Le marché de la distribution
musicale en ligne, dominée par les grands groupes,
laisse peu de place aux petites sociétés.
Sauf si ces dernières s'attachent à exploiter
un segment délaissé par les généralistes
des produits culturels. Telle est l'option choisie depuis
deux ans par CyberCD en France en décidant de
se spécialiser dans les disques rares ou les
titres expirés. Bref,
la même stratégie que celle de Chapitre.com
sur le marché du livre. "Nous nous adressons
aux passionnés de musique qui achètent
en moyenne trois disques par mois, explique Rik Dams,
l'un des cofondateurs du site, mais aussi aux amateurs
qui recherchent des titres qu'ils ne peuvent trouver
ni chez nos concurrents généralistes,
ni chez les disquaires traditionnels." Ce créneau
représente, selon CyberCD, environ 20 %
du volume d'affaires total du marché du disque estimé,
au premier semestre 2001, par le SNEP, à 542
millions d'euros.
Créé en avril 2000 par la web-agency Moonda,
CyberCD.fr est en fait la déclinaison française
de CyberCD.de, le site allemand à l'origine du
concept. L'un et l'autre ont en commun une centrale
d'achat basée à Düsseldorf et une
base de données de 1,2 million de disques, dont
la grande majorité sont des "collectors".
Pour pouvoir proposer une offre aussi large aux internautes,
cette base est alimentée par les catalogues de
120 grossistes répartis aux Etats-Unis, en Allemagne,
en Hollande et au Japon. De fait, les stocks de la société,
basés en Allemagne, sont très faibles
puisqu'ils ne sont constitués que des titres
les plus demandés, soit entre 10 et 20 000
produits. Le reste demeure chez les grossistes. Seul
inconvénient : les délais de livraison
qui peuvent atteindre deux à trois semaines en
fonction du produit et de la localisation du fournisseur.
Pour éviter toute déception, les délais
de livraison sont clairement indiqués pour chaque
référence.
Si malgré la largeur
et la profondeur de l'offre, une recherche demeure insatisfaite,
CyberCD propose aux internautes d'essayer de trouver
l'objet rare. Par ailleurs, les produits proposés
en ligne pouvant être indisponibles et les délais
entre la commande et la livraison assez longs, chaque
ordre est suivi d'une confirmation, attestant de la
disponibilité du disque. L'encaissement n'est
effectué qu'au moment de l'expédition. Côté
moyen paiement, le site devrait bientôt élargir
son offre, en proposant, en plus de la carte bancaire,
le chèque.
Géré en France
par Moonda, CyberCD.fr annonce avoir enregitré
en 2001, un chiffre d'affaires de 300 000 euros
pour 2 millions de visiteurs et un panier moyen situé
entre 30,5 à 61 euros. Si le paiement s'effectue
auprès de la maison mère en Allemagne,
Moonda perçoit pour chaque commande venant de
France, une commission de quelques pourcent. La web-agency
ne gère d'ailleurs pas que le site français
de CyberCD, mais également celui destiné
à la communauté hispanophone, Cyberdiscos.com.
Confiant dans ce concept
qui, jusqu'à présent, s'est développé
sans communication, ni investissements extraordinaires
(la création du site est revenu à environ
60 000 euros), la société française
table sur un chiffre d'affaires en 2002 de 900 000
d'euros pour 6 millions de visiteurs. Pour doper l'activité
du site, Moonda a engagé un jeu concours dont
le gros lot est un coffret édition limitée du groupe
Pink Floyd. Des opérations
d'e-mailing marketing devraient suivre en complément
de la newsletter mensuelle du site, qui compte 5 000
abonnés. CyberCD.fr poursuit en parallèle
deux autres projets : la conquête du marché des
professionnels, et notamment des disquaires, et le lancement
d'un site portugais.
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