Deux
mois après son lancement, avec un Noël en
plat de résistance, Bouygues Telecom commence
par la force des choses à parler bilan sur l'i-mode.
Les chiffres bruts de
l'observatoire des mobiles de l'ART (Autorité
de régulation des télécommunications)
pour le quatrième trimestre 2002, publiés
hier, avaient de quoi obliger l'opérateur de
sortir de son mutisme.
Selon
le tableau de bord de l'ART, Bouygues Telecom aurait
capté 14 600 nouveaux clients sur les trois
derniers mois de l'année passée pour atteindre
un parc de 5,82 millions d'abonnés. Une progression
largement inférieure à celles enregistrées
par Orange (420 700 clients en plus) et par SFR
(398 400).
Cet indicateur signifierait-il que Bouygues Telecom
a capté seulement 14 600 clients pendant
les fêtes de fin d'année, en plein lancement
i-mode ? "Pas du tout, répond Gilles
Pelisson, directeur général de Bouygues Telecom. Nous
avons poursuivi le nettoyage de notre base d'abonnés
en retirant 117 000 clients en prépayé.
Sur les trois derniers mois, nous avons en fait engrangé
132 000 clients sur les forfaits."
Au-delà
de ces savants calculs, Bouygues Telecom savoure surtout
le chemin parcouru sur le front de l'i-mode. "De
l'avis de NTT DoCoMo, lance Gilles Pelisson, c'est un
lancement exceptionnel. Nous avions 70 000 terminaux
i-mode en stock au départ. Ils sont aujourd'hui
tous écoulés et nous devrions atteindre
les 100 000 abonnés Internet mobile fin
janvier. Parmi eux, 20 à 30 % sont des nouveaux
clients Bouygues Telecom." Un résultat nettement
supérieur aux scores enregistrés par KPN
l'année dernière qui, en six mois, avait
récolté 99 000 abonnés i-mode
en Allemagne (lire l'encadré ci-dessous).
"Sur
décembre, poursuit Gilles Pelisson, nous avons
déjà atteint un trafic de 600 000
e-mails échangés par i-mode. Mais ce qui
est plus remarquable encore, c'est le taux d'utilisation
des services. 90 % des abonnés i-mode utilisent
les fonctions Internet mobile alors que ce taux varie
entre 10 % et 15 % sur le Wap." Outre
l'e-mail, les services i-mode les plus utilisés
sont, il fallait s'y attendre, les sonneries et fonds
d'écran. Viennent ensuite la météo,
les Pages Jaunes puis AlloCiné.
Dans
le sillage de l'i-mode, les autres services mobiles
à valeur ajoutée ont connu, semble-t-il,
une année 2002 prometteuse. Depuis septembre
dernier, Bouygues Telecom indique avoir commercialisé
25 000 terminaux MMS. Sur l'année passée,
l'opérateur revendique enfin un trafic de 1,5
milliard de SMS, soit 32 messages par mois et par abonné.
"C'est un volume que nous espérons voir
avec le temps glisser vers le service e-mail mobile."
Pour favoriser ce transfert de trafic, Bouygues Telecom
multiplie la "tentation i-mode" en lançant
un nouveau combiné doté d'un écran
4 096 couleurs.
Les
retours de l'i-mode en Europe
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C'est
sous l'égide de l'opérateur néerlandais
KPN, dont NTT DoCoMo est actionnaire minoritaire,
que l'i-mode a pris pied en Europe. KPN a lancé
"l'Internet de poche" au printemps 2002
en Allemagne (via l'opérateur e-Plus) et
aux Pays-Bas (via l'opérateur KPN Mobile)
avec peu de terminaux disponibles dès le départ.
En Belgique, Base, ex- KPN Orange qui constitue
le troisième opérateur mobile, a lancé
l'i-mode en octobre. Au 30 septembre dernier, KPN
comptabilisait 142 500 clients i-mode dans
les premiers deux pays européens d'implantation
(99 000 en Allemagne et 43 500 aux Pays-Bas)
sur un parc de 12,1 millions d'abonnés mobiles.
Sur cette même période, l'ARPU mensuel
(Average Revenue Per User, revenu moyen par abonné)
est passé chez e-Plus de 40 à 43 euros
et chez KPN Mobile de 68 à 76 euros. |
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