ENTREPRISES
Egg France arrête ses activités
La banque en ligne d'origine britannique se retire du marché français après deux années de pertes. Egg France compte 450 salariés et 130.000 clients.   (15/07/2004)
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Dossier Egg : de Zebank à "Ze end"

Idée reçue n°1 : une réussite outre-Manche est aisément exportable en France. C'est l'amer constat qu'a fait la banque en ligne britannique Egg qui a annoncé son retrait du marché français, après deux années de présence qui ont plombé les comptes de l'ensemble du groupe. La fermeture de la filiale française de la banque sur Internet britannique doit permettre à Prudential, la maison-mère de Egg, de revendre plus facilement ses parts de la banque en ligne qu'elle détient à hauteur de 79 %.

En 2002, Egg rachetait la banque en ligne française Zebank à ses fondateurs, le PDG de LVMH Bernard Arnault et la banque franco-belge Dexia, pour 5,5 millions d'euros. Depuis, Egg n'a pas réussi à tirer profit de ses activités dans l'Hexagone. Pire, les pertes de la filiale française de la banque en ligne britannique ont déséquillibré les comptes de l'ensemble du groupe, par ailleurs rentable en Grande-Bretagne. Entre 2002 et 2003, les pertes avant impôts se sont ainsi envolées de 107 %. Face à ces mauvais chiffres, Egg est contraint d'admettre l'échec. En octobre dernier, le groupe annonce qu'il recherche un partenaire financier pour le développement de sa filiale française, plus coûteux que prévu.

Les comités d'entreprise se sont succédés depuis lors à un rythme effréné. "La direction britannique changeait en permanence de discours pour gagner du temps et entraver l'action du CE. Un coup, on nous expliquait qu'il y avait finalement un repreneur de dernière minute. Une autre fois, la direction nous indiquait qu'aucune décision n'avait été prise", confie l'un des représentants du personnel. Au final, Prudential a coupé court aux derniers espoirs des salariés, estimant que les discussions avec d'éventuels repreneurs n'aboutissaient pas. "C'était un pari trop risqué pour les investisseurs, estime Sébastien Rohart, directeur général adjoint de Egg france. L'enjeu financier représente des millions d'euros, sur une durée à moyen terme de trois à cinq ans."

La fermeture de la branche française de Egg était en fait chose acquise depuis plusieurs mois. La recherche d'un partenaire stratégique a de fait été interrompue en janvier dernier, lorsque Prudential a annoncé la mise en vente de sa participation de 79 %. La décision définitive de se retirer du marché français n'est cependant intervenue que dans la nuit de lundi à mardi derniers. "On ne s'attendait pas à une fin aussi brutale, confie le directeur adjoint d'Egg France en charge des opérations à Tours. C'est une grosse déception pour l'ensemble des collaborateurs."

Une enveloppe de 170 millions d'euros allouée pour le plan social

Au-delà de la déception, c'est un sentiment d'inquiétude qui gagne aujourd'hui les employés de la filiale française de la banque en ligne. "L'annonce de la fermeture tombe juste au début des vacances, lance un salarié. A la rentrée, tout le monde aura oublié, la page sera tournée, sauf pour nous." Nous, ce sont les 450 employés implantés à Tours, dont une grande partie a quitté la région parisienne en 2002 pour suivre la délocalisation de la banque en Indre-et-Loire.

Pour mener cette fermeture, uUne enveloppe budgétaire de 170 millions d'euros a été allouée dans un premier temps par la direction britannique. La somme, qui comprend les coûts sociaux ainsi que les coûts opérationnels, devrait évoluer en fonction des négociations avec le comité d'entreprise français. Celles-ci doivent débuter la semaine prochaine. La direction promet des reclassements. "Les jeunes salariés diplômés en technologies de l'Internet devraient se voir proposer des postes en Grande-Bretagne, explique Sébastien Rohart. Pour les autres, nous sommes ouverts à tout accord avec d'autres sociétés."

Restera alors un ultime point à régler : l'avenir des 130.000 clients actuels d'Egg France. "Ils seront tous contactés individuellement, assure Sébastien Rohart. Un préavis de trois mois leur sera accordé pour fermer leur compte et faire transférer leur solde vers une autre banque, sans aucun frais". La transition ne devrait pas poser trop de problèmes, estime le directeur général adjoint, car "la grande majorité des clients de Egg est déjà affiliée à une autre banque". Pour autant, l'arrêt définitif des activités de la filiale française ne devrait pas intervenir avant 18 mois. Le produit le plus long à retirer du marché est la fameuse carte Egg, les contrats ne pouvant être fermés qu'à échéance. "Les activités financières seront maintenues jusqu'au remboursement total des divers prêts", explique Sébastien Rohart.

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Dans un communiqué, Prudential maintient son intention de vendre sa part du capital du groupe Egg. MBNA et Capital One, des sociétés américaines de cartes de crédit, sont les deux favoris en lice pour l'acquisition de la banque en ligne. La maison-mère de Egg n'a pas communiqué davantage sur l'annonce de la fermeture de ses activités dans l'Hexagone. Elle est pourtant pointée du doigt. D'après nos informations, une expertise comptable commandée par le CE français de Egg, et présentée en interne le 23 juin dernier, accable directement la direction britannique. Selon ce document, l'erreur stratégique du groupe aura été de vouloir "plaquer" tel quel le modèle britannique de la banque en ligne, sans avoir pris en compte les spécificités du marché français, et notamment le pouvoir défensif des banques nationales.

 
 
Rédaction JDN
 
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