La chaîne des acteurs
professionnels impliqués dans le développement
de la téléphonie mobile en Europe scrute
avec attention le marché émergeant du
MMS,
les messages multimédias mobiles. Un nouveau
produit qui commence à faire l'objet d'opérations
de sensibilisation auprès du grand public en
France. Pour preuve, le portail Lycos.fr, dont la page
d'accueil vient d'être reliftée, a ouvert
un espace dédié au MMS dans sa chaîne
mobile en collaboration avec Nokia. Le JDNet fait le
point sur ce nouveau support interactif.
MMS
: kézaco ? MMS est une contraction du
terme anglophone Multimedia Message Service. Il s'agit
de la nouvelle génération de SMS
(Short
Message Service) ...en
plus interactive : au-delà du texte, le MMS permet
d'envoyer des images et du son. Dans sa formule enrichie,
le MMS permettra d'envoyer des fichiers vidéos
lorsque les réseaux UMTS
(téléphonie troisième génération
ou 3G) seront déployés.
Comment
ça marche ? Théoriquement,
un utilisateur A peut envoyer un MMS par le biais d'un
appareil GPRS à l'utilisateur B en possession
d'un équipement similaire. Sur
un schéma simple, l'abonné A compose et
envoie un MMS à l'abonné B. Celui-ci reçoit
une notification par SMS d'une URL. Par le biais des
fonctions Wap de son terminal mobile, l'abonné
B
peut alors consulter le MMS et le stocker.
Un MMS peut être envoyé sur un compte mail
(via le protocole SMTP). Le destinataire peut dans ce
cas consulter le contenu du MMS sur son PC. En retour,
il pourra envoyer un MMS à partir de son compte
mail PC.
Quelles
applications ? Il
faut se tourner du côté du Japon pour découvrir
toutes les promesses du MMS. L'opérateur mobile
J-Phone (filiale de Vodafone) a développé
le service "Sha Mail", qui est novateur sur
ce thème et qui bénéficie d'une
grande popularité auprès de ses abonnés
(12 millions au Japon).
On peut s'attendre à la généralisation
de pratiques comme l'échange de photos personnelles,
de cartes de voeux ou d'anniversaire, l'envoi de newsletters
adaptées au format MMS, le transfert de sonneries
polyphoniques, des fichiers de musique, etc.
Qui
prend en charge le développement technique du
MMS ? Le Wap
Forum tente aujourd'hui de fédérer les
différentes initiatives à ce sujet au
niveau européen. C'est le protocole de transport
Wap qui a été retenu pour l'envoi de MMS.
Tous les opérateurs de téléphonie
mobile s'intéressent à ce marché.
Chacun d'entre eux développe le MMS en s'appuyant
sur le standart GSM, sur lequel repose l'ensemble de
leurs activités réseau traditionnelles,
en attendant l'UMTS. Quant aux fabricants de terminaux
mobiles grands publics (Nokia, Ericsson, Sagem, etc.),
ils développent des nouveaux produits GPRS (téléphonie
2,5G), susceptibles de supporter ce nouvel outil de
communication multimédia.
Quels
terminaux pour accéder aux MMS ?
Le développement du MMS est lié à
celui des terminaux mobiles GPRS,
capables de transférer des données. Dans
cette gamme de produits mis en vente en France, se trouvent
le Nokia 7650, le
Sony l'Ericsson T68i & T300, le
Samsung T100 et le Philips Fisio 820. A priori,
seuls les deux premiers modèles communiquent
sur les applications MMS. Ils disposent de
caractéristiques essentiels pour traiter les
messages multimédias mobiles, à savoir,
un écran avec affichage en couleur et une fonction
numérique de prise de photos qui permet de transférer
directement les clichés à partir du mobile.
Quels
modèles économiques ?
C'est
certainement le point le plus sensible. L'exploitation
des MMS entrerait essentiellement dans le cadre d'une
approche "MO - MO" (pour Mobile Originated),
c'est-à-dire de personne à personne. En
clair, les MMS sortants seront facturés, pas
les MMS entrant. Mais dD'autres sources de revenus pourraient
surgir comme des formats publicitaires adaptés
au MMS.
Quelle
facturation ? Le
principal critère de facturation devrait être
le volume de données transmis par MMS. Une approche
qui va nécessiter l'élaboration d'un coût
moyen par paquet IP envoyé. Certains problèmes
spécifiques risquent alors d'apparaître
: il n'existe pas de limite de taille d'une image intégrée
à un message MMS sur certains terminaux. Dans ce cas,
comment prendre en compte le volume de données,
dont le coût final de transmission pourrait devenir
rapidement exorbitant.
Quels
sont les freins ? Axel
Dreyfus, PDG d'Haiku, prestataire spécialisé
dans le développement d'applications mobiles,
énumère plusieurs obstacles en fonction
des acteurs de la chaîne. *Dans le rang des opérateurs
mobiles français, aucun accord de roaming
(Ndlr : interconnexion entre les réseaux)
n'a été signé pour développer
les échanges de MMS entre Orange, Bouygues Telecom
et SFR. Autant dire que la perspective d'accords entre
opérateurs mobiles et fournisseurs d'accès
Internet, qui interviennent en cas d'envois de MMS à
partir d'un compte mail, est encore plus éloignée.
Du côté des éditeurs diffuseurs
de contenus MMS, il n'existe pas de solutions de gestion
de droit numérique. En clair, le contenu n'est
pas protégé via MMS, il pourrait être
éparpillé dans la chaîne de diffusion.
Pour
les utilisateurs finaux, le catalogue de terminaux
mobiles GPRS supportant les applications MMS est encore
restreint en France. Mais les gammes vont s'étoffer
rapidement. Mais
nouveauté oblige, les prix des mobiles sont élevés.
Comptez plus de 500 euros. Actuellement, il est difficile
de savoir si le grand public adoptera donc le MMS aussi
aisément que le SMS."
Commercialement,
où en est-on ?
En Europe, des opérateurs mobiles européens
comme Telenor, D2, Telecel, TMN, MMO2 et Sonera ont
déjà déployé des tarifications
MMS sur leur marché local. Des offres commerciales
ont été lancées dans neufs pays
européens dont la Norvège, la Finlande,
l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Italie et le Portugal.
En
France,
Orange (filiale mobile de France Télécom)
a effectué un test MMS à l'occasion du
Tournoi des Cinq Nations début mars, en collaboration
avec l'agence
de contenu délégué Relaxnews.
Plus récemment,
des prestataires SMS comme Freever ou Buongiorno France
ont présenté des expérimentations
liées au MMS.
Quel
marché ? En
France, Axel Dreyfus, d'Haiku, estime qu'il n'y aura
pas de chiffre d'affaires significatif sur le marché
des messages multimédias mobiles avant fin 2003.
Selon une récente étude du cabinet Frost
& Sullivan, le marché européen des
MMS devrait représenter 26,9 milliards de dollars
d'ici 2006.
|