Rien ne va plus entre les deux
partenaires d'hier... Suite à l'annonce mi-juillet
du rachat d'Overture par Yahoo, le FAI allemand T-Online
(Club-Internet en France) a décidé de
mettre fin brutalement au contrat le liant avec la société
de liens promotionnels Overture. "Cela s'est passé
très vite, le 7 août, raconte Christophe
Parcot, directeur général d'Overture France.
Ce jour-là, nous avons appris officiellement
que T-Online rompait unilatéralement notre contrat.
Dans les deux heures qui ont suivi, l'ensemble de nos
liens promotionnels avaient disparu des sites de T-Online."
Pour
justifier cette rupture, T-Online évoque une
clause de l'accord lui permettant de se désengager sans
dédommagement dans l'hypothèse où Overture passerait
sous la coupe d'un concurrent direct. Pour T-Online,
ce concurrent direct a un nom : Yahoo.
Contestant
cette interprrétation, la société
de liens promotionnels a déposé plainte
pour rupture abusive de contrat devant le tribunal de
grande instance de Francfort via sla filiale allemande.
L'audience a eu lieu jeudi 28 août et la décision
rendue vendredi 29.
"Le tribunal a délivré
en référé une injonction contre
T-Online lui intimant de réactiver les liens
sponsorisés d'Overture en lieu et place de ceux
de Google", annonce Christophe Parcot. Mi-août,
T-Online a en effet signé avec Google pour la
mise en place, dans ses pages, du moteur de recherche
et du service de liens promotionnels de la société
américaine.
Cette injonction devrait
obliger T-Online à obtempérer dès
cette semaine. Une démarche similaire (demande
d'injonction) a été effectuée concernant
les résultats algorithmiques (le moteur de recherche)
qui était géré par Fast, filiale
d'Overture depuis février 2003. La décision
du tribunal est annoncée pour mercredi ou jeudi.
Mais le feuilleton est
loin d'être terminé. D'une part, T-Online
certifie ne pas avoir reçu officiellement l'injonction
du TGI de Francfort. La position officielle du fournisseur
d'accès est la suivante : "T-Online ne commente
pas cette décision, indique un porte-parole de
la société. Nous n'avons pas encore reçu
d'injonction de quelque sorte que ce soit jusqu'à
présent. Une fois que nous aurons reçu
une injonction, nous la transmettrons à notre
département juridique pour qu'il l'étudie
dans le détail." Le fournisseur d'accès
fera sans doute appel de cette décision.
Overture, de son coté,
compte demander des dédommagements. "L'annonce
de la rupture de contrat par T-Online a eu un double
impact négatif sur notre activité. Non
seulement nous avons perdu du chiffre d'affaires depuis
le 7 août dernier mais cela a également
impacté notre image de marque. Nos autres partenaires
ont été décontenancés par
l'annonce de T-Online. C'est pourquoi nous avons l'intention
de demander des dommages et intérêts",
certifie Christophe Parcot. Cette indemnisation pourrait
s'élever à plusieurs dizaines de millions
d'euros.
La porte est toutefois
encore ouverte aux négociations. "Nous aurions
préféré ne pas devoir aller devant
les tribunaux et continuer à travailler avec
T-Online, explique le directeur général
d'Overture France. D'ailleurs, nous sommes toujours
prêts à discuter avec eux. Ils demeurent
un très bon partenaire. Un de nos partenaires
historiques en Europe, qui plus est."
Par le baton ou la carotte,
Overture compte faire un exemple de l'affaire T-Online
: la société peut craindre que son rachat
par un portail de l'importance de Yahoo ne déclenche
une vague de défiance de la part de sites-supports
si chèrement conquis depuis un an.
Le contrat pluriannuel
qui liait Overture et T-Online devait prendre fin en
2004 au plus tôt. Il concernait l'Allemagne, la
France et l'Espagne (encore en phase de test).
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