Après avoir dirigé
Euro RSCG Design, participé à la création
de l'agence interactive ConnectWorld et collaboré
à l'agence BDDP Tequila Interactive, Jérôme
Wallut vient de lancer une nouvelle société.
En collaboration avec Rémi Guilbert, ancien directeur
de création de BDDP Interactive et de BBDO Proximity,
il a créé une agence de veille active
et de conseil en stratégie d'information, baptisée
Human to Human. L'activité reste encore et toujours
centrée sur Internet, seul média où
le public a la parole et donc où l'agence peut
être à l'écoute des différents
discours autour des marques.
JDN.
Quel est le positionnement de votre nouvelle activité ?
Notre
ambition est de faire de la veille un métier
de la communication. Généralement, quand
on pense à de la veille, cela évoque la
gestion de crise. Nous abordons ce métier différemment :
aujourd'hui, les outils de veille ont tendance à
chercher de la volumétrie (souches sémantiques,
volume de conversation, mots-clés...) alors que
nous, nous sommes un outil de pilotage de la stratégie
d'information. Cela signifie que nous cherchons à
détecter des opinions émergentes, qui
sont trop infimes pour apparaître dans les analyses
volumétriques. Notre process est de détecter
les gens qui ont de l'influence sur Internet. C'est
ce que nous avons appelé les e-influenceurs.
Ils ont une capacité d'influence qui ne se mesure
pas uniquement pas l'audience, mais aussi par la motivation,
par l'exclusivité, par la pertinence, par la
persuasion, etc. Notre métier est de trouver
ces e-influenceurs et d'écouter les conversations
qu'ils tiennent pour informer les marques des conversations
les concernant.
Comment
détectez-vous ces e-influenceurs et quel est
leur profil ?
Nous
les trouvons généralement dans les forums
de discussion. C'est une première étape
pour les identifier. Ce sont généralement
des gens qui ont l'initiative, qui sont bavards et qui
sont curieux. Ensuite, il faut évaluer leur capacité
à influencer. Là, ça passe par
l'étude de leur site Internet (leur discours,
leur audience, etc.). Aujourd'hui, en France, il y a
plus de 3 millions de sites persos et seulement 9 %
du trafic sur Internet concerne les sites de marques.
Il ne faut donc pas négliger le poids des sites
amateurs dans la communication d'une marque. Comme exemple
d'e-influenceurs, je pourrais citer le fondateur de
Luccas.org, qui a réussi en un peu plus de dix-huit
mois à réunir un peu plus de 25 %
des clients de Noos dans son association. Une personne
comme Christian Denneulin, qui regroupe autour de lui
une communauté de personnes qui ont des problèmes
avec leur voiture, est un autre exemple. Les webmasters
des sites 206cc.net et 307cc.net (une voiture qui n'est
pas encore commercialisée mais qui a déjà
son site de fans) sont eux aussi des e-influenceurs.
Ce sont des amoureux de leur voiture et ils en parlent
mieux que Peugeot. D'ailleurs, le constructeur est très
attentif à eux.
Pour
revenir sur vos précédentes activités
en agence interactive, quel bilan en tirez-vous ?
Je
pense que si beaucoup d'agences n'ont pas survécu,
c'est qu'elles n'ont pas compris une chose cruciale :
Internet n'est pas un tout. Internet est un média.
La publicité sur Internet, c'est de la publicité.
Le marketing opérationnel sur Internet, c'est
du marketing opérationnel, etc. A chaque fois,
c'est une métier bien particulier et le fait
que cela se passe sur Internet ne change rien. D'ailleurs,
on peut constater que les seules agences qui survivent
aujourd'hui ont opté pour un seul métier.
Elles se sont spécialisées. Les agences
qui avaient la prétention de tout faire sur Internet
sont mortes. Elles ont tenu un temps parce que la technique
dépassait le métier mais aujourd'hui que
la technique est acquise par tous, il faut une spécialisation
pour survivre. Par ailleurs, je crois qu'il faut remettre
Internet dans les métiers de la communication.
Aujourd'hui, une agence de pub qui n'a pas un département
qui fait de la pub online n'est pas une agence de pub.
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