Trop c'est trop : la contribution
versée cette année par les fournisseurs
d'accès Internet (FAI) au titre du Service Universel
déclenche un début de polémique
qui pourrait s'amplifier rapidement. Pour beaucoup de
FAI, l'addition 2001, avant même la mise en place
de forfaits internet illimités, est un peu trop
salée. Selon l'ART, la taxe liée au Service
Universel (créé pour soutenir le déploiement
du réseau téléphonique en zones rurales, la gestion
des cabines téléphoniques, des services d'annuaires
ou des numéros d'urgence) devrait rapporter 2,72
milliards de francs. "Or cette année, selon
nos calculs, avance Jean-Christophe Le Toquin, délégué
général de l'AFA, les FAI devraient contribuer
à hauteur de 25% sur le Service Universel."
Soit un montant d'environ 680 millions de francs pour
les FAI, les 2,04 milliards restant provenant
des opérateurs télécoms.
En
vertu de la loi de réglementation des télécommunications
datant de 1996, les entreprises disposant d'une licence
de type L 33-1 ou L.34-1 participent en effet au financement
du Service Universel. En 2001, cette taxe se montait
au maximum à 86 centimes par minute facturée.
Si l'on se réfère à la liste des
opérateurs disposant de ce type de licences,
plus de 90 acteurs industriels assurent aujourd'hui
le financement du Service Universel (Cegetel, Kaptech,
Tiscali Telecom, Free Telecom, Noos...). Parmi cette
famille de contribuables téléphoniques,
le cas de France Télécom est, lui, particulier :
en amont, l'opérateur historique est le plus
gros contributeur du Fond de Service Universel (l'organe
centralisateur). Dans le même temps, en aval,
France Télécom a pour mission d'assurer
la réalisation du Service Universel sur le territoire
national en s'appuyant sur les montants collectés.
Au milieu de ces quelque
90 acteurs, la part issue des FAI est pourtant cette
année en pleine expansion. Une hausse qui traduit
la forte croissance du trafic IP par rapport au trafic
voix. Actuellement, le trafic IP représenterait
déjà un tiers du trafic total. Mais cette
montée en flèche sur les flux IP n'explique
pas tout. L'amplification
du phénomène "forfaits Internet"
a plombé en 2001 un peu plus l'addition des FAI.
Les premières
offres d'accès Internet étaient en effet
basées sur une formule d'accès pur (un
abonnement facturé par le FAI), les minutes consommées
par les internautes sur la Toile revenant alors à
l'opérateur télécoms. Dans ce schéma,
les FAI n'étaient donc pas taxables au titre
du Service Universel.
Depuis, le système
a évolué avec la vulgarisation des formules
forfaitaires, à savoir un accès Internet
accompagné d'un nombre d'heures télécoms
pré-déterminé. Avec cette formule,
ce sont les FAI qui prennent la relation clientèle
de A à Z. De facto, ils ont pris en main le paramètre
"pourcentage Service Universel" dans l'élaboration
de leur tarification à destination de leurs abonnés.
Une partie des revenus est répercutée
du côté de l'opérateur télécoms,
qui transmet ensuite au Fond dédié.
Jusqu'ici, ce coût
était considérée comme "résiduel"
pour les FAI. Jusqu'ici seulement : avec le discours
récurrent sur les offres forfaitaires illimitées,
ce coût devient potentiellement de plus en plus
problématique pour les FAI. Car qui dit communication
longue durée côté abonné,
dit augmentation substantielle de la contribution Service
Universel côté provider. Un nouvel éclairage
qui pourrait expliquer en partie la frilosité
actuelle des FAI à proposer des offres d'accès
Internet illimité, et ce malgré les progrès
effectués dans le domaine de l'interconnexion
forfaitaire illimité (lire l'article
JDNet du 03/12/01). "L'AFA est en train
de finaliser ses recommandations sur le sujet, indique
Jean-Christophe Le Toquin. Nous estimons que c'est un
véritable élément de distorsion
par rapport aux autres pays européens."
Début décembre,
Les Echos ont révélé que le Ministère
des Finances et de l'Economie avait entamé une
"consultation" dans ce sens auprès
des professionnels du secteur afin de faciliter le déploiement
d'offres en illimité. Une démarche qui
pourrait aboutir à une révision de la
méthode de calcul ou du coût du Service
Universel. "Sur
le principe, nous estimons qu'il n'est pas choquant
de contribuer au financement de ce service, explique
un professionnel du secteur FAI. C'est un peu grâce
à lui que nous pouvons toucher un abonné
RTC au fond de la Corrèze. Mais, dans la perspective
des forfaits Internet illimités souhaités
par les pouvoirs publics, la situation va devenir catastrophique".
L'évolution du modèle de financement du
Service Universel est posée depuis deux ans.
Mais le sujet est sensible car lié à la
notion de service public. Cela reste une patate chaude
tant pour l'ART que pour les législateurs".
En l'état, peu de chance donc que le dossier
ne bouge avant les prochaines échéances
électorales.
La
France condamnée pour son application du
Service Universel
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Début décembre, La Cour de justice
de la Communauté européenne a condamné
l'Etat français pour "non conformité
aux directives européennes" du Service
Universel. Selon cette décision, France Télécom
va devoir rembourser des trop-perçus aux opérateurs
alternatifs entre 1997 et 1998. Un montant qui s'élèverait
à 17 millions d'euros pour les deux années.
Le remboursement pourrait se concrétiser
sous la forme d'exonérations sur les contributions
à venir. La Cour européenne de justice
a également dénoncé certaines
méthodes de calcul jugées "non
objectives et transparentes". Cette décision
intervient après le dépôt d'une
plainte en mai 1999 de l'Association Française des
Opérateurs Privés en Télécommunications (AFOPT)
et de l'Association des Opérateurs de Services de
Télécommunications (AOST) auprès de la Commission
européenne. Celle-ci a décidé de traduire la France
devant la Cour européenne de justice en avril 2000.
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