Entre la défense légitime
d'une marque et tentative opportune de faire parler de
soi, il est parfois difficile d'établir la frontière.
Ainsi, la dénomination "Dream TV", exploitée
en nom de code par le groupe TF1 dans le cadre de son
expérimentation d'offre de télévision
sur ADSL, est également revendiquée par
dépositaire légal de la marque auprès
de l'Institut nationale de la propriété
industrielle (INPI). Représentant français
de la mystérieuse société américaine
De Winter Group (qui regroupe une galaxie hétérogène
de prestations et de services Internet, notamment en matière
de haut débit), Pierre Dupont a déposé
cette marque l'année dernière. Et plusieurs
articles récents concernant l'expérimentation
Dream TV menée par le groupe TF1 semblent avoir
crispé le dépositaire légal. "Comment
TF1 peut-elle utiliser une marque déposée par nos
services?", s'interroge Pierre Dupont, qui s'empresse
d'ajouter que cette petite polémique ne devrait
pas faire l'objet de poursuites judiciaires... du moment
que l'on reste dans un cadre d'exploitation raisonnable.
Pour
protéger les produits hauts débits de
De Winter Group développés sous des marques
comme "DreamBox" (décodeur télé),
"Dreamtel" (téléphone + visiophonie
+ Minitel+ Internet) ou "DreamRoom" (écran
LCD + Plasma TV), Pierre Dupont a déposé
sous son propre nom la marque "Dream TV" auprès
de l'INPI de Nice en novembre 2002 dans différentes
classes (CL09; CL38 et CL42 liées à la
protection des produits et services dans le domaine
de "l'équipement pour le traitement de l'information
et les ordinateurs et les services de télécommunications,
de messagerie électronique par réseaux électroniques"
comme Internet).
Coïncidence? Cet enregistrement
à l'INPI survient alors que la presse spécialisée
commence à évoquer le projet Dream TV
de TF1 (lire l'article
du JDNet du 25/11/02). Pierre Dupont se défend
d'un quelconque opportunisme. En revanche, le représentant
français de De Winter Group se montre "surpris"
par la démarche du groupe audiovisuel qui ne
prendrait pas la précaution de déposer
une marque avant de l'exploiter pour son propre compte.
L'offensive de dépôts
de marques se poursuit en janvier 2003 : Pierre Dupont
effectue dans un second jet les démarches nécessaires
pour protéger les concepts DreamTV, DreamTel,
DreamBox, DreamRoom, DreamVideo et Dreamsat auprès
de l'INPI, et ce, toujours sous son propre nom. Du côté
des noms de domaines liés à Dream TV,
les résultats sont là aussi surprenants
: DreamTv.fr n'est pas attribué et le .com est
détenu par une société basée
à Zürich (Alive Productions Ltd).
Une vraie-fausse querelle qui,
officiellement, n'effraie pas la grande maison TF1.
Le Studio Multimédia, la division du groupe audiovisuel
qui supervise le projet de télévision
par ADSL, reconnaît n'avoir pas pris le soin de
jeter un coup d'oeil sur le dépôt légal
de la marque "Dream TV". "C'est juste
un nom de code pour notre expérimentation, affirme
Eric Cremer, directeur marketing du Studio Multimédia
de TF1. Les détenteurs de la marque n'ont pas
de souci à se faire. Nous ne comptons pas commercialiser
cette marque." Fin de la querelle?
De
Winter : discrétion à haut débit
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Il est difficile de cerner
les ambitions de De Winter Group : il s'agirait
d'un conglomérat de services Internet issus
de divers pays (Grande-Bretagne, Maroc, France,
Belgique...) qui ont été rassemblés
sous une même entité (sous une première
appellation World-Wide Data Base puis De Winter
Group) il y a deux ans.
Pierre Dupont, son représentant en France,
reste discret sur la genèse du projet qui
regrouperait "600 collaborateurs, 2.500 distributeurs
revendeurs, 300 développeurs, 80 traducteurs et
200 cyber-reporters" (éléments
donnés sur le site corporate), sur son
organisation (qui reposerait sur le télétravail),
sur la direction du groupe (qui serait britannique)
et sur ses résultats financiers.
Cette culture du secret s'expliquerait par le
fait qu'il reste encore beaucoup de chemin à
parcourir avant que les activités ne deviennent
opérationnelles à 100%, argumente
Pierre Dupont. De Winter Group est notamment constitué
d'anciennes start-ups comme France Plus (France)
et de Belganet (Belgique), apparues dans la deuxième
moitié des années 90. Il propose
des prestations liées au haut débit
comme la fourniture d'accès Internet haut
débit à destination des entreprises
(le groupe commercialise en France une offre haut
débit baptisée ClubADSL), le développement
d'un réseau international de sites de proximité
(My-City.tv) et d'une batterie de services Internet
(regroupés sous le label Continental-Network.com).
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