Des pionniers en remplacent
un autre. Lycos Europe a annoncé hier le départ
de Michel Meyer, père fondateur de Multimania
et directeur général de Lycos France.
Il sera remplacé à ce poste par Alexandre
Roos, l'un des fondateurs de Caramail. Le nouveau directeur
général France sera épaulé
par Orianne Garcia et Christophe Schaming, les deux
autres fondateurs de Caramail. L'Allemand
Jans Uwe Intatt, directeur général et directeur financier
de Lycos Europe, qui était présent à
Paris ce mardi, explique que le départ de Michel
Meyer survient alors que la "phase de consolidation
des acquis en France s'achève".
Michel
Meyer avait pris les commandes de Lycos France en novembre
2000 à la suite des différents rachats
effectués par Lycos Europe. En quelques semaines,
le groupe allemand avait digéré Spray
Network, le service de messagerie Caramail.com et le
service d'hébergement de pages personnelles MultiMania.com,
fondé en 1996 par Michel Meyer. A l'époque,
le pionnier du Net avait pour lettre de mission d'intégrer
les différents services ainsi acquis sous la
marque ombrelle Lycos. Pour ce faire, Michel Meyer
avait constitué un comité de direction
Lycos France à cinq têtes, qui a été
présenté officiellement en mai 2001.
Depuis, cette "dream
team" a volé en éclats. Marie-Christine
Levet, directrice historique de Lycos France, a récemment
quitté le groupe pour prendre la présidence
de T-Online France, qui exploite le service d'accès
Club-Internet. C'est donc au tour de Michel Meyer de
quitter le groupe allemand. Désormais, le trio
fondateur de Caramail est seul aux commandes de Lycos
France, Alexandre Roos remplaçant Michel Meyer.
Le nouveau comité de direction intègre
également Orianne Garcia, directeur général de
Caramail, et Christophe Schaming, directeur technique
de Caramail.
L'annonce du départ
de Michel Meyer n'est pas une réelle surprise.
Depuis la rentrée dernière, moult bruits
couraient dans ce sens. Ce sont davantage les circonstances
qui suscitent désormais des interrogations. Plusieurs
raisons peuvent être évoquées pour
expliquer le choix du fondateur de Multimania. Comme
la volonté de prendre du recul après une
consolidation des activités de Lycos qui a débouché,
l'été dernier, sur un plan social. Ce
plan a touché une quarantaine de personnes sur
un effectif total de 216 personnes. Mais, suite à
un grand nombre de démissions, Lycos France ne
compterait plus aujourd'hui que 130 salariés.
Dans un groupe de
la taille de Lycos Europe (l'entreprise dispose d'un
effectif total de 1.000 personnes), il n'est pas exclu
que Michel Meyer ait également dû à
affronter des désaccords en matière d'orientation
stratégique sur l'évolution des services
en ligne.
Actuellement, Lycos Europe
recense plus de 2,4 milliards de pages vues par mois
avec une présence dans 11 pays (Allemagne, Belgique,
Danemark, Espagne, France, Grande-Bretagne, Italie,
Pays-Bas, Norvège, Russie et Suède). Le réseau
de portails européens a dégagé
un chiffre d'affaires de 32,9 millions d'euros pour
la période de janvier à septembre 2001
(chiffres non audités). Sur la même période,
le groupe affiche un EBITDA négatif de -27,2
millions d'euros pour une perte nette de 38,6 millions
d'euros.
La rentabilité de
Lycos Europe est envisagée à l'horizon
2003-2004 grâce à une diversification des
sources de profits. Actuellement, 29% des revenus proviennent
de la publicité, 35% de l'e-commerce, 21% des
services d'interconnexions et 15% sont à ranger
dans la catégorie "divers". L'année
2002 pourrait se révéler décisive
pour Lycos Europe. Car ses principaux actionnaires devraient
annoncer des mouvements stratégiques. Le groupe
Terra Lycos, qui détient 29,6% du capital, pourrait
monter dans le capital tandis que le groupe Bertelsmann,
présent à hauteur de 18,4%, pourrait au
contraire s'effacer pour assainir ses comptes avant
une introduction en Bourse.
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