Après une année
2003 particulièrement atone en France en matière
d'introductions en Bourse, 2004 se présente sous
de meilleures auspices avec, déjà, plusieurs
projets en cours dont l'imminente introduction du fournisseur
d'accès Internet Iliad/Free, attendue d'ici la
fin du mois ou au début de février. Avec
Les clés d'un parcours boursier réussi
(Gualino éditeur), Catherine Kablé, spécialiste
de la finance d'entreprise, propose un guide pratique
qui permet de comprendre le marché boursier français
et de mieux appréhender les règles et usages
du processus d'introduction en Bourse.
Quelques éclairages avant le sprint attendu.
JDN.
Quelles sont les grandes étapes à retenir
en vue d'une introduction en Bourse ?
Catherine
Kablé. La première chose est de savoir
pourquoi on souhaite s'introduire en Bourse (pourquoi
je m'introduis, qu'est-ce que je cherche, qu'est-ce
que je suis prêt à apporter à mes
investisseurs, quelle est la structure de l'actionnariat
que je souhaite, combien je suis prêt à
céder de mon capital, etc.). Toutes les réponses
à ces questions vont conditionner l'introduction.
Ensuite, il faut se demander de quelle manière
on va pouvoir intéresser les investisseurs et
identifier ceux que l'on souhaite particulièrement
attirer. En général, ce que cherchent
les investisseurs, c'est une société en
croissance sur un marché porteur, avec un savoir-faire
particulier et un développement sain et régulier.
Et puis surtout, la société doit avoir
une histoire. on doit comprendre ce qu'elle fait et
comment elle est arrivée là où
elle est, quel est son produit, à qui il s'adresse,
comment il se vend, qu'est-ce qui a contribué
à l'histoire de la société et qu'est-ce
qui y contribuera demain à son succès.
Une
fois ce premier stade passé, quel est le calendrier ?
Ensuite,
on passe à une phase très chronophage
qui est l'introduction en Bourse elle-même. un
phase qui peut prendre de quatre à douze mois.
A ce stade, la première étape est de trouver
celui qui va vous introduire en Bourse, c'est-à-dire
le prestataire de services d'investissement (PSI). Il
va coordonner les différentes démarches,
notamment auprès des autorités de marché,
rédiger le prospectus, coordonner les différents
intrvenants, l'expert-comptable, l'avocat, etc. Donc
la société en phase d'IPO va établir
une relation très étroite avec son PSI
pendant près de six mois, une véritable
relation de confiance. C'est pourquoi il faut bien le
choisir (avoir un bon relationnel avec lui, regarder
son track record, vérifier son sérieux
et sa compétence, voir le prix qu'il va vous
proposer et les investisseurs qu'il est susceptible
de vous amener...). Ensuite, il y a un déroulé
assez standard : prospectus à fournir qui
doit être visé par l'AMF (Autorité
des Marchés Financiers), aval d'Euronext en cas
d'introduction dans un marché réglementé,
etc. Une fois qu'on a reçu le feu vert de l'AMF,
il ne reste plus qu'à procéder à
l'introduction en elle-même. Ce qu'il faut souligner,
c'est que la procédure de placement des titres
est primordiale. Contrairement à ce qu'on croit,
les particuliers n'ont pas une grande importance dans
la réussite ou non d'une introduction. La plupart
du temps, 80 % des titres sont vendus auprès
d'investisseurs institutionnels et seulement 20 %
à des actionnaires individuels.
En
terme de communication, quelle est la meilleure méthode
pour une société pour annoncer son introduction
en Bourse ?
La
communication commence plusieurs semaines avant pour
bien faire passer le message auprès des investisseurs
et leur présenter la société (c'est
pourquoi il faut avoir une histoire à raconter).
Mais, s'il faut bien communiquer avant, les sociétés
ont surtout tendance à oublier de continuer à
communiquer après leur entrée en Bourse.
Cela est souvent dû au fait que plus personne
n'est présent pour les conseillers. Leur PSI
ou leur agence de relations publiques recrutée
au moment de l'IPO ne sont plus là pour les aider.
Or, il faut bien comprendre que l'aventure ne fait que
commencer avec l'introduction. Selon moi, communiquer
sur sa société tous les trimestres est
un minimum. Plus la communication sera régulière,
plus le cours du titre sera actif. Il ne faut pas perdre
de vue qu'il existe en Bourse un processus de sélection
darwinienne assez fort. La société introduite
se retrouve face à des sociétés
du même secteur et de la même taille. il
faut donc être présent et trouver les arguments
pour attirer les investisseurs vers son titre plutôt
que de les laisser s'intéresser à ceux
des concurrents.
Catherine Kable, Les
clés d'un parcours boursier réussi, l'espérience
des entreprises cotées, Gualino
éditeur, 2003, Paris. 282 pages, 28 euros.
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