Daniel
Kaplan (Fing) : "Le marché haut débit se développe quasi-naturellement"
Pour le délégué général de la FING, le haut-débit va s'imposer conne une évidence. Seuls soucis : l'inégalité à l'accès et le décalage français sur les normes européennes. (Vendredi 20 décembre
2002)
C'est sous la direction de La
Fondation Internet Nouvelle Génération (FING)
que l'ouvrage "Hauts Débits" est présenté.
Daniel Kaplan, délégué général
du centre R&D lié au développement du
Net, considère que le développement de l'Internet
rapide va modifier considérablement les usages
de communication des particuliers et des entreprises.
Il tient également à souligner le nécessaire
besoin de clarifier la notion de haut débit, dont
l'interprétation diffère entre la France
et l'Europe.
JDNet.
Que vous inspire l'engagement du gouvernemment Raffarin
de connecter l'ensemble des communes en haut débit
d'ici fin 2007 ?
Daniel
Kaplan. Connecter
les communes au haut débit, c'est déjà
presque fait, même
si nous
ne parviendrons pas à les connecter avec des performances
homogènes.
Il
reste également à définir qui est
vraiment raccordable dans les communes. Fondamentalement,
je veux parler de l'égalité
devant l'accès au haut débit.
La question des technologies haut débit a peu d'intérêt.
Elles sont d'ores et déjà disponibles et
elles vont évoluer en cinq ans.
Nous avons perdu une occasion
de prendre de l'avance dans ce domaine en bridant les
initiatives
: interdiction d'utiliser le wi-fi sauf en expérimentation
locale, flou juridique pour les tests haut débit
au niveau des collectivités, difficultés
des opérateurs à trouver leur marques...
Ces
freins règlementaires ralentissent quelque peu
le mouvement. Mais, l'une des caractéristiques
du marché haut débit est qu'il se développe
quasi-naturellement. Un autre point me semble fondamental
: la définition du
haut débit doit être clarifiée. Dans
la terminologie européenne, le haut débit,
c'est 2 mégabits. Une performance de débit
qui écarte l'ADSL ou le câble, qui sont les
principaux canaux Internet rapide en France. Et
je ne parle pas des offres ADSL
à 128 Ko... L'objectif européen est ambitieux
mais il semble exclure d'emblée la France. Ce décalage
me gêne car il tend à montrer que notre pays
s'intéresse davantage au quantitatif qu'au qualitatif.
A
quels changements d'usage peut-on s'attendre avec la généralisation
du haut débit ? Ils
sont liés à ce que l'on appelle l'évidence
du réseau. Le réseau se fait oublier à
partir du moment où les gens disposent d'une connexion
illimitée et d'un réel confort de navigation.
Du côté des particuliers, ce sont principalement
les usages de communication qui explosent : mails, messagerie
instantanée, chat, outils peer to peer, les jeux
en réseau, l'élaboration de pages personnelles,
la photographie numérique. D'autres usages en profitent
également comme le commerce électronique.
Côté entreprises, le plus intéressant
se trouve dans le domaine de la coopération : le
haut débit permet de fluidifier le travail collaboratif
et de multiplier les process d'e-business. Cette montée
en puissance de l'échange entre dans un cadre de
proximité. Les échanges se font essentiellement
avec des personnes relativement proches géographiquement.
On observe le même phénomène avec
le téléphone : en France, plus de 90 %
des communications représentent des appels locaux.
Le développement du haut débit ne va-t-il
pas nécessiter la production de contenu adéquat
? C'est
une vision erronée : les contenus ont besoin
de haut débit mais le haut débit n'a pas
besoin de contenus. L'existence de contenu haut débit
n'est pas un préalable pour le décollage
du haut débit. Ce n'est pas du tout ce qu'attendent
les consommateurs. Il est clair que les services électroniques
peuvent surfer sur la vague du haut débit. Dans
notre rapport "Hauts Débits", nous
avons consacré un chapitre sur ce thème
abordé sous l'angle de la protection des contenus
sur Internet et de la difficulté des acteurs
économiques à trouver des modèles
adéquats. On commence toutefois à trouver
quelques succès en la matière. Je suis
persuadé que le haut débit permettra de
faire émerger des services innovants et utiles
pour les consommateurs.