(mise à jour de l'article du 30/04/04) Enfin ! Annoncée vingt fois, rarement démentie, l'introduction en Bourse de Google commençait un peu à ressembler à l'Arlésienne. En fin de semaine dernière, un article du Wall Street Journal laissait présager que l'événement était proche. C'est désormais chose faite : Google a remis jeudi soir à la SEC (Securities and Exchange Commission) une demande officielle d'introduction en Bourse. Selon ce document, le moteur de recherche compte lever sur le Nasdaq ou sur le New York Stock Exchange - le choix n'est pas encore arrêté - quelque 2,7 milliards de dollars, en étalonnant son prix d'introduction sur un système d'enchères (voir le mode d'emploi).
L'opération, menée par Morgan Stanley et Credit Suisse First Boston, devrait valoriser la société californienne au-dessus de la barre des 20 milliards de dollars, probablement même autour des 25 milliards de dollars, ce qui valoriserait l'entreprise à plus de 20 fois son chiffre d'affaires 2003. Des montants qui font de l'IPO de Google la plus grosse opération boursière sur une valeur high-tech réalisée aux Etats-Unis depuis 2000.
Le document remis à la SEC, audité par Ernst & Young, permet de lever un coin de voile sur l'entreprise Google, qui cultivait jusqu'alors le secret sur ses données financières (voir les chiffres complets). L'année dernière, le moteur de recherche a réalisé un chiffre d'affaires de 961,9 millions de dollars (contre 347,8 millions un an plus tôt), pour un bénéfice net de 105,6 millions (contre 99,7 millions).
L'essentiel de l'activité de Google repose sur les revenus publicitaires, au travers des bannières, et des liens promotionnels intégrés sur le moteur de recherche et sur les sites partenaires. L'année dernière, 95 % du chiffre d'affaires de l'entreprise provenaient de l'activité publicitaire, soit 916,6 millions de dollars. Une part qui s'est encore accentuée au premier trimestre 2004, avec désormais 96,3 % des revenus issus des activités publicitaires.
La structure capitalistique de Google, en l'état, comprend deux actionnaires de poids : Larry Page et Sergey Brin, les cofondateurs, qui disposent chacun de 38,5 millions de parts. Pour conforter ce statut, Google émettra deux types d'actions ordinaires. Les actions de classe A disposeront d'un seul droit de vote par titre, tandis que les actions de classe B, réservées à l'équipe en place, disposeront de dix droits de vote par titre.
Cette formule, plutôt rare dans les valeurs technologiques et utilisée habituellement dans les groupes médias afin de préserver l'indépendance opérationnelle, permettra aux managers historiques de Google de conserver le contrôle de l'entreprise.
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