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Lutte anti-piraterie : la charte signée sur la scène de l'Olympia
La signature de la charte a réuni la grande majorité des acteurs de la filière musicale, les FAI et des distributeurs. Au nom du développement de l'offre légale de téléchargements, et de la lutte contre la piraterie P2P.   (29/07/2004)
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Le processus est lancé. A la mi-juillet, le gouvernement avait donné un coup d'accélérateur au dossier du piratage musical en ligne lors de la réunion de concertation entre les professionnels du disque et les fournisseurs d'accès (cf article du 16/07/2004). Finalement, après moulte discussions jusque tard dans la nuit, au matin du 28 juillet, la charte a été signée à l'Olympia sous l'égide de Nicolas Sarkozy, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.

Les signataires de la charte anti-piraterie composent l'ensemble de la filière musicale : des auteurs et compositeurs via l'Unac (Union nationale des auteurs et compositeurs), le Snac (Syndicat national des auteurs et compositeurs) et la SEAM (Société des éditeurs et auteurs de musique), aux éditeurs et producteurs via le Snep (Syndicat national de l'édition phonographique), l'UPFI (Union des producteurs phonographiques indépendants), la SCPP (Société civile des producteurs phonographiques), la SPPF (Société civile des producteurs de phonogrammes en France), la Sacem, la CSDEM (Chambre syndicale de l'édition musicale) et la CEMF (Chambre syndicale des éditeurs de musique en France). L'Adami n'a pas pris part aux négociations.

Les FAI, au centre de la problématique du téléchargement, étaient présents eux aussi via l'AFA (Association des fournisseurs d'accès et de services Internet), Tiscali, Wanadoo, Noos, SFR-Cégétel et Free.

Dernier secteur représenté, les distributeurs. On a ainsi remarqué la présence de François Momboisse, signataire de la charte, président de la Fevad (Fédération des entreprises de vente à distance) et directeur général de Digifnac. L'objectif de la charte, en termes de production musicale, est de doubler le volume des titres disponibles sur les pateformes légales de téléchargement d'ici à la fin de l'année (ils passeraient de 300.000 à 600.000). "La Fnac a exercé une forte pression dans le cadre des négociations pour la charte définitive, a fait remarquer le président du Snep. Mais il n'est pas concevable de brader le prix du titre, quel que soit le distributeur légal."

Pas étonnant donc qu'au niveau gouvernemental, les représentants politiques correspondant aux différentes parties prenantes soient tous impliqués sur le dossier. Au rendez-vous, trois ministres : Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la culture et de la communication, Patrick Devedjian, ministre délégué à l'industrie, tous deux placés sous le patronnage de Nicolas Sarkozy.

Chacun des ministères avait clairement son mot à dire : "Les termes du texte ont été revus et corrigés pour arriver à la définition finale du contenu de la charte. L'ambiance est restée pesante jusqu'à la fin des négociations", explique Gilles Bressand, président du Snep.

Le document se présente comme une somme d'"engagements pour le développement de l'offre légale de musique en ligne, le respect de la propriété intellectuelle et la lutte contre la piraterie numérique". Le constat de base est sans ambiguité : la charte reconnaît l'intérêt du développement de l'économie numérique et du haut débit pour la création artistique et les consommateurs.

D'ou la nécessité de parvenir à un accord de grande envergure, engageant l'ensemble des protagonistes de la filière musicale. "La charte constitue une première étape dans le développement de l'offre légale de téléchargement de musique en ligne", a commenté Marie-Christine Levet, présidente de l'AFA.

Les FAI s'engagent à mener, pour leur part, une campagne de communication auprès de leurs abonnés et à cesser de jouer sur la corde du téléchargement musical pour vanter les mérites du haut débit. Dernier point, et non des moindres : ils s'engagent à résilier un contrat d'abonnement en cas de téléchargement pirate avéré.

Mais sur le plan technique et juridique, les FAI n'ont au final qu'une obligation d'information à destination de leur clientèle, via un "processus automatisé (...) prévoyant d'adresser un message personnalisé à tout abonné offrant ou téléchargeant illégalement des fichiers protégés", précise la charte. "Pour pouvoir alerter nos abonnés, ce sont les ayants-droits eux-mêmes qui nous communiqueront trois informations : une adresse IP, une date et une heure", a indiqué Hervé Simonin, directeur général de Tiscali France. Les FAI ne pratiquent ainsi pas de délation et suivent, en quelques sorte, une obligation juridique morale, dans le cadre du respect du reversement des droits d'auteurs aux ayants-droits. Et c'est le juge, et lui seul, qui pourra statuer sur les éléments probants, dans le respect de la "loi informatique et liberté".

Les FAI informent,
c'est le juge

qui condamne

Des messages électroniques informatifs tels que prévus dans la charte ont déjà été testés par certains fournisseurs d'accès en France, comme Noos, Club-Internet ou AOL. "Mais la loi informatique et libertés restait un frein à ce niveau", ajoute Hervé Simonin.

Reste que la refonte de cette même loi a déjà été engagée (cf article du 20/07/2004). Les modifications introduites, si elle sont validées par le Conseil Constitutionnel, permettraient à la Cnil d'avoir accès aux fichiers sensibles du secteur privé et aux FAI de résilier plus facilement les abonnements.

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Enfin, sur la question du filtrage des réseaux peer-to-peer, les mesures engagent tous les protagonistes de concert avec les pouvoirs publics. Rappelons que le Snep avait commandité auprès de Capgemini une étude de faisabilité pour une solution de filtrage permettant de bloquer les échanges illégaux de données sur les réseaux P2P (cf article du 22/07/2004).

Un filtrage qui se présente sous forme de contrôle parental, avec déclaration volontaire des internautes, et que les experts mobilisés pourraient activer dans le cadre d'une phase de test, avec l'aide des FAI. "Les modalités et le calendrier concernant le filtrage doivent être précisés dans les semaines à venir", explique Hervé Simonin, directeur général de Tiscali France. Les différents signataires de la charte prévoient de se réunir tous les deux mois pour observer les avancements du dossier.

La réaction de l'UFC-Que Choisir
L'association de défense des consommateurs réfute les fondements mêmes de la charte, sous-tendue par l'idée que le peer-to-peer serait la cause essentielle de la crise du disque. Elle condamne le mouvement de répression qu'est supposé engendrer le texte. "Il est profondément regrettable que l'occasion ait été manquée d'amorcer enfin une réflexion sur la possible légalisation du P2P assortie d'une juste rémunération des ayants droit. Au lieu de cela, seuls des intérêts catégoriels sont préservés, au mépris des potentialités qu'offrent les nouvelles technologies à l'universalité des consommateurs", soutient Alain Bazot, président de l'UFC-Que Choisir.
 
 
Sophie FIEVEE-BALAT, JDN
 
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