Médias
Alcatel et Thomson Multimedia inventent l'ADSL à tout faire
Leur joint-venture, Nextream, a dévoilé hier son décodeur ADSL "3 en 1" qui marie Internet, téléphonie et télévision. Les premiers tests ont débuté au Canada. --> (Mercredi 19 décembre 2001)
         

"Et si vous commandez trois pizzas avec votre télé, vous obtenez une séance de vidéo à la demande gratuite..." Pas de doute, depuis hier, l'ADSL s'est trouvé une nouvelle dimension. Pour convaincre de l'importance du phénomène, Serge Tchuruk et Thierry Breton en personne, les PDG respectifs de Alcatel et de Thomson Multimedia, n'ont pas hésité à présenter pendant près de deux heures les nouveaux domaines d'application du haut débit grâce au décodeur intégré ADSL. "Ce décodeur, qui est déjà en phase de test au Canada, sera proposé sur le marché dès l'été prochain", annonce Thierry Breton. Son prix de commercialisation, qui dépend du choix de l'opérateur responsable de la connexion ADSL, devrait se situer autour de 300 euros.

Né sous l'impulsion de Nextream, la joint-venture entre Alcatel et Thomson Multimedia, ce décodeur ADSL s'apparente physiquement au banal boîtier déjà proposé par Canal Plus, CanalSatellite ou TPS. Mais sous le capot, la technologie est radicalement différente. "Nous sommes arrivés à un stade de développement où il est désormais possible de faire cohabiter plusieurs flux sur l'ADSL, explique Serge Tchuruk. Aujourd'hui, l'accès Internet, le téléphone classique et la télévision peuvent passer par le même support." Ce nouveau décodeur est donc relié à la fois au PC, au téléphone et à la télévision, voire à la chaîne hi-fi. Amateurs de connectique, vous voilà prévenus.

Après avoir soutenu l'ADSL, le téléphone se fait absorber

Si pour l'ordinateur, l'arrivée de l'ADSL n'est pas une révolution, en revanche pour le téléphone et la télévision le concept est plus novateur. "Avec ce décodeur, poursuit Serge Tchuruk, la ligne de téléphone standard est absorbée par l'ADSL sans aucune différence, le numéro reste le même. Le signal est simplement supporté par l'ADSL. Cette évolution nous permettra très rapidement de multiplexer les lignes et d'offrir, avec un seul décodeur, cinq lignes téléphoniques différentes." Une évolution qui devrait séduire le marché des professions libérales, des artisans et des TPE.

Concernant la télévision, le décodeur permet cette fois d'avoir accès à un portail interactif qui s'apparente visuellement à ceux proposés par les opérateurs satellitaires. Mais les fonctionnalités proposées ici sont d'un autre acabit : boîte e-mail, pay per view, films à la demande et les fameuses commandes de pizzas depuis sa télévision. S'y ajoute un bouquet de chaînes tout à fait standard d'une qualité d'image comparable au broadcast classique. Une qualité de diffusion que le duo Tchuruk-Breton n'a pas hésité à éprouver en diffusant des images d'une compétition de golf sur un téléviseur grand écran. La différence avec une chaîne de télévision hertzienne est imperceptible. Un tour de force technologique quand on sait que l'ensemble de ces services transitent par l'ADSL.

Un bouquet de chaînes TV
via l'ADSL

"70 % des foyers français peuvent bénéficier avec l'ADSL d'un débit moyen de 4 Mbits/s, explique Thierry Breton. Cette qualité de débit dépend de la longueur de la boucle locale qui dessert l'abonné. Avec nos technologies de compression vidéo MPeg, nous avons réussi à obtenir une très bonne qualité d'image pour un débit de 1,5 Mbits/s. Donc, sur un même accès ADSL à 4 Mbits/s, nous pouvons faire transiter à la fois le téléphone, la liaison Internet pour le PC et deux ou trois flux de vidéo." Un score qui devrait encore être amélioré dans les années à venir puisque Nextream travaille aujourd'hui sur un niveau de compression vidéo à 0,7 Mbits/s.

Cette possibilité de "coucher" un bouquet de chaînes et de services sur l'ADSL pour une qualité d'image standard débouche sur de multiples applications. Parmi elles, la vidéo à la demande, testée aujourd'hui au Canada avec l'appui du fournisseur de solutions iMagicTV, révèle quelques fonctions remarquables. L'achat ou la la location d'un film via le décodeur permet à l'abonné d'avoir une liberté d'action comparable à celle offerte par un DVD à domicile. Chaque décodeur étant relié en point-à-point avec le serveur central, l'abonné peut à loisir mettre en pause le film, le rembobiner ou l'accélérer. "Ces mêmes fonctions, explique Thierry Breton, permettront aux abonnés de regarder en décalé les programmes de télévision. Si vous êtes en retard, vous pourrez ainsi regarder le journal de 20 heures à 20h15."

TF1 s'intéresse au nouveau décodeur

Pour se préparer à ces nouveaux modes de consommation de la télévision, Thomson Multimedia a annoncé il y a quelques jours le rachat de l'américain Grass Valley Group pour 172 millions de dollars en numéraire. Cette société est justement spécialisée dans les serveurs de stockage vidéo. "Il est clair qu'avec le haut débit nous allons vers la numérisation des contenus, poursuit Thierry Breton. Toute une chaîne d'activité liée aux médias doit aujourd'hui s'y préparer." Dans cette perspective, le tandem Alcatel-Thomson Multimedia serait déjà en discussions avec TF1 qui a, semble-t-il, montré un vif intérêt pour ce nouveau décodeur.

Les sites

Reste à savoir comment va se structurer le marché face à cette nouvelle offre écartelée entre la téléphonie, le Net et la télévision. Sur ce terrain, opérateurs télécoms, groupes médias et FAI peuvent tour à tour, et à juste titre, montrer des velléités. "Je crois que l'univers concurrentiel est en train de basculer, analyse Serge Tchuruk. Nous passons d'une concurrence frontale entre opérateurs historiques et opérateurs alternatifs à une concurrence frontale entre opérateurs télécoms et câblo-satellito-opérateurs". Cette mutation ne semble pas déplaire aux équipementiers Alcatel et Thomson Multimedia. Serge Tchuruk et Thierry Breton y voient même un bouillonnement favorable à un certain dynamisme. Numéro un mondial sur le marché de l'ADSL avec un chiffre d'affaires commun de 1,2 milliard d'euros, les deux groupes affichent une seule crainte sur le marché français : le faible taux de pénétration de l'ADSL avec, à l'heure actuelle, moins de 500 000 abonnés.

Vastes mouvements sur le marché des décodeurs

L'arrivée du décodeur ADSL de Thomson Multimedia tombe à un moment où le marché des boîtiers est des plus agités outre-Atlantique. En entrant en fin de semaine dernière à hauteur de 10 % dans l'opérateur satellitaire américain EchoStar, Vivendi Universal a prévu dans les accords que le logiciel de télévision interactive MediaHighway, développé par Canal Plus Technologies, équipera la moitié des nouveaux décodeurs fournis aux abonnés. Cet accord porte sur un marché potentiel de 1 million de décodeurs par an.
Thomson Multimedia, aux côtés de Sony, détient 3 % de Canal Plus Technologies, Vivendi Universal couvrant le capital à hauteur de 89 %. La société équipe aujourd'hui plus de 12 millions de décodeurs dans le monde.
Or EchoStar, qui travaille historiquement avec le fabricant suisse de décodeurs Kudelski et avec l'américain Open TV, doit fusionner avec l'opérateur satellitaire concurrent DirecTV, qui s'appuie lui-même pour ses décodeurs sur NDS, une filiale du groupe de Rupert Murdoch. Kudelski, qui soutient EchoStar dans son rapprochement avec DirectTV, aurait réussi à écarter NDS du futur groupe né de la fusion des opérateurs où coexisteraient également en qualité de fournisseurs Open TV et Canal Plus Technologies.
En choisissant la voie de l'ADSL, Thomson Multimedia peut donc espérer trouver un nouvel angle d'attaque pour ses décodeurs sur un marché où la compétition fait rage.

[Ludovic Desautez, JDNet]
 
 
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