Cela aura duré trois minutes.
Sous le regard d'une poignée de touristes, des journalistes
et de la sécurité, quelque 200 flashmobbers s'étaient
donné rendez-vous jeudi soir sous la Pyramide du Musée
du Louvre, pour participer au premier événement de ce
genre à Paris. Après les dizaines de manifestations qui
ont eu lieu pendant l'été dans le monde (lire l'article
du JDN du 28/08/03), les internautes et les médias
attendaient la capitale au tournant. Le résultat a été
à la hauteur des espérances : la première flash mob parisienne
est un succès.
A
19 heures, les premiers participants convergent vers
la Place Colette, près de la Comédie Française. Prévenus
par e-mail en début d'après-midi, ils viennent chercher
les instructions auprès des organisateurs, ParisMobs.
Direction le Musée du Louvre, à l'espace accueil qui
se situe dans l'entresol, sous la Pyramide. Petit à
petit, les gens affluent devant l'escalator Sully, s'échangent
des regards complices, mémorisent le déroulement prévu.
Ce petit manège éveille l'inquiétude des agents de sécurité.
Les caméras de télévision sont prêtes elles aussi, l'action
va commencer.
19
heure 15 précises, les flashmobbers - des jeunes, pour
la grande majorité - sortent leurs téléphones portables
et marchent rapidement dans tous les sens en parlant
à des correspondants imaginaires. S'écartant de la bousculade,
une femme ouvre de grands yeux : "Qu'est-ce qu'il se
passe ?". A 19 heures 16, les participants se figent
en silence, pareils à des statues. Il leur faut compter
30 secondes, puis s'écrouler à terre comme pris de malaise.
Quelques rires et des flashs rythment l'étrange balai.
Il est 19 heures 17 et tout le monde se relève, puis
se tourne vers la porte principale et applaudit. "Comme
pour un rappel de spectacle", précisaient les instructions.
La foule, en forme et visiblement satisfaite d'elle-même,
en rajoute avec des cris et des sifflets. Les applaudissements
résonnent dans la salle, puis se taisent.
C'est
le signe de la dispersion. 19 heures 18, les flash mobbers,
arrivés en petit groupe pour la plupart, repartent sans
chercher à nouer plus de contacts. "C'était excellent",
lâche une jeune participante. Pourquoi sont-ils venus
? Par curiosité, "pour voir combien on pouvait être",
pour le fun, ou "parce qu'il y en a eu dans plein de
grandes villes, la première ici, il fallait pas la rater.
Peut-être qu'il n'y en aura plus après." C'est une certaine
fierté que l'on devine sur leur visage, et surtout,
les rires et les sourires témoignent du caractère bon
enfant et festif du moment.
Sur
le site de ParisMobs, les inscriptions sont d'ores et
déjà ouvertes pour la deuxième édition. En province,
Lille et Nice sont dans les starting blocks. Le flashmobbing
français est-il prêt à vivre ses heures de gloire ?
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