Généralement associée à l'Internet
haut-débit, l'ADSL a un tout autre sens chez TF1. L'Asymetric
Digital Subscriber Line (ligne d'abonné numérique à débit
asymétrique) y est prise au sens premier du terme, tel
qu'il apparaît dans l'encyclopédie
du JDNet : "Technologie permettant de transporter
des données numériques sur une ligne téléphonique classique
et d'atteindre des débits de plusieurs centaines de Kbit/s."
L'offre DreamTV, que le groupe audiovisuel vient de commencer
à tester, repose bien sur le transport de données numériques,
mais ces données sont surtout celles de 24 chaînes de
télévision différentes, officiellement acheminées à 4
Mbs. En sus, les futurs abonnés auront "aussi"
droit à un accès Internet à 512 Kps. Mais c'est bien une
offre de télévision sur ADSL que TF1 s'apprête à tester
- et promouvoir ensuite si le test est à ses yeux
concluant
Les
premières installations ont eu lieu le 16 décembre dernier,
et pour l'instant, une dizaine de foyers seraient équipés
du modem et du décodeur indispensables. L'objectif
(lire l'article
du JDNet du 25/11/02) est d'équiper d'ici fin février
les 200 volontaires, résidant dans le XVème arrondissement
et à Boulogne-Billancourt et tous collaborateurs de
TF1 ou de LDCom, l'opérateur télécoms associé à l'expérimentation.
Selon les responsables de l'opération, menée par le
Studio Multimédia, une filiale de TF1, le test durera
six mois environ. C'est à la rentrée qu'une décision
doit officiellement être prise par la direction du groupe
sur la commercialisation réelle de l'offre DreamTV.
La genèse du projet remonte
à 2000, lorsque TF1 a mené une première étude stratégique
sur l'opportunité de proposer une offre TV alternative
dans les zones très urbaines, où la concurrence avec
TPS, dont TF1 est actionnaire à hauteur de 50%, est
moindre. Parallèlement, une collaboration technique
sur plusieurs prototypes était engagée
avec Philips, NEC, Nokia ou le britannique PACE. En
septembre 2001, un projet était présenté au ministère
de l'Industrie qui, via le réseau RIAM (Recherche et
Innovation en Audiovisuel et Multimédia), accordait
un financement de 600.000 euros au premier groupe audiovisuel
français et à ses partenaires industriels : Alcatel
(infrastructure réseau et ADSL), Thomson Multimédia
(décodeurs), Nextream (filiale des deux précédents,
chargée de la partie encodage) et le CNAM (qui travaillait
sur l'optimisation de la bande passante sur ADSL).
Pendant un an et demi, les
différents intervenants s'attachent à la "la mise en
place d'une plate-forme bout à bout de télévision sur
ADSl", explique-t-on au service technique de DreamTV.
Au-delà du travail sur la qualité de l'image, l'objectif
annoncé était "de partir sur des technologies banalisées
pour arriver à une offre commercialement intéressante.
C'est une première expérience d'intégration
de tous les équipements dans la même chaîne,
même si techniquement, tous les appareils étaient
prêts." L'offre intègre notamment un modem Speedtouch
d'Alcatel et le décodeur Nextream qu'Alcatel et Thomson
avaient présenté fin 2001, lire l'article
du JDNet]. Un accès en Wi-fi est également
possible.
Quant au choix d'un opérateur
alternatif, LDCom, on peut l'expliquer par le souci
de TF1 d'avancer vite - ou de donner cette impression
- alors que son PDG, en guerre contre la Télévision
numérique terrestre, proclame que l'avenir de
la télévision passe par l'ADSL... Mais
TF1, soucieux de ne rompre aucun pont, devrait également
participer à l'expérimentation PCCAD (Pilotage et chargement
de contenus audiovisuels à domicile) que France Telecom
doit mener à partir de juin 2003 à Lyon auprès de 1.000
foyers payants.
Une dizaine de techniciens
du Studio Multimédia travaillent depuis deux ans et
demi sur le projet (une montée en charge est prévue
pour l'assistance aux utilisateurs). Une autre dizaine
de personnes s'est occupée des aspects marketing,
et notamment l'offre de programmes. A l'heure actuelle,
les testeurs de DreamTV ont droit à un bouquet de 24
chaînes, soit l'ensemble de l'offre du groupe TF1 (TF1,
LCI, Eurosport...), les chaînes cinéma et jeunesse de
TPS et les trois chaînes de FranceTélévisions, qui a
accepté de participer à l'expérimentation. Nulle trace
en revanche des chaînes du groupe Canal Plus, qui a
décliné l'offre.
Seul bonus pour l'instant à
ces 24 chaînes, des fiches d'informations sur les émissions
en cours ou les programmes à venir, consultables grâce
à la télécommande. Le contenu de ces fiches est réalisé
par Prisma TV, la filiale spécialisé de Prisma Presse.
Si ce bonus se veut minimaliste ("on n'a pas voulu faire
de l'Internet sur la télé", se défend-on chez DreamTV),
le secret est pour l'instant soigneusement gardé sur
l'offre de vidéo à la demande qui apparaîtra inévitablement
sur DreamTV (peut-être les testeurs de DreamTV seront-ils
plus prolixes
).
Le même secret est évidemment
de mise sur le montant de l'investissement consenti
par TF1 tout comme le futur prix de DreamTV, si la décision
est prise de commercialiser l'offre. Ses responsables
ne lâchent qu'un maigre indice : DreamTV ne coûtera
pas plus cher que le satellite ou le câble
Ce dernier
est évidemment dans le collimateur d'un projet
qui mise sur le coût moindre des infrastructures ADSL
pour rendre son offre compétitive. A titre de comparaison,
Noos, le câblo-opérateur présent dans le XVème et à
Boulogne, propose une offre TV + Web à 26 euros par
mois. Pour DreamTV, réponse - éventuelle - en
septembre.
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