La révolution du ".fr" est en marche. L'Afnic
(l'Association française pour le nommage Internet en coopération)
s'apprête à engager la déréglementation de l'enregistrement
des noms de domaine en ".fr" (suffixe Internet correspondant
à la France), mais aussi du ".re", le suffixe de l'Île de la Réunion.
Première étape de cette déréglementation :
à partir du 11 mai prochain, toutes les personnes morales, ainsi que certaines personnes physiques (artisans, travailleurs indépendants,
particuliers détenteurs de marques...), pourront enregistrer
leurs noms de domaine en ".fr". Seule condition à respecter : ces personnes doivent être identifiées sur les bases de données
publiques en ligne du Conseil national des greffes, de l'INPI
(Institut national de la propriété industrielle)
et de l'Insee (Institut national de la statistique et des
études économiques).
Jusqu'ici, l'enregistrement des noms de domaine était garanti via le contrôle
en temps réel effectué par l'Afnic sur les informations juridiques de l'entreprise
dépositaire (K-bis). "Cette vérification était
devenue un frein au développement du .fr", explique
Jean-Yves Babonneau, directeur général de l'Afnic.
L'assouplissement du 11 mai garantit toujours l'identification
des personnes : le nom de domaine déposé sera confronté
pour validation à l'identité du dépositaire
à partir des bases publiques en ligne. Le ".fr" ne sera donc attribué qu'à des entités
ou à des personnes ayant une existence légale dans l'Hexagone.
"Mais cet assouplissement nous permet d'automatiser le système de dépôt, poursuit Jean-Yves Babonneau. Les noms de domaine en .fr seront enregistrés automatiquement.
Nous les vérifierons ensuite."
L'annonce
de cette petite révolution, qui élargit au passage le nombre de prétendants au ".fr", a déjà fait son effet. "Depuis
l'annonce de l'assouplissement, le volume des demandes
d'enregistrement en .fr est passé de
600 à 700 par jour, contre une moyenne de 115 l'année dernière",
annonce Jean-Yves Babonneau. Un rythme de croissance qui devrait redonner quelques couleurs au ".fr" qui ne comptait, en janvier dernier, que 177 018 noms de domaine enregistrés contre plus de 30 millions de ".com". En Allemagne, où la même déréglementation s'est déroulée l'année dernière, le nombre de ".de" est passé de 500 000 à près de 7 millions en quelques mois.
En toute logique, le boom engendré par cette future déréglementation du ".fr" est déjà perceptible chez les "registrars", ces prestataires spécialisés dans la gestion des noms de domaine pour les entreprises et les marques. "Depuis l'annonce de l'assouplissement du .fr, nous avons
enregistré plusieurs milliers de demandes de noms de
domaine", explique ainsi Pierre Berecz, directeur
associé du registrar Indomco.
"Coup d'envoi : le 11 mai, à 9h" |
Même phénomène au Relais Internet, un registrar détenu par Wanadoo qui revendique 45.000 clients, principalement des
PME-PMI. "Certains clients ont enregistré plus d'une
centaine de noms de domaine, explique un porte-parole, notamment pour se préserver de la dérégulation
en protégeant leur marque." Chez
Amen, un autre registrar, la croissance est également au rendez-vous : "Nous
avons enregistré en moyenne 500 commandes de noms de
domaine en .fr depuis l'annonce de la déréglementation, explique le fondateur, Patrick Chassany. Mais environ 10 % de ces demandes seront rejettées."
A l'origine de cet afflux, se trouvent essentiellement des professionnels, en particulier des enseignes
qui veulent protéger leurs marques, les noms de leurs
produits, ou plus largement un territoire de marques (location
de voitures...). Pour attirer cette clientèle, les promotions se
multiplient chez les registrars. Indomco propose des pré-réservations
en fomule non payante pour ses clients actifs, puis facturées
69 euros HT une fois l'enregistrement réalisé. Le Relai Internet
a lancé de son côté une offre promotionnelle (29 euros HT par an)
depuis deux semaines et valable jusqu'au 9 mai. Amen propose
pour sa part un pack noms de domaine, adresses e-mail et hébergement
à 18 euros jusqu'à la fin du mois.
Pour faire face à l'afflux prévisible des enregistrements, les registrars ont, dans certains cas, installé un
dispositif robotisé permettant de gérer les demandes et de les transmettre automatiquement à
l'Afnic. Chez Indomco apr exemple, un robot enverra le 11 mai, dès 9 heures, 30 noms de domaine par seconde.
Du côté de
l'Afnic, les demandes avec contrôle du K-bis seront
enregistrées jusqu'au 6 mai. Dès le 11, la déréglementation
du .fr sera effective. Les demandes seront alors traitées
par ordre alphabétique les trois premiers jours. Sept
machines en parallèle permettront de traiter 50 demandes
d'enregistrement par minute. Ce n'est qu'ensuite que les
noms de domaine seront validés. Prochaine étape de cette dérégulation :
dès 2005, avec l'ouverture du ".fr" aux personnes physiques.
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