A
l'ombre des grandes places de marché, supportées
par des multinationales, poussent des acteurs verticaux
répondant aux besoins directs de filières
précises. C'est le cas de Tomatoland, une place
de marché d'origine française spécialisée
sur le secteur de la tomate à usage industriel.
"Le marché de la tomate se scinde en deux,
précise Yanik Mezzadri, PDG de Tomatoland. Vous
avez la tomate de bouche, consommée telle que,
et la tomate d'industrie qui est transformée
pour produire, principalement, du ketchup". Cette
dernière couvre 25 des 100 milions de tonnes
annuelles que représente le marché mondial
de la tomate.
Positionnée
donc sur le ketchup, Tomatoland réunit des agriculteurs,
des coopératives, des acteurs de l'agroalimentaire
(Heinz, Amora, Campbell) et de l'emballage, des fournisseurs
en semences, des spécialistes de la machine agricole
et des marques de la grande distribution (Auchan, Carrefour).
En tout, quelques 600 membres répartis dans 70
pays participent à cette place de marché
internationale. Ils y négocient, selon le principe
de l'offre et de la demande des tomates, des graines,
des concasseurs ou encore des boîtes de conserve.
Le tout servant, d'une manière ou d'une autre,
à "faire" du ketchup. Dernière
transaction en date : un appel d'offres d'une usine
de conserves française sur 60 tonnes de concentré
de tomates. Neuf sociétés européennes
ont répondu à cette demande. Le mieux
offrant, qui proposait un tarif de 0,64 euro au kilo,
a été retenu après une contre offre
de l'acheteur à 0,62 euro.
L'idée
de cette place de marché verticale a germé
en 1998 dans l'esprit de Yanik Mezzadri qui était
alors négociant spécialisé sur
le marché... de la tomate d'industrie. "Le
métier de négociant évoluait de
plus en plus vers celui de courtier, explique-t-il.
Internet est donc très vite apparu comme un développement
naturel de l'activité". Plutôt que
de se lancer tête baissée, Yanik Mezzadri
a préféré laisser mûrir le
projet pendant 18 mois. Pour convaincre des investisseurs,
l'idée initiale a été élargie
au fil du temps. "Se limiter au courtage est trop
restrictif et les efforts commerciaux nécessaires
pour s'imposer sont énormes, souligne Yanik Mezzadri.
Nous avons donc décidé d'accentuer l'aspect
communautaire afin dé fédérer l'ensemble
des professionnels du secteur en proposant du contenu
spécifique et thématique".
En
signant un contrat de trois ans avec le Cmiti d'Avignon
(Centre mondial d'information de la tomate d'industrie),
TomatoLand bénéficie d'un flux de deux
ou trois articles édités chaque semaine
sur son site. Aux côtés de ces papiers
d'actualité, se trouvent des dossiers thématiques
consacrés aux aspects techniques, à la
météo ou encore à la logistique.
"Nous avons également développé
des outils afin de suivre les marchés, poursuit
Yanik Mezzadri. Nous proposons un indice des prix mensuel
et un rapport sur l'état des marchés,
actualisé tous les quinze jours."
Pour
son ouverture en octobre 2000, TomatoLand a bénéficié
d'un premier tour de table de 502 000 euros apportés
par des business-angels. Une manne qui a permis à
la place de marché d'ouvrir un bureau en Chine
(le pays représente 60 % du volume de tomates
écoulées sur Tomatoland) et de tisser
un réseau de correspondants locaux (Turquie,
Pologne, Californie, Chili, Portugal, Afrique de l'Ouest).
Avec
un effectif de quatre personnes, la société
a réalisé un chiffre d'affaires de 205 000
euros l'année passée. 60 % de ce
montant proviennent de la commission de 1 % payée
par les vendeurs sur les transactions effectuées
dans les deux espaces de courtage du site. Le premier
espace est dédié aux produits directement
liés à la tomate. Le second, lancé
en octobre dernier, concerne spécifiquement les
emballages. "Cette année nous allons évoluer
vers un système d'abonnement afin de valoriser
notre force communautaire. Le forfait devrait, selon
les cas, être situé entre 800 et 1 500
euros par an". En 2001, pour sa première
année complète d'activité, la place
de marché a écoulé 13 500
tonnes de tomates en ligne pour un volume de transactions
de 7,5 millions d'euros.
Grâce
aux abonnements et à la mise en place d'outils
promotionnels sur son site (bannières, sponsoring
de mailing), Tomatoland estime pouvoir atteindre le
point d'équilibre avant la fin de l'année
d'autant que sa principale concurrente, une place de
marché américaine consacrée à
la tomate, vient de mettre la clef sous la porte. "D'ici
mars prochain, nous devrions également boucler
une nouvelle augmentation de capital de 400 000
euros", avance Yanik Mezzadri. Ce deuxième
tour de table devrait notamment permettre à la
place de marché de racheter un support presse
international spécialisé sur le marché
de la tomate.
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