La Conférence des Nations
Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED) a
publié la troisième édition de son rapport sur l'e-commerce
et le développement qui analyse les relations entre le
développement des TIC et les transformations économiques
et sociales qui peuvent en résulter pour les pays en développement.
Ce rapport a été conçu sous l'égide de la Division de
l'Infrastructure des Services pour le Développement et
l'Efficacité Commerciale (ISDEC), dont fait partie le
Service du Commerce Electronique.
Le
constat préliminaire établi par la CNUCED reconnaît
aux TIC le pouvoir d'accroître la compétitivité et la
performance des entreprises, grâce aux différents bénéfices
que celles-ci peuvent en tirer : meilleure circulation
de l'information et des savoirs, meilleure organisation,
réduction des coûts de transaction, meilleure efficacité
du management, émergence de nouveaux marchés, diversification
des économies nationales, nouveaux débouchés aux exportations,
services à valeur ajoutée, etc.
Le rapport identifie également
les causes qui ont empêché les pays en développement
d'accéder aux TIC et de profiter de ces leviers :
infrastructures de télécommunications insuffisantes,
coût de l'accès à Internet, absence de cadre légal et
réglementaire adapté, manque de formation, difficulté
à trouver du contenu en langue locale, faible dynamisme
de la création d'entreprise et régimes politiques peu
ou pas démocratiques.
Les chiffres qui étayent
le rapport sont sans appel : les pays en développement
ne représentaient que 32 % des internautes fin
2002, alors qu'ils comptent pour 80 % de la population
mondiale. L'internaute africain dispose en moyenne de
vingt fois moins de bande passante que l'internaute
européen, et 8,4 fois mois que l'internaute américain
moyen. Selon l'OCDE, en 2000-2001, 38 % des internautes
américains avaient acheté en ligne, contre 0,6 %
seulement des utilisateurs au Mexique.
Alors que le montant des
ventes en ligne BtoC en 2002 s'élevait à 43,47 milliards
de dollars aux Etats-Unis (hors tourisme) et à 28,29
milliards de dollars dans l'Union Européenne, il était
de 15 milliards de dollars dans la région Asie-Pacifique,
de 2,3 milliards de dollars en Amérique du Sud, et de
4 millions de dollars en Afrique (l'Afrique du Sud étant
responsable de la majorité des échanges).
Pour l'instant, seuls quelques
pays émergents (Singapour, République de Corée...) ont
réellement bénéficié des gains de productivité permis
par les TIC. Mais selon la CNUCED, des progrès rapides
pourraient être réalisés ailleurs à condition notamment
que les gouvernements étudient les meilleures pratiques
à l'uvre dans ces pays.
A ces fins, le rapport
suggère l'élaboration de stratégies englobant tous les
aspects nécessaires au développement des TIC, comme
l'a fait la Thaïlande, et propose un cadre pour leur
formulation. Il conseille également aux gouvernements
de montrer l'exemple en développant l'e-administration,
et de combiner actions publiques et privées afin d'allier
l'équilibre des développements et le dynamisme de l'innovation.
La CNUCED consacre par
ailleurs toute une partie de son rapport à l'outsourcing,
envisagé comme un moyen d'accumuler de l'expérience
et des techniques. Le marché de l'outsourcing, qui s'étend
de la délocalisation des tâches administratives à la
prise en charge de projets complexes, pourrait représenter
entre 300 et 585 milliards de dollars dans les deux
prochaines années. L'Inde capte d'ores et déjà une partie
non négligeable de la demande, mais d'autres pays emboîtent
le pas : le Bangladesh, le Brésil, la Chine, les
Philippines, la Roumanie, la Russie, Singapour, la Thaïlande,
le Vénézuéla et le Vietnam. Seulement, afin d'être compétitifs,
les pays qui souhaitent se positionner sur ce marché
doivent être en mesure d'assurer la présence de main
d'uvre qualifiée, d'infrastructures web, et la stabilité
politique.
Enfin, le rapport aborde
des thèmes spécifiques, comme l'utilisation des logiciels
open source, susceptible de stimuler l'acquisition de
compétences et de réduire la fracture numérique. Le
recours au web est également suggéré
comme moyen de supprimer des intermédiaires et de réduire
les coûts de transaction dans le processus de distribution
des produits agricoles comme le thé ou le café (le Brésil,
le Guatémala et le Kenya sont pionniers dans ce domaine).
Enfin, les systèmes de résolution en ligne des litiges
sont présentés comme une piste à explorer
pour faciliter les relations commerciales avec les pays
développés.
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