La place de marché automobile
Covisint se déleste de son activité d'enchères en ligne
afin de se recentrer sur ses activités logicielles. C'est
la société américaine Freemarkets, place de marché spécialisée
dans les solutions d'e-Sourcing, qui reprend l'ensemble
de ses contrats à long terme avec les constructeurs automobiles
Daimler Chrysler, Ford et General Motors, tous trois cofondateurs
de Covisint.
La
transaction, dont le montant n'a pas été divulgué, doit
être finalisée en janvier et va permettre à Freemarkets
de renforcer ses positions sur le secteur automobile.
Outre la fourniture de services à Daimler Chrysler,
Ford et GM jusqu'au terme des contrats transférés (trois
ans), la société va se trouver désormais en mesure de
collaborer avec Renault-Nissan, Mitsubishi, Fiat ou
encore PSA, avec lesquels elle était déjà en contact.
"Notre objectif est de continuer à servir nos clients
tout en étendant notre base et e augmentant notre valeur
ajoutée, déclare Laurent Pirard, vice-président France,
Europe du Sud et Benelux de Freemarkets. Cette acquisition
nous confère une position de numéro un sur l'activité
des enchères dans le secteur automobile, qui génère
de gros volumes d'achats. Pour les plus gros constructeurs,
cela se compte en dizaines de milliards d'euros."
Freemarkets travaillait
déjà pour le secteur automobile avant cet accord, notamment
pour General Motors. Dans un communiqué, l'entreprise
affirme avoir traité un volume d'achat de 20 milliards
de dollars, et permis à l'industrie de réaliser 3,5
milliards d'économies.
Pour Covisint, qui considère
la vente de son activité d'enchères comme une étape
logique de son évolution, c'est une tentative pour atteindre
la rentabilité en 2004. La place de marché, créée en
2000, est en effet en proie depuis plusieurs années
à des restructurations, en raison de difficultés à recruter
un nombre suffisant de fournisseurs et à générer les
volumes de transactions nécessaires, bien que Renault-Nissan
et PSA aient rejoint les trois cofondateurs. 150 suppressions
de postes en 2002 - et trois P-DG successifs en un an
- avaient témoigné de ces difficultés. Covisint a réalisé
60 millions de dollars de chiffre d'affaires en 2002.
La reprise de l'activité
d'enchères de Covisint ne concerne pas la plate-forme
technologique, qui était opérée par Commerce
One. C'est l'application de sourcing de Freemarkets,
QS, qui remplira la fonction technique. Elle bénéficiera
pour l'occasion de quelques développements spécifiques,
destinés à l'adapter à l'industrie automobile.
L'accord passé entre Freemarkets
et Covisint inclut par ailleurs l'embauche d'employés
de Covisint spécialisés dans les services d'enchères.
En Europe, cela concerne treize salariés, répartis entre
la France, l'Allemagne et l'Angleterre.
Freemarkets, qui prévoyait
un chiffre d'affaires 2003 en recul (de 170,4 millions
de dollars en 2002 à 150 millions de dollars), compte
sur ce rachat pour ralentir cette baisse. "L'année 2003
a été très difficile pour le monde des services, explique
Laurent Pirard. Beaucoup de nos grands comptes ont aujourd'hui
besoin de plus de technologie et de moins de services.
Le nombre de nos clients a fortement augmenté, mais
cela n'a pas suffit pour compenser les contrats avec
les grands comptes." Tous secteurs confondus, la place
de marché compte environ 150 clients actifs.
Malgré tout, les acquisitions
de places de marché sectorielles ne sont pas un axe
de développement stratégique pour Freemarkets, comme
le souligne Julian Kulkarni, directeur marketing Europe
: "Nous sommes souvent approchés par ce genre de plate-forme,
mais nous privilégions la croissance organique aux acquisitions."
Une stratégie qui semble globalement appréciée, puisque
l'action de la société a gagné près de 20% depuis l'annonce
du rachat des actifs de Covisint.
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