédition montée par une agence spécialisée dans l'organisation de voyages extrêmes.

A l'issue de cette aventure, Pierre Paperon a récupéré 20 heures de films, devenues un documentaire de 52 minutes, qu'Arte doit diffuser dans deux mois. Depuis son retour en France en juin, Pierre Paperon a partagé son temps entre les exercices de remise en forme (il a perdu 24 kilos dans l'expédition) et les périodes de repos. Aujourd'hui, il s'apprête à revenir aux affaires dans un grand groupe français. S'il reste discret sur ses nouvelles attributions dans ce groupe "traditionnel", celles-ci lui permettront pourtant de continuer à se frotter au monde de l'Internet.

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Avec le mont AltaVista, c'est une tout autre ascension que cet ancien consultant chez McKinsey avait initiée fin 1999... mais celle-ci a un vrai goût d'inachevé. A l'époque, Rod Schrock, le président de la société américaine, lance une politique tous azimuts de développement international en pariant sur une introduction en Bourse pour financer cette expansion. Moteur de recherche à l'origine, AltaVista ambitionne de devenir un réseau de portails et une quarantaine de versions locales sont déployées. L'objectif est de monter (décidément...) sur le podium des grands portails internationaux sur les traces de Yahoo. La version française voit le jour en février, sous la houlette de Pierre Paperon, qui en est à sa cinquième création d'entreprise.

Malgré quelques soucis pour récupérer son nom de domaine en .fr, le nouveau portail s'intégre dans le paysage Internet français. A l'époque, il a deux avantages clairs : la marque forte AltaVista, connue par les internautes de la première heure, et un moteur de recherche performant malgré quelques ratés lors du lancement français. "Je garde un très bon souvenir de cette période d'un an et demi au sein d'AltaVista, tant en terme humain que d'aventure, commente Pierre Paperon. Après, on peut avoir des regrets sur la distance qui sépare la Californie [NLDR, où se trouve le siège d'AltaVista] de l'Europe." Traduisez : le manque de communication entre les deux entités.

En mai 2000, il laisse les commandes d'AltaVista France pour superviser les activités Europe et internationales depuis Londres. Il effectue des voyages en Australie, en Inde et au Brésil pour inaugurer les versions locales. Mais, les nuages s'accumulent après l'e-krach du printemps : le plan d'introduction en Bourse est jeté aux oubliettes et le groupe doit se serrer la ceinture. L'ex-start-up devenue mammouth (un millier d'employés aux Etats-Unis) engage un vaste plan de suppressions de postes sous la pression de son actionnaire CMGI pour parvenir à un effectif maximum de 300 personnes et demande à sa branche Europe de participer à l'effort. Pierre Paperon l'accepte mal. "J'avais clairement limité de mon côté la politique de recrutement (130 personnes en tout) et nous étions en train de passer le 'break even'. AltaVista US a insisté. J'ai envoyé par mail la liste des 40 employés concernés par le plan. Mon nom figurait en premier", raconte-t-il aujourd'hui.

Au-delà de l'aspect social, Pierre Paperon doutait aussi de la stratégie axée sur le développement des portails. "Il fallait revenir rapidement aux sources d'AltaVista et développer le moteur en terme de rafraîchissement et de pertinence", affirme-t-il. Mais c'est Google qui a remporté la mise et n'a cessé depuis de creuser l'écart en terme d'innovations et de quantité de pages indexées. Alors que Google a l'oeil rivé sur plus de 600 millions de pages Web, AltaVista n'en indexe que la moitié.

"Les jeunes entrepreneurs n'ont pas intégré la notion de risque"

De son passage chez AltaVista, ce passioné d'alpinisme retient un symbole : "Quand je suis arrivé, le logo avec la montagne était retiré. Lorsque j'y suis parti, il a été remis en place". Quant à la période 1999-2000, celle de l'émergence des start-up, Pierre Paperon en garde un souvenir mitigé. "De jeunes créateurs ont eu des moyens considérables trop rapidement. Je ne suis pas sûr qu'ils aient eu le temps d'acquérir la notion de risque intimement liée à l'entrepreneur. Ce sera peut-être une génération gâchée, cassée en terme de logique d'apprentissage professionnel", commente-t-il.

Parallèlement, il juge sévèrement les agences de publicité, qui ont fait miroiter aux start-up la possibilité de développer rapidement la notoriété de leur marque. "C'était pipeau et je le regrette d'un point de vue déontologique", tranche celui qui a passé cinq ans dans le monde de la communication, chez Havas Advertising. "Après l'ère des start-up, la prochaine étape sera l'intégration de l'Internet dans le process des grandes entreprises, qui va entraîner des changements en terme de réactivité et de prises de décision", estime-t-il. Un début de programme pour ses nouvelles fonctions.

[Philippe Guerrier, JDNet]
 
 
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