Depuis
le départ annoncé de Steve Case, le 12
janvier dernier, du poste président du conseil d'administration,
on se doutait que le feu couvait dans la maison AOL
Time Warner. Hier soir, la publication des résultats
2002 a été l'occasion de mesurer l'ampleur
du sinistre. Sur la quatrième trimestre 2002,
le groupe accuse une perte nette de 44,9 milliards de
dollars (contre 4,9 milliards en 2001), dont 45,5 milliards
issus de la dépréciation d'actifs essentiellement liés
à la fusion avec AOL. Suite aux 54 autres milliards
de dépréciation d'actifs intégrés au premier
trimestre 2002, cette nouvelle facture porte à
98,7 milliards de dollars la perte nette du groupe sur
l'année écoulée. La plus grande
perte jamais affichée par une entreprise américaine,
l'équivalent du PIB de l'Irlande.
Les
conséquences de cette douche froide financière
ont été immédiates. Moins d'une
heure après la publication des résultats,
le groupe a annoncé que son vice-président
emblématique, Ted Turner, avait décidé
de quitter ses fonctions. Richard Parsons, le directeur
général du groupe et futur remplaçant
de Steve Case, a indiqué que le fondateur de
CNN, et accessoirement ancien mari de Jane Fonda, avait
désormais l'intention de se consacrer à
des "activités philanthropiques".
Sur
l'exercice 2002, le chiffre d'affaires d'AOL Time Warner
ressort à 41,1 milliards de dollars en hausse
de 7 %. La part issue des abonnements progresse
de 13 % (à 19 milliards de dollars) et celle
du contenu de 9 % (14,4 milliards). A l'inverse,
les revenus issus de la publicité et du commerce
baissent de 9 % à 7,7 milliards de dollars.
Au total, l'Ebitda groupe a atteint l'année dernière
9,1 milliards de dollars, en progression de 5 %.
Au
milieu de ces résultats, la branche AOL fait
de plus en plus figure d'épouvantail. Alors que
toutes les divisions sont en progression, AOL voit son
chiffre d'affaires annuel reculer de 4 % à 9,1
milliards de dollars et son Ebitda plonger de 22 % à
1,8 milliard. Dans un communiqué, le groupe indique
que AOL, malgré la hausse de ses revenus issus
des abonnements, n'a pu compenser la contraction enregistrée
sur la publicité et le commerce en ligne.
Les
revenus d'AOL liés aux abonnements ont progressé
de 16 % en 2002 avec un parc de 35,2 millions d'abonnés,
dont 2 millions supplémentaires en un an. Sur
ce total, 26,5 millions d'abonnés proviennent
des Etats-Unis (dont 1,2 million de nouveaux clients)
et 6,4 millions d'Europe (825 000 clients en plus).
En dehors de ces deux zones, AOL affiche une perte de
100 000 abonnés en 2002. Les revenus d'AOL
issus de la publicité et du commerce s'affichent
à l'inverse en recul annuel de 39 %.
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