Olivier Sichel, le PDG de Wanadoo,
a du se livrer à un exercice difficile : présenter
les résultats 2003 et les perspectives 2004 de
sa société à l'heure où les
rumeurs de rachat par France Telecom de sa filiale Internet
se font pressantes. Sans doute propulsée par ces
rumeurs, l'action Wanadoo vient de connaître quatre
séances de hausse consécutives (elle a terminé
la séance de mercredi en baisse de 1,70%, mais
a progressé de près de 15% depuis le début
de l'année). De son coté, le quotidien L'Agefi
annonçait mardi le lancement d'une offre publique
d'échange d'ici fin avril, se basant sur des sources
bancaires non identifiées.
La
conférence de presse de Wanadoo s'est en outre
déroulée la veille de celle que doit tenir
Thierry Breton, le PDG de France Telecom, pour présenter
cette fois les résultats de l'ensemble du groupe.
Comme il est probable que Thierry Breton sera interrogé
sur l'éventuelle opération capitalistique,
Olivier Sichel s'est donc contenté de répondre
que celle-ci "n'était pas une priorité"
et s'est refusé à tout autre commentaire.
A
défaut de savoir ce qu'il va advenir de leurs
titres Wanadoo, les actionnaires du FAI auront appris
que la société va pour la première
fois leur verser un dividende. Celui-ci a été
fixé à 3 centimes par action, correspondant
à 30% du résultat net enregistré
par Wanadoo sur l'année (159 millions d'euros,
contre 30 millions en 2002). Le chiffre d'affaires (2.167
millions d'euros) a cru de 26% et la marge brute (53%,
à 1.382 millions) a progressé de deux
points, grâce notamment à l'optimisation
des coûts du papier pour l'activité annuaires
et aux restructurations dans l'Internet.
Les
chiffres-clé de Wanadoo en 2003
"Wanadoo
a tenu ses engagements", a affirmé Olivier
Sichel, qui a évoqué "l'objectif
nécessaire de rentabilité dans le cadre
du chantier TOP" (le plan de redressement de France
Telecom initié par Thierry Breton à l'occasion
de son arrivée à la présidence
de l'opérateur). L'année
2003 se caractérise, selon la direction, par
de bonnes performances pour Wanadoo France, un redressement
des filiales internationales et la croissance des PagesJaunes.
Concernant
les activités Internet, le PDG de Wanadoo a indiqué
que les abonnés haut débit représentaient
27% de la base d'abonnés et que la société
en avaient acquis 700.000 en Europe sur l'ensemble de
l'année. Désormais, estime-t-il, "on
est entré dans un marché de masse, ce
qui nous autorise à faire des offres segmentées".
Si la part de marché de Wanadoo en France est tombée
de 70 à 55%, Olivier Sichel retient surtout la croissance
de son parc et le "formidable dynamisme" du
marché. Il a indiqué que Wanadoo entendait conquérir
un million de nouveaux abonnés haut débit en Europe
en 2004.
La
croissance est "au coeur de la problématique
2004", a précisé Olivier Sichel,
qui mise sur une nouvelle baisse des prix de gros dans
l'Adsl, même si la précédente ne
date que de décembre dernier. "A terme,
il n'y a pas de raison qu'on n'assiste pas à
une convergence entre les prix de France Telecom et
ceux des opérateurs dégroupés,
estime-t-il. Si France Telecom pratique des prix trop
élevés, le marché va lui échapper
au profit de Telecom Développement ou LDCom.
Donc France Telecom a intérêt à
avoir des prix compétitifs."
Interrogé
par ailleurs sur une éventuelle croissance externe
de Wanadoo, Olivier Sichel s'est là aussi refusé
à tout commentaire, quelques jours après
avoir affirmé sur BFM qu'il examinait le dossier
AOL Europe, même si ce dernier n'est officiellement
pas à vendre. "Wanadoo a l'ambition de devenir
le leader de l'Internet européen, a conclu son
PDG. On en a les capacités financières
[le groupe disposait à la fin 2003 d'une trésorerie
de 2.005 millions d'euros] et nous regardons avec
attention tous les dossiers qui se présentent.
Il y a des opportunités et on les étudie."
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