C'est
une nouvelle forme de convergence : utiliser Internet
pour développer l'abonnement aux publications
"papier". Et pourtant, lorsque les groupes
de presse ont lancé leurs premières
versions de "sites compagnons" de leurs magazines,
placer un module d'abonnement à la version papier
n'a pas été inné. Mais, le temps
passant, force est de constater que l'abonnement en
ligne aux publications "papier" rencontre
aujourd'hui un succès d'estime auprès
des internautes. Du coup, les éditeurs lorgnent
la vitrine Internet pour attirer de nouveaux convertis
vers leurs magazines. Un canal d'autant plus séduisant
que les coûts d'acquisition des abonnes y sont
faibles et qu'il est possible d'y diffuser des
offres commerciales très ciblées.
Face
à un marché évalué à
1,9 milliard d'euros
(abonnement presse quotidienne
et magazine), les services 100 % Internet ont perçu
rapidement le potentiel de développement. Lancée
en 1999, la société Viapresse.com
est montée en puissance sur ce terrain. La plate-forme
a gonflé son nombre de références
titres après l'entrée dans son capital
des NMPP (Nouvelles messageries de la presse parisienne)
à hauteur de 34 %. La société
dispose aujourd'hui de 4 000 références
dans son catalogue.
Viapresse.com a ouvert la nouvelle
version de son service en décembre dernier. Outre
l'abonnement, la plate-forme propose la vente au numéro.
L'année dernière, la société
a généré 20 000 abonnements
en ligne. "Les magazines des secteurs voyage, tourisme,
enfant et décoration bénéficient
d'un fort pouvoir d'attraction", explique Maxime
Bonin, co-fondateur de Viapresse.com. Sa société
a réalisé un chiffre d'affaires de 115 000
euros, tout en prenant le soin de garder un équilibre
financier.
Des
modules d'abonnement en marque blanche
|
Mais, Viapresse.com doit faire
face à des concurrents de plus en plus polymorphes,
comme Journaux.fr (5 000 titres référencés)
ou PresseDeFrance.com, qui a reçu la bénédiction
de la Fédération nationale de la presse
française (FNPF). Un échange de bon procédé
entre partenaires : Expresse_Net, la société
exploitant PresseDeFrance.com, a réalisé
le site Portail-Presse.com, propriété
de la FNPF...
Parallèlement à ces services Internet
grand public, des prestataires B to B se sont
positionnés sur le développement de modules
d'abonnement mis à la disposition des sites des
magazines en marque blanche. Sur ce créneau,
on retrouve Viapresse.com qui a lancé cette déclinaison
B to B début 2002. Parmi ses plus gros
clients figure le groupe de presse Emap France,
qui, à travers la co-entreprise EMW (détenue
à parité avec Wanadoo), a ouvert une dizaine
de sites Internet liés à ses titres phares.
800
à 900 abonnements par mois
|
Depuis le premier trimestre
2002, EMW a inauguré sur son bouquet de sites
des espaces d'abonnements en ligne aux magazines papiers.
"Actuellement, nous recensons entre 800 et 900
abonnements par mois via Internet, tous sites confondus",
indique Dominique Busso, directeur général
d'EMW. Dans les meilleurs ventes des magazines adoptés,
se trouvent Télé Poche, Télé
Star, Top Santé et Auto Journal.
Un autre acteur encore plus
traditionnel a développé une approche
B to B : Presse-Informatique.
Peu connu du grand public, ce groupe est pourtant en
charge de la gestion des abonnements d'une très
grande partie des éditeurs de presse français.
Fort de son expérience dans le traitement des
bases de données, il exploite depuis un an un
service Internet professionnel baptisé Net-Ful
(le site en ".com" fait figure de vitrine
de démonstration). Des éditeurs comme
Le Point, Cosmopolitan ou Excelsior Publications (Science
& Vie, Action Auto Moto, etc.) ont adopté
ce module à intégrer sur leurs sites magazines,
qui sert de courroie de transmission avec les serveurs
de Presse-Informatique.
Au sein du Groupe L'Express-L'Expansion,
autre client de Presse-Informatique, les abonnements
captés via Internet prennent également
de l'ampleur. Corinne Denis, directrice des éditions
électroniques, indiquait récemment au
Journal du Net qu'elle recensait "plusieurs centaines"
de nouveaux abonnements à travers les modules
Net-Ful installés sur ses sites magazines. Le
site du mensuel Psychologies, de Jean-Louis Servan
Schreiber, a également opté pour le système
Net-Ful. Il enregistrerait une centaine de nouveaux
abonnements par mois.
Des
portails d'abonnement
|
Si certains titres de presse
font appel à des modules en marque blanche, d'autres
ont fait le choix de s'appuyer sur les ressources internes.
Ce sont alors les filiales interactives des groupes
de presse qui ont pour mission de monter ces espaces
d'abonnement. Prisma Presse Interactive a monté
ce type de module pour l'ensemble de ses "sites
compagnons" (Capital, Géo, Voici, Gala,
Ca M'intéresse, etc.). "En moyenne, Prisma
Presse recrute 900 à 1 000 abonnés par mois via
Internet, indique-t-on chez Prisma Presse. En décembre
dernier, nous avons atteints les 1 600 abonnés."
Autre tendance lourde dans
les groupes de presse : le développement
de sites Internet "maisons" uniquement dédiés
à l'abonnement aux magazines. Emap France a inauguré
son site KiosquEmap.com en novembre dernier. "L'avantage
de ce type de portail est la possibilité de fédérer
l'ensemble des titres magazines d'un groupe, explique
Dominique Busso d'EMW, y compris ceux qui ne disposent
pas de sites dédiés." Pour accélérer
la notoriété du service, EMW a déployé
des bannières KiosquEmap.com qui tournent sur
les sites magazines. Le service en ligne est également
promu dans les éditions "papier" des
magazines du groupe.
De
son côté, Hachette Filippacchi,
un autre poids lourds de la presse française,
a mis en test le service ShopMag.com qui regroupe l'ensemble
de son offre presse. Dans la même lignée,
Ixo Publishing (40 publications sur des thématiques
informatiques, musique, automobiles et loisirs) a ouvert
son propre catalogue en ligne de titres à l'adresse
LesMags.com. Une effervescence qui traduit la montée
en charge de cette nouvelle forme de convergence.
|