FAI : Fournisseur d'accès
Internet, société permettant à
un particulier ou à une entreprise de se connecter
à Internet, moyennant un abonnement ou un paiement à
la minute. Mais, concrètement, que connaît-on
du fonctionnement d'un FAI? Les efforts de communication
déployés par Free en prévision
de son imminente introduction en Bourse (le 30 janvier)
ont donné l'occasion au JDN de découvrir
- partiellement - l'envers du décor. En tout
cas de visiter, du sous-sol au dernier étage,
le siège social du fournisseur d'accès.
Voir
le diaporama de la visite de Free
Xavier
Niel, le PDG du groupe Iliad/Free, a joué le
guide le temps d'une matinée dans ces locaux
flambants neufs, situés dans le huitième
arrondissement de Paris. Le groupe s'est récemment
installé dans un immeuble de sept étages
(et quatre sous-sols) qui héberge notamment les
services administratifs, le centre d'appels, le service
logistique, une petite salle réseaux et des répartiteurs.
L'open-space est de rigueur, excepté pour les
deux derniers étages réservés aux
services administratifs, mais où les bureaux
sont systématiquement partagés. Xavier
Niel cohabite ainsi avec le directeur financier, Olivier
Rosenfeld. En période d'IPO, ça peut servir...
Le cinquième étage
est le centre névralgique d'Iliad, puisqu'il
est dédié aux services techniques.
Un pool a en charge la gestion des problèmes
techniques qui peuvent survenir sur le réseau.
Chaque employé surveille une zone géographique.
Ainsi, pour Paris, seize personnes se partagent les
arrondissements selon un fonctionnement en binôme.
Une personne derrière son écran est chargée
de pointer les alertes (du vert au rouge, selon la gravité
des incidents) et de servir de lien avec France Télécom
si le besoin s'en fait sentir. Une seconde personne
s'active sur le terrain pour aller identifier les problèmes
dans les centraux téléphoniques et effectuer
les réparations de son ressort. D'autres
équipes s'occupent de la gestion de la voix (dont
OneTel et Kertel) et des sites édités
par le groupe Iliad (Societe.com, Annu.com, etc).
Oscilloscope
et fer à souder
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Et puis, au fond de ce
grand open space, on trouve la (minuscule) équipe
dédiée au développement de la Freebox
et des DSLAM
multicast qui y sont associés. Moins d'une dizaine
de personnes travaillent ainsi à la mise au point
de la Freebox v3, qui devrait sortir dans moins de quinze
jours, et réfléchissent déjà
aux nouveautés à intégrer dans
la v4, dont la sortie pourrait intervenir en fin d'année
ou début 2005.
Toutes
les "trouvailles" de Free, celles
qui perturbent les agendas de ses concurrents, à
commencer par France Telecom, sont concoctées
dans ces quelques mètres carrés où
un oscilloscope cotoie un fer à souder et une
carte mère bricolée. La Freebox y est
paufinée avant que sa production ne soit confiée
à un fabriquant extérieur (Sagem, selon
nos sources). Quant au DSLAM ouvert qui traîne
dans un coin, il a été spécialement
développé pour Free, explique l'un des
techniciens : il peut gérer jusqu'à 384
abonnés et supporter Internet, voix sur IP et
télévision sur de très hauts débits.
Des performances largement supérieures à
celles des équipements qu'utilise France Telecom,
répètent à l'envie les gens de
Free ...
Aux étages trois
et quatre se trouve le centre d'appels. En fait,
pour l'instant, seul le 3ème accueille des hotliners
: 180 postes mais plus de 400 personnes au total chargées
de répondre aux clients. Le 4ème, actuellement
en travaux (1 million d'euros d'investissement), accueillera
un plateau similaire et 400 nouveaux hotliners sont
en cours de recrutement. Car, affirment ses dirigeants,
le FAI doit absolument améliorer ce qu'ils considèrent
comme sa principale faiblesse, que l'on constate d'un
simple coup d'oeil aux tableaux lumineux accrochés
à chaque extrémité du centre d'appels
: on y voit, en temps réel, le temps moyen d'attente
d'un client pour avoir un conseiller au téléphone.
Lors de notre visite
(vendredi 17 janvier), ce temps d'attente était
de plus de onze minutes pour le service Free à
11h00 heures du matin. De l'aveu même de Xavier
Niel, cela signifie qu'il faudra plus de quinze minutes
pour avoir un interlocuteur en milieu d'après-midi.
Le doublement de la capacité du centre d'appels
est donc destiné à faire face à
ce problème crucial. Et Iliad a choisi de ne
pas externaliser son service relation-client.
Au premier étage
se situent les salles de réunion et les
espaces de formation des conseillers téléphoniques
justement. Le parcours initiatique d'un hotliner est
très formaté : passage d'un test,
une semaine de formation théorique, deux à
trois semaines de travail en binôme pour apprendre
concrètement le métier puis le hotliner
vole de ses propres ailes. Le niveau requis est bac+2
avec des connaissances informatiques pour un salaire
moyen de 2.000 euros bruts par mois, selon la direction,
qui s'efforce de présenter sous son meilleur
jour cette partie de l'activité d'Iliad : la
parution, il y a quelques semaines, d'un article très
défavorable dans l'hebdomadaire Marianne a laissé
des traces. Les employés de Free bénéficient
aussi d'une salle de détente faisant aussi office
de salle à manger, avec à leur disposition
boissons ("gratuites", précise-t-on),
micro-ondes et réfrigérateurs.
Freebox
: le(s) retour(s)
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Le rez-de-chaussée
est l'étage du papier (et du carton) en tous
genres. Il est en effet réservé à
la logistique : gestion des courriers (demande
d'abonnement, réclamations, résiliations...)
et retour des Freebox (pour les résiliations
ou en cas de panne). Celles-ci sont testés, éventuellement
réparées, puis reconditionnées
pour être expédiées à de
nouveaux clients. Le taux de churn, c'est-à-dire
le taux de perte des abonnés, est de 1%, selon
Xavier Niel, soit environ 5.000 résiliations
par mois.
Au sous-sol, on trouve
une petite salle réseau (la principale
étant à Courbevoie) avec serveurs, répartiteurs,
serveurs de mails, etc. Free, également opérateur
téléphonique avec OneTel, compte pas moins
de 200 salles réseaux dans toute la France (de
tailles très variables). En terme de débit,
Free disposerait d'une capacité de 80 gigabits,
dont seulement une petite partie serait utilisée
actuellement. Dans
les étages inférieurs, enfin, se situent
les parkings, des répartiteurs et des groupes
électrogènes en cas de panne de courant
(tout ce matériel a été placé
en sous-sol en raison de son poids).
Même si,
aux yeux de Xavier Niel, Iliad est tout sauf une start-up,
l'ambiance telle que la ressent le visteur de passage
semble légère : tutoiement de rigueur,
pas d'horaires stricts (en dehors des employés
du centre d'appels), musique dans certains bureaux,
tenues décontractées (jusqu'au jean -
savamment? - élimé du patron). Mais ni
baby-foot, ni salle de sport : partout, l'atmosphère
est des plus studieuses. Et la sobriété
est de mise, jusqu'à la table de travail, juste
un peu plus large que les autres, du PDG d'un FAI bientôt
coté et qui fait partie des "Europe's super-rich"
récemment listés par le quotidien britannique
The Guardian.
Voir
le diaporama de la visite de Free
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