L'Association française
pour le nommage Internet en coopération (Afnic), en
charge de la gestion du ".fr", est un des
acteurs à la source de la réflexion pour
élaborer un domaine de de premier niveau ".eu".
Ce projet entre dans le cadre du programme eEurope.
Dans un appel à contribution du 2 février 2000, la Commission
européenne a évoqué ce sujet. Le projet étant
soumis à la procédure de co-décision (Conseil et Parlement
européen), il est fortement ralenti compte tenu de points
de vue divergents entre pays membres de l'Union européenne
(UE). Toutefois, quelques grands traits de la gestion
commencent à émerger autour de ce nouveau
nom de domaine qui voudrait jouer le rôle du grand
frère fédérateur face au ".com".
Olivier
Guillard, chef de projet du ".eu" pour le
compte de l'Afnic, estime que l'horizon se dégagera
d'ici la fin 2002. Au mieux.
Où
en est l'établissement d'un ".eu" ?
Olivier Guillard. Cela fait trois ans que nous
travaillons sur ce projet. Les fruits de nos recherches
sont compris dans le projet EuReg [NDLR, pour European
Registry], qui jette les bases de ce qui
pourrait devenir le registre opérationnel du
".eu". Il est possible de consulter le résultat
des travaux sur le site Ec-Pop.org, un forum en ligne
mis en place avec la bienveillance de la Commission
européenne. Nous partons d'un constat : chaque
pays européen gère à sa façon
ses noms de domaine. Nous cherchons via EuReg à
élaborer un système qui reprendrait les
meilleurs pratiques des différents pays. Nous
avons entamé des discussions avec une dizaine
de structures locales en charge du nommage Internet
("nic") en Europe. Nous sommes en train de
monter une plate-forme de test pour être prêt
fin 2002. Nous voudrions refléter la diversité
de l'Europe.
Quels
types de difficultés rencontrez-vous pour monter
le ".eu" ?
Certains Etats prônent l'établissement
d'un ".eu" dans un cadre réglementaire
et d'autres dans un cadre consultatif. La question de
la délivrance du nom de domaine sur la base du
"premier arrivé, premier servi" n'est
pas réglée. Des grandes tendances se dégagent
toutefois : nous recherchons à monter un registre
basé sur une structure simple, fiable et robuste.
Certainement sous la forme d'une entreprise à
but non lucratif. Le "eu" sera ouvert au plus
grand nombre de personnes en Europe. Les particuliers
pourront y accéder mais les modalités
d'attribution restent en cours de discussion. Le registre
fonctionnerait sous un mode centralisé mais avec
la possibilité pour les "nics" d'apporter
de la valeur ajoutée auprès de ses structures.
Il faut également avoir dans l'esprit que l'Union
Européenne va s'élargir. Nous prenons
déjà contact avec les "nics"
en dehors de l'UE pour qu'ils soient informés
de l'avancée des travaux. Nous avons une visibilité
moyenne. Mais nous voudrions mettre en place une plate-forme
opérationnelle fin 2002.
Les
nouvelles extensions (.biz ou .info) ont beaucoup de
mal à se faire une place. En quoi le ".eu"
pourrait-il faire mieux ?
Le
"eu" ne doit pas être considéré
comme une extension de plus pour les utilisateurs. Nous
voulons qu'elle devienne le nom de domaine fédérateur
des Européens. Je pense que les grandes entreprises
auront la possibilité de démultiplier
leur présence sous plusieurs noms de domaine.
En revanche, les petites entreprises seront peut-être
intéressées par le ".eu", qui
serait une zone de confiance et de transparence. Après,
il faut prendre en compte Les stratégies de marketing
et de marchés déployées sur Internet
mais il existe des organismes (ONG, PME, etc.) qui n'ont
pas forcément intérêt à prendre
un .com, qui est plus difficile à localiser.
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