Ce n'est pas une "feuille
de route" mais un procès qui a conduit les deux rivaux
AOL et Microsoft à faire un pas l'un vers l'autre. Microsoft
a en effet décidé de verser 750 millions de dollars à
AOL pour régler à l'amiable une plainte déposée en 2002
au nom de Netscape. AOL, qui a racheté le navigateur en
1999, accusait Microsoft d'avoir abusé de sa position
dominante avec Windows pour imposer Internet Explorer
aux dépens de Netscape. Outre cette transaction financière,
Microsoft et AOL ont annoncé un ensemble de décisions
allant dans le sens d'une collaboration entre les deux
groupes.
Ce
n'est pas la première fois que le numéro un mondial
des logiciels est attaqué pour abus de position dominante,
et d'habitude l'affaire ne se solde pas par un règlement
en espèces. D'autant plus que pour mettre un terme aux
poursuites engagées contre lui par AOL, Microsoft a
accordé au fournisseur d'accès une licence de sept ans
lui permettant de proposer Internet Explorer à ses abonnés,
sans avoir à payer de royalties. Ce n'est pas fini :
AOL pourra également, grâce à un accord de licence non
exclusif à long terme, utiliser la plate-forme Windows
Media 9 ainsi que les logiciels futurs, pour créer et
distribuer des programmes multimédia. Enfin, Microsoft
s'engage à distribuer les CD d'AOL auprès des petits
fabricants de PC clients de Windows (qui réalisent 25%
de la vente de PC), et à fournir à AOL le support nécessaire
au bon fonctionnement de ses produits sous l'environnement
Microsoft.
Si Microsoft en est arrivé
là, c'est qu'il espère y trouver son compte. En effet,
la licence d'utilisation d'Internet Explorer ne peut
que conforter les parts de marché du navigateur, justement
mises en cause dans la plainte d'AOL, qui révèle dans
le Wall Street Journal "explorer d'autres opportunités
pour Netscape", selon les mots de Richard Parsons, son
PDG. De même, AOL pourrait tirer de nombreux bénéfices
de l'accord. Même si les milliards de dollars
que faisaient miroiter ses avocats au moment du dépôt
de la plainte, l'année dernière, ont cédé la place à
des ambitions plus modestes. "Nous ne travaillons plus
avec ces avocats ", a déclaré Parsons au Wall Street
Journal. Plus prosaïquement, les 750 millions de
dollars seront plus utiles pour éponger en partie les
26 milliards de dette du groupe que des espoirs de gain
hypothétiques.
La hache de guerre à
peine enterrée avec la plainte, Bill Gates voit déjà
au-delà : "Même si nos entreprises demeurent
concurrentes, (
) je suis enthousiaste à l'idée que
nous travaillions en collaboration pour faire de la
décennie numérique une réalité." L'accord va effectivement
plus loin qu'un simple arrangement à l'amiable et ne
se contente pas d'effacer les conflits passés, il engage
également les relations à venir entre les deux groupes,
notamment sur l'accès aux contenus numériques. Une collaboration
entre AOL et Microsoft dans les domaines de la musique
et de la vidéo en ligne pourrait d'une part accroître
l'influence des deux entreprises sur les réglementations
du marché, et d'autre part changer la donne sur le marché
des lecteurs multimédia. En effet, AOL est partenaire
de longue date de RealNetworks (Real Player est distribué
par AOL, et les deux entreprises collaboraient sur MusicNet),
concurrent naturel de Microsoft
Autre volet bilatéral de
l'accord, la messagerie
instantanées. Alors que AOL, propriétaire
d'AOL Instant Messenger et d'ICQ, traînait des pieds
pour mettre en uvre l'interopérabilité des systèmes,
réclamée par Microsoft, la montée en puissance de MSN
Messenger fait aujourd'hui plier le groupe. Les deux
entreprises ont donc décidé "d'étudier les moyens de
mettre en place l'interopérabilité entre AOL et MSN
Messenger", selon le communiqué.
"Cet accord souligne la
volonté profonde des deux entreprises de développer
des solutions qui élargissent le choix des consommateurs
et l'accès à du contenu de qualité, et en même temps
crée de nouvelles possibilités pour les fournisseurs
de contenu et la promotion de l'innovation", a déclaré
Will Poole, Senior vice president de Microsoft. Tout
est bien
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