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Téléchargement musical : l'industrie du disque française prépare son plan vigipirate
Poursuites judiciaires, responsabilisation des FAI, blocage des fichiers... L'industrie du disque française peaufine à son tour son plan d'attaque contre le piratage.  (Jeudi 25 septembre 2003)
         
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Après avoir longtemps résisté à la déprime mondiale du marché du disque, entamée en 2000, la France est à son tour touchée par le phénomène. Les ventes de disques ont baissé dans l'Hexagone de 9 % en valeur au premier semestre et, comme un peu partout dans le monde, la piraterie est l'une des raisons invoquées par l'industrie musicale. Du coup, c'est le branle-bas de combat chez les producteurs, les artistes et les législateurs. A l'heure où la RIAA poursuit 261 particuliers aux Etats-Unis, les utilisateurs français du peer-to-peer sont en droit de se demander où leurs téléchargements vont les mener.

On ne connaît pas le nombre exact d'utilisateurs du P2P en France. Les dernières estimations en date, réalisées par NetValue, estiment à plus de 20% la proportion d'internautes français ayant déjà téléchargé de la musique sur Internet, soit plus de 5 millions de personnes. Parmi eux, 20 % mettraient en partage la musique qu'ils téléchargent. Autre indication, fournie un FAI français et citée par le Forum des Droits de l'Internet : moins de 1% des abonnés ADSL seraient à l'origine de plus de 50 % du trafic peer-to-peer.

Ce sont ces utilisateurs intensifs du P2P qui sont les plus susceptibles d'être inquiétés si des actions comparables à celles de la RIAA voyaient le jour en France. La plupart des internautes ne sont pas de "gros" consommateurs de téléchargement : la moyenne européenne se situe à six titres téléchargés par mois et par internaute, selon Forrester Research. Un niveau de piraterie en-dessous des radars de l'industrie du disque.

Evolution des ventes de disques en France (en valeur)
Evolution sur 1 an
2001-2002
2002-2003
T1
+ 5 %
- 7 %
S1
+ 6 %
- 9 %
T3
+24 %
/
T4
- 5,7 %
/

Pour l'instant, la RIAA n'a pas exprimé l'intention de poursuivre les pirates étrangers qui ne sont pas, il est vrai, soumis à la loi américaine sur le copyright. L'association américaine privilégie à l'international des actions de communication. L'IFPI (Federation of the Phonographic Industry), représentant l'industrie musicale dans le monde entier, coordonne ces campagnes "d'éducation" auprès des internautes.

En août dernier par exemple, les homologues de la RIAA en Australie, au Canada, au Danemark et en Allemagne ont envoyé des messages instantanés aux utilisateurs de P2P, leur rappelant que la distribution sur Internet sans permission d'œuvres protégées par les droits d'auteur est illégale. Plus tôt dans l'année, une vingtaine de pays (dont la France) a envoyé à des milliers d'entreprises et d'établissements scolaires un "Guide de l'usage et de la sécurité des droits de propriété littéraire et artistique". Ce guide rappelle les risques encourus et propose des exemples de notes de service ou de chartes à diffuser dans les organisations.

Un site web dédié à la promotion de la musique légale en ligne, Pro-music.org, a également vu le jour en mai sous l'égide de l'IFPI. Des versions nationales de ce site sont prévues à terme. Mais pour l'instant, seule l'Allemagne dispose d'une version locale de ce site de sensibilisation.

En France, les poursuites individuelles seraient légalement possibles. Mais elles ne sont pas souhaitées par les principaux représentants de l'industrie musicale. Le Syndicat national de l'édition phonographique (Snep), dont les membres (producteurs, fabricants, éditeurs, distributeurs) représentent 80 % du chiffre d'affaires du marché du disque, propose plutôt d'"obliger les opérateurs, notamment les FAI, à coopérer effectivement à la lutte contre la piraterie sur les réseaux, dont ils profitent activement" et de "fixer des dommages forfaitaires punitifs minimums".

Même son de cloche à la Société Civile des Producteurs Phonographiques (SCPP), l'équivalent de la Sacem pour les producteurs et les interprètes, qui dispose d'un Bureau Anti-Piraterie. "Nous ferons tout pour ne pas en arriver là, commente Marc Guez, son directeur général. Ce n'est l'intérêt de personne. Nous avons prévu d'agir en fermant l'accès aux contenus, mais pour cela nous attendons la transposition des directives européennes sur le commerce électronique."

La directive européenne sur le commerce électronique devrait normalement être transposée en Droit français avant la fin de l'année. Le texte a déjà été voté en première lecture à l'Assemblée nationale, et il doit encore être avalisé par le Sénat.

En s'appuyant sur cette directive, il s'agit concrétement pour l'industrie du disque française de demander aux FAI de mettre en œuvre les technologies à leur disposition pour que les utilisateurs des réseaux P2P ne trouvent plus les fichiers qu'ils cherchent. "L'idée, c'est d'appauvrir l'offre sur plusieurs années, pour décourager les pirates, poursuit Marc Guez. Mais les FAI traînent des pieds, ils attendent le dernier moment pour le faire. Au pire, nous entamerons une action en justice pour aboutir à la coupure de l'accès."

Jérôme Roger, directeur général de l'Union des Producteurs Français Indépendants (UPFI), confirme cette position. "Je ne pense pas que la politique de répression de la RIAA qui consiste à criminaliser les internautes soit très efficace. Plutôt que de s'en prendre aux internautes, je préfère responsabiliser les fournisseurs d'accès à Internet."

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A côté des dispositions législatives censées réorganiser le marché, les plates-formes légales de téléchargement sont le deuxième axe de travail de l'industrie du disque. "C'est bien qu'elles existent, note Marc Guez, de la SCPP. Mais il faudrait une offre plus attractive, en termes de prix et de fonctionnalités. Nous sommes prêts à faire des efforts sur les prix, car sur Internet la faiblesse des marges peut être compensée par les volumes et l'absence de coûts variables. Mais plus la sécurité de ces plates-formes contre le piratage sera garantie, plus nous serons flexibles", confie-t-il.

Finalement, les internautes français s'en tireront peut-être sans procès, avec en prime des services de téléchargement légaux plus attractifs, au son de meilleure qualité et aux offres moins complexes. Reste à savoir sous quelle forme seront transférés les coûts de restructuration du marché…

[Raphaële Karayan, JDNet]
 
 
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