C'est une décision pour
le moins surprenante que vient de prendre le réseau
mondial MSN, exploité par Microsoft. A partir
du 14 octobre prochain, les chambres de chat des portails
européens, asiatiques et sud-américains
(soit 34 portails locaux) seront définitivement
coupées. Seules les chatrooms de MSN Etats-Unis,
Canada, Japon et Brésil seront maintenues. Pour
ces survivants, l'exploitation sera nettement plus encadrée.
Aux Etats-Unis, le service de chat devrait ainsi passer
en premium.
Pour
justifier cette mesure radicale prise au niveau mondial,
MSN met en avant sa volonté de participer à
la lutte contre "les dérives du Net"
en citant les grands maux du Web : spam, virus
et contenus illicites, notamment pédophiles.
MSN
France est directement concerné par cette décision.
Dès le 14 octobre, les chambres de chat sur Msn.fr
seront mises hors service. Dans le prolongement de cette
mesure, l'accès à des chatrooms via le
logiciel MSN 8 sera également supprimé.
MSN France n'exclut pas le recours à des exercices
ponctuels de chat pour accompagner une opération
événementielle.
"Cette décision
a été prise en dehors de toutes considérations
judiciaires, commerciales ou financières",
explique Grégory Salinger. Pour justifier cette
mesure, le directeur général de MSN France
évoque surtout un "manque de traçabilité
des internautes qui participent aux chats" et préfère
mettre en avant l'outil de messagerie instantanée
MSN Messenger qui permet de dialoguer "dans un
contexte sécurisé".
Malgré le dispositif
de modérateurs mis en place sur ses chatrooms
et le système d'authentification Passport, MSN
France avoue donc ne pas réussir à contrôler
ce qu'il se passe sur ses chats. "Le volume d'utilisateurs
dans les salles de discussions est trop important pour
pouvoir assurer un contrôle efficace", constate
Grégory Salinger.
Chaque mois, MSN.fr recense 500 000 utilisateurs
de chat, ce qui représente une partie non négligeable
de l'audience totale du portail. La disparition des
chambres de chat pourrait donc être ressentie
dans les prochaines livraisons de Nielsen//NetRatings
sur le trafic des principaux portails français.
La décision de MSN ne semble guère comprise
par les autres acteurs du Net. Citée par l'AFP,
l'Association des fournisseurs d'accès Internet
(AFA) a indiqué qu'elle regrettait que MSN en
soit arrivé à cette mesure extrême
qui "montre les ravages du spam". Quant à
Freeserve, la filiale britannique de Wanadoo, elle a
qualifié cette décision "d'irresponsable"
et "de coup publicitaire". Le FAI, toujours cité
par l'FAP, estime que cette mesure risque de "plonger
dans la clandestinité les utilisateurs des forums de
discussion".
En l'état actuel, aucun
autre grands éditeurs Internet n'a rejoint MSN
dans cette nouvelle croisade. Il semblerait que le terrain
de la lutte contre le spam soit, lui, plus consensuel :
en avril dernier, AOL, MSN et Yahoo avaient annoncé
une mise en commun de leurs actions pour lutter contre
les messages indésirables..
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