 A quoi ça ressemble la filiale française d'un groupe Internet américain ? Quelles langues y parle-t-on ? Pour répondre à ces questions, eBay France représente le laboratoire d'étude rêvé. Issue d'un groupe fondé en Californie en septembre 1995 par Pierre Omidyar, la filiale française, créée en 2000, a renforcé ses positions en France en rachetant en février 2001 le leader hexagonal des enchères en ligne, iBazar. Une partie de l'équipe d'iBazar est d'ailleurs toujours en place, à commencer par Grégory Boutté, l'actuel directeur d'eBay France. La société est aujourd'hui constituée d'une quarantaine de personnes, répartie en quatre pôles : marketing, produits, category managers, support (juridique, finance et RH). S'y ajoute, à Berlin, le service consommateurs qui emploie une trentaine de personnes rien que pour le site français.
eBay se veut être une place de marché 100 % virtuelle. Normal dans ces conditions que tout passe par l'ordinateur ou par le téléphone dans les locaux de la filiale française. N'allez pas imaginer des entrepôts de stockage ou des montagnes de courriers : le modèle de l'entreprise repose sur la dématérialisation totale du processus, de la mise en vente du produit jusqu'à son achat. La gestion technique du site est, elle, entièrement gérée depuis les Etats-Unis par plusieurs centaines de personnes qui assurent la stabilité du portail et de ses différentes version locales.
Fort de ce soutien extérieur, eBay France n'a pas opté pour des locaux tape-à-l'oeil dans un quartier réputé. La filiale française a choisi l'anonymat dans le dix-neuvième arrondissement de Paris, près de la place de la Bataille de Stalingrad.
En fait, la filiale s'est installée dans les anciens locaux d'iBazar. L'immeuble, qui appartient à SeaFrance (une filiale de la SNCF spécialisée dans les croisières vers le Royaume-Uni), était à l'origine louée dans sa totalité. Aujourd'hui, eBay n'en occupe plus que les trois étages les plus élevés. L'entrée est des plus discrètes, puisqu'elle s'effectue en traversant une boutique SeaFrance. eBay n'est pas une société qui a pignon sur rue en France.
Si l'environnement n'est pas très cossu, l'intérieur des locaux se révèle nettement plus accueillant : bureaux stylisés, ordinateurs à écrans plats (grâce à un accord mondial passé avec Dell), peluches en tous genres, et peintures de fans du site au mur. L'open-space est de rigueur, y compris pour le directeur général, logé à la même enseigne que ses employés. Mais, de l'aveu même des employés, le point central de la société, le centre nerveux, c'est la "cafétéria". Equipée comme il se doit de machines à café et de distributeurs de junk food, la cafétéria offre une vue imprenable sur le métro aérien et sur le canal Saint Martin.
Côté personnel, l'empreinte start-up est encore visible avec une équipe jeune
et une ambiance plutôt détendue. Mais on est loin des jeunes pousses aux horaires élastiques et où douze heures de travail par jour. Se plier aux horaires de la maison-mère américaine, et travailler en se calant sur les heures de bureaux de la Californie, demeure "exceptionnel", selon Grégory Boutté. Si des contacts téléphoniques sont nécessaires avec les Etats-Unis, ils ont généralement lieu de 16h à 18h30. La surveillance technique est assurée 24h/24 depuis le siège de San José.
Au fil des étages, chaque pôle d'activité est organisé autour d'un responsable et composé d'une dizaine de personnes environ. Le cinquième étage regroupe les équipes marketing et les équipes produits. Le marketing couvre la gestion des partenariats avec les sites, la communication d'eBay France et la gestion de la communauté des membres. L'équipe "produits" a en charge la conception et la mise en place des nouvelles fonctionnalités du site, qui sont créées aux Etats-Unis.
Au sixième étage, se trouvent les "category managers". Sous ce nom un peu barbare, se cachent les personnes chargées de développer le chiffre d'affaires de chaque catégorie du site (les collections de timbre, l'informatique, la musique, etc.). Charge à eux d' identifier les nouvelles tendances pour les mettre en avant, de discuter avec les internautes pour leur expliquer les meilleures techniques afin de vendre vite et à bon prix, et de mettre en avant certaines offres, à la façon des têtes de gondoles de supermarché.
Au septième et dernier étage, se trouvent les services supports. On y trouve le service juridique (en charge des contrats de partenariats, de marketing online, etc.), le service financier, les ressources humaines, la gestion du parc informatique et la direction. Par direction, il faut entendre en réalité une seule personne, le directeur général, Grégory Boutté. La hiérarchie est extrêmement réduite chez eBay France avec trois niveaux dans la structure : la direction, les chefs de pôles et les employés.
Mais la structure française n'est qu'une goutte d'eau dans le groupe eBay, une quarantaine de personnes sur un total de 6 000 employés dans le monde. Malgré tout, chaque employé porte sur lui en permanence un objet qui le relie à tous les autres. C'est une carte avec son nom, sa photo et une puce. Cette carte permet à chacun d'accéder à l'ensemble des locaux d'eBay à travers le monde, qui sont tous équipés d'un seul et même système d'ouverture. Un détail, certes. Mais un détail qui compte.
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