Après les projets ou
les expérimentations, voici venu le temps des
accords commerciaux pour la télévision
sur Adsl. France Telecom et TPS ont en effet conclu
un "accord stratégique" - en gestation
depuis de nombreuses semaines - pour le lancement en
décembre 2003 d'une offre permettant de consulter
sur un téléviseur un bouquet de chaïnes
monté par l'opérateur satellite, des programmes
à la demande et des services interactifs commercialisés
par l'opérateur télécoms, le tout
combiné à un accés Internet à
haut débit. L'offre sera proposée à
Lyon en décembre, à Paris au printemps
2004 puis "progressivement dans les autres agglomérations
françaises". France Télécom et TPS dévoileront
dans les prochaines semaines le détail de cette nouvelle
offre. Quant à son prix, il sera comparable à
celui des bouquets satellitaires, a déclaré
sans plus de précisions un représentant
de France Telecom à l'AFP.
Pour
France Telecom, la télévision Adsl est
l'occasion de jouer un rôle de premier plan "dans
les domaines de l'image, qui constituent un potentiel
de croissance important, en particulier pour la ligne
téléphonique fixe", indique Thierry Breton, son PDG,
dans un communiqué. La téléphonie
fixe, justement, est l'activité qui préoccupe
le plus les stratèges et les financiers de l'opérateur.
De son coté, Emmanuel Florent, le patron de TPS,
compte sur l'Adsl pour "mieux atteindre le cur
des villes et le logement collectif, soit 10 millions
de foyers". Condamné à n'être
que le deuxième bouquet satellitaire français,
TPS a choisi de s'attaquer au territoire des câblo-opérateurs.
L'accord
intervient une semaine après l'annonce par Emmanuel
Florent du lancement "avant la fin de l'année" dans
une ville de France de TPSL, son projet de télévision
sur ADSL, qui devait être étendu ensuite "aux
plus grandes agglomérations du pays". Le
choix de Lyon ne doit rien au hasard : c'est là
qu'a lieu depuis juillet une expérimentation,
menée par France Telecom auprès
de quelques collaborateurs, de
diffusion de chaînes de télévision
et de vidéo à la demande.
C'est le projet PCCAD,
pour "pilotage de chargement de contenus à domicile",
sur lequel les équipes de France Telecom travaillent
depuis plus d'un an.
Plusieurs groupes audiovisuels
suivaient de près l'expérimentation, dont
Canal +, qui à force de tergiversations voit
son rival TPS lui passer devant, et TF1 (actionnaire
majoritaire de TPS avec 66%, le reste étant détenu
par M6). Le même
TF1 testait de son coté la télé
Adsl à Paris avec l'opérateur LDCom (nom
de code DreamTV) et on attendait une décision
quant à son éventuelle commercialisation.
Mais
en juin, Patrick Le Lay, le PDG de TF1, avait indiqué
lors d'une conférence de l'EBG que le groupe
réfléchissait à une offre payante
plus large regroupant un bouquet de télévisions, des
appels téléphoniques et un accès internet, estimant
qu'une simple formule payante de télé
ADSL serait "un produit trop cher" pour le
consommateur". D'où la nécessité
de trouver "un schéma astucieux avec différents
partenaires".
Selon
plusieurs sources, Patrick Le Lay a fait ces derniers
mois le forcing auprès de son ami Thierry Breton
pour mettre en place un schéma astucieux...
qui
semble laisser LDCom au bord du chemin. Le premier groupe
audiovisuel de France préfèrerait une
alliance avec l'opérateur historique plutôt
qu'un partenariat avec un
opérateur alternatif, à la puissance de
feu moindre.
L'alliance
de l'image et de la technologie DSL agite beaucoup d'acteurs
puis de nombreux mois. En février dernier, six
patrons français avaient présenté
à Francis Mer, le ministre de l'Economie, un
projet intitulé "Pour le décollage des services interactifs
à haut débit". Ils s'étaient aussi engagés
à "collaborer de façon étroite". Parmi ces six
patrons figuraient Thierry Breton et Patrick Le Lay,
qui vont donc commencer à collaborer étroitement
à Lyon.
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