Après avoir parié
sur les jeux en ligne, Gameloft, propriété
des frères Guillemot (les dirigeants du studio
de production de jeux vidéo Ubisoft), a décidé
de se reconvertir dans les jeux Java sur téléphones
mobiles. Un marché en plein développement :
les nouveaux terminaux disposant d'un écran en
couleurs (comme ceux de Nokia) intégrent la technologie
Java. En France, le parc de ces terminaux "nouvelle
génération" devrait se situer entre
6 et 8 millions d'unités d'ici la fin de l'année.
Au plan mondial, selon Strategy Analytics, le marché
des jeux mobiles (qui comprend le segment des jeux en
téléchargement) devrait atteindre les sept
milliards de dollars d'ici 2008.
Dans
ce domaine, Gameloft dispose d'un catalogue de quatre-vingt
jeux, dont une trentaine d'action, mis à la disposition
des fabricants de terminaux mobiles ou des opérateurs
mobiles. Ce catalogue de jeux profite assez logiquement
des synergies avec Ubisoft. "Au travers des accords
de licensing, nous montons systématiquement une
version mobile des titres à très fort
succès d'Ubisoft", explique Gonzague de
Vallois, vice-président publishing de Gameloft.
Selon ce principe, Gameloft
peut ainsi exploiter les aventures de Rayman sur mobile
(qui font partie des dix jeux retenus par SFR) ou celles
de Splinter Cell, un jeu d'espionnage développé
dans un premier temps sur Xbox puis PS2.
A l'autre bout de la chaîne,
la société multiplie les accords avec
les opérateurs importants. Au total, Gameloft
recense vingt-cinq opérateurs dans son portefeuille
dont T-Mobile, Telefonica, 02 ou Vodafone. En France,
l'éditeur travaille avec les trois opérateurs,
SFR, Bouygues Telecom et Orange. Le
modèle économique développé
par Gameloft repose sur un système de commission
sur le téléchargement des jeux. Cette
rétribution varie entre 60 % et 75%.
Forte de ces références
de poids, la société explore aujourd'hui
L'Europe de l'Est et l'Asie. La semaine passée,
Gameloft a annoncé un accord en Chine avec Hutchison
Telecommunications. Cet opérateur télécoms
basé à Hong Kong est à l'origine d'une
offre 3G déjà disponible au Royaume-Uni.
Selon cet accord, la société française
va notamment pouvoir mettre en place un bouquet de jeux
sur le portail grand public Tom.com, propriété
d'Hutchison.
A ce jour, Gameloft revendique
entre 100 000 et 200 000 téléchargements
de jeux par mois au niveau mondial. Selon les pays,
les moyens de micro-paiement varient. En France, l'éditeur
vend ses jeux en direct à travers un système
Audiotel mis en place sur son site Internet (10 000
jeux vendus par mois). En Espagne et au Royaume-Uni,
c'est le canal de vente par SMS Premium qui est exploité.
Parallèlement aux opérateurs,
la société entretient des relations privilégiées
avec les grands constructeurs de terminaux (Nokia, Motorola,
Sagem, Panasonic...) qui cherchent à disposer
de contenus mobiles attractifs. Gameloft discute également
avec les réseaux de distribution de produits
mobiles comme Phone House ou Carrefour Télécom.
Ces partenaires sont importants pour la commercialisation
de cartes à gratter pré-payées
permettant de télécharger des jeux sur
mobile. Une déclinaison de l'offre qui a débuté
en novembre dernier.
Sur 2002, Gameloft, société
cotée au Nouveau marché de la Bourse de
Paris depuis mi-2000, a réalisé un chiffre
d'affaires de 4,6 millions
d'euros. L'éditeur affiche un résultat
d'exploitation négatif de 10,2 millions d'euros
pour un résultat net de -23,2 millions. La société
s'est engagée à parvenir à l'équilibre
financier d'ici la fin de l'année.
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