Avec un prix d'introduction
au plus haut de sa fourchette indicative (16,30 euros),
un placement global sursouscrit 28,6 fois et une offre
aux particuliers, 14 fois, l'entrée en bourse
d'Iliad, la maison-mère de Free, s'annonçait
déjà comme un succès jeudi 29 janvier.
Le premier jour de cotation, vendredi 30, a confirmé
cet engouement pour la valeur Internet, puisque le titre,
qui n'a pu être coté qu'à 10 h 45
(au lieu de 10h30) pour cause d'un afflux d'ordres d'achat,
a ouvert à 21,51 euros. Réservé
un temps à la hausse, il a poursuivi son ascension
jusqu'à atteindre la valeur de 22,70 euros (+ 39 %)
un peu avant 11 heures. L'heure
qui a suivi a été marquée par un
léger repli (20,00 euros au plus bas), rapidement
effacé. Une fois que les investisseurs non servis
de prime abord ont été satisfaits, le
cours s'est fortement calmé. L'après-midi
a été extrêmement stable avec un
cours oscillant aux alentours de 21 euros. L'action
clôture finalement à son plus haut de l'après-midi,
sur un gain de 30,37 % à 21,25 euros.
Les
premières cotations d'Iliad-Free
Introduction
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10h45
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12h30
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15h30
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17h00
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Clôture
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16,30 €
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21,51 €
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21,00 €
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21,10 €
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21,00 €
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21,25 €
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Près
de 4,6 millions d'actions ont été échangées,
dont le plus gros a été traité
avant midi. L'opération a permis à Iliad
de lever 94,4 millions d'euros pour financer son développement,
notamment le dégroupage pour étendre son
offre ADSL/Freebox en France.
Cet engouement, qui pourrait
bien se poursuivre à court terme en raison de
l'effet "rareté" du titre (le capital
flottant est de moins de 15 %), pourrait à terme
être néfaste pour Iliad, qui pourrait pâtir
de la spéculation faite autour de ses titres.
Déjà, au terme de la première journée
de cotation sur le Premier Marché d'Euronext,
le revenu brut d'exploitation (RBE) annuel du groupe
Iliad (aux alentours de 85 millions d'euros) est valorisé
11 fois (la valorisation d'Iliad sur la base du prix
d'introduction, hors sur-allocation, est de 871 millions
d'euros). A contrario, Wanadoo, numéro 1 en France
et qui dispose d'une assise européenne que ne
possède pas Iliad, est valorisé à
19 fois son RBE annuel.
Concernant la valorisation
par abonné, elle se situe légèrement
en dessous de 420 euros puisque Free compte quelque
2,085 millions d'abonnés (440.000 en haut débit
et 1,645 millions en bas débit) et que sa valorisation
est de 871 millions d'euros. On constate ici le fossé
qui s'est creusé depuis l'an 2000. A l'époque,
l'abonné LibertySurf était valorisé
6.000 euros, celui de Tiscali 10.000 et on grimpait
jusqu'à 18.000 chez Terra Networks...
Du côté du grand
public, l'enthousiasme était au rendez-vous pour
cette première introduction en Bourse depuis
trois ans. Le forum dédié à Iliad
sur le site d'information Boursorama.com était
au bord de l'implosion vendredi matin. Au total, plus
de vingt pages ont été remplies pour la
première journée de cotation. Les gens
se demandaient principalement à quel hauteur
ils allaient être servis (25 actions obtenues
pour moins de 100 demandées en moyenne) et étaient
impatient de connaître le niveau de la première
cotation.
Avant 10h45, de multiples rumeurs
ont couru (carnets à 24 ou 26 euros l'action)
puis, quand la première cotation a été
connue, les premières inquiétudes ont
surgi. Beaucoup craignaient une rapide rectification
pour revenir au prix d'introduction annoncé (16,30
euros), voire en dessous. L'après-midi a été
plus calme (plus d'une quinzaine de la vingtaine de
pages du forum ont été remplies durant
la matinée) mais la relative atonie de la seconde
partie de la séance a soulevé quelques
craintes quant à l'animation du marché.
Avec seulement 15 % de capital flottant et une bonne
partie aux mains des investisseurs institutionnels,
le risque est en effet de se retrouver à moyen
terme avec un cours léthargique.
Si le bilan est positif
pour Iliad, il ne l'est pas moins pour l'ensemble du
marché boursier qui, en saluant l'arrivée
d'Iliad, a lancé un signal fort. Cette introduction
réussie pourrait en effet encourager nombre de
sociétés (Internet ou non) à tenter
à leur tour de s'introduire en Bourse. Des noms
circulent déjà, mais aucun acteur de premier
plan n'a encore osé officialiser son projet.
La seule société
Internet à être vraiment sortie du bois
est Poweo, un opérateur français indépendant qui commercialise
de l'électricité notamment via sa plate-forme Internet.
Dirigé par Charles
Beigbeder (fondateur de SelfTrade, qu'il a quitté
en janvier 2002), Poweo a déposé un dossier d'introduction
auprès de l'AMF le 5 janvier dernier et ambitionne d'entrer
en Bourse en février 2004. Dans cette opération,
Poweo est conseillé par Europe Finance et Industrie.
Sur son site, la société explique que
"outre l'apport de capitaux, destiné à accompagner
le fort développement de Poweo, l'introduction en Bourse
représente (...) une démarche naturelle qui permettra
à la société de renforcer sa position de challenger
d'EDF et sa notoriété". Un discours qui ressemble
fort (si l'on remplace EDF par France Telecom) à
celui des dirigeants d'Iliad lors de l'annonce de l'introduction
en Bourse du FAI...
Les
premières cotations d'Iliad-Free
Introduction
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10h45
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12h30
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15h30
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17h00
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Clôture
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16,30 €
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21,51 €
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21,00 €
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21,10 €
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21,00 €
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21,25 €
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