FINANCE
Franck Hennin (Richelieu Finance) : "Les marchés ont envie d'une nouvelle et belle histoire"
Une valorisation de 25 milliards de dollars, des titres mis aux enchères... Franck Hennin, analyste chez Richelieu Finance, donne son avis sur une opération qu'il juge risquée.   (03/05/2004)
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Dossier
Google : l'IPO
L'introduction de Google, qui se fera avant fin juin, devrait valoriser la société californienne au-dessus de la barre des 25 milliards de dollars, et permettre de lever sur le marché 2,7 milliards de dollars. Franck Hennin, analyste chez Richelieu Finance, revient sur ces perspectives, qu'ils jugent "déraisonnable".

Comment réagissez-vous à la valorisation qui servira de base à l'introduction de Google ?
Une valorisation entre 20 et 25 milliards, c'est énorme. En même temps, les marchés sont revenus à des niveaux plus hauts, et les investisseurs sont optimistes. Il y a donc un afflux important de capitaux, beaucoup d'argent à investir et une réelle demande. Si Google s'introduit maintenant, c'est pour être le premier à profiter de cette manne, plutôt que d'attendre la prochaine vague d'IPO et de se retrouver à plusieurs pour se partager le gâteau. Finalement, les dirigeants de Google sont des marchands de rêve : ils vendent un projet, un futur. Nous sommes quasiment dans le domaine du marketing. Mais avec une telle valorisation, ils ont intérêt à assurer un taux de croissance très important pour tenir la promesse qu'ils font à leurs futurs actionnaires. Or, même l'homme le plus visionnaire ne peut pas prévoir le futur d'une société. Cela repose sur tellement d'hypothèses que le risque me paraît déraisonnable. Mais, aujourd'hui, les marchés ont envie d'une nouvelle et belle histoire. Ils ont envie de voir des IPO et Google est en train de répondre à leur demande.

Selon vous, quelles sont les raisons qui poussent les dirigeants de Google à s'introduire en Bourse ?

La question qu'il faudrait plutôt se poser est : pourquoi ne font-ils pas une augmentation de capital qui leur apporterait directement du cash ? En fait, ils n'ont pas besoin de lever des capitaux. Et cette opération ne rapportera rien à la société elle-même dans l'immédiat. Je pense que l'initiative de l'introduction vient des actionnaires historiques qui ont décidé de sortir, et cherchent à profiter de l'état du marché pour en retirer un maximum. Dans un deuxième temps, cette introduction va probablement donner plus de latitude aux dirigeants qui auront alors plusieurs possibilités : ils pourront lever des capitaux, ou de la dette sur le marché obligataire. Ils auront également l'occasion de se faire racheter, ou bien de racheter une autre société par échange de titres.

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Google : l'IPO
Comment jugez-vous le système d'enchères choisi par Google ?
Outre le fait qu'ils cultivent leur image décalée, le système d'enchères permet de faire accéder un maximum de monde à l'introduction et d'en profiter pour avoir un prix le plus élevé possible. Ils auront ainsi un prix sans doute plus important que s'ils avaient placé l'opération dans les mains d'institutionnels qui l'auraient peut-être bradée. Les investisseurs, de leur côté, au lieu de passer par un broker, passeront directement par le Net. Mais le risque d'abus est tout de même très présent. Si l'introduction par mise aux enchères des titres va probablement limiter la spéculation, elle reste tout de même difficile à gérer et très peu transparente. C'est le genre d'opération que l'on ne voit pas en Europe.
 
 
Philippine ARNAL, JDN
 
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